Ils ont soutenu Tebboune, à contre-courant des revendications de la Kabylie

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Le 29 août 2024, Malika Matoub, sœur du chanteur et militant kabyle Lounès Matoub, s’est rendue à la permanence d’Abdelmadjid Tebboune à Tizi Ouzou pour afficher publiquement son soutien au président algérien. Accompagnée de son fils Assirem, président de la Fondation Matoub Lounès, Malika est apparue sous des portraits géants de Tebboune. Quelques jours plus tard, elle a renforcé son appui en participant à un rassemblement en faveur du chef de l’État à Alger, à la Coupole. Aux côtés de figures comme Ould Ali Lhadi et Achour Cheloul, ancien président démissionnaire de la JSK, tous deux connus pour leur proximité avec le régime. La position de feu Lounes a suscité de vives réactions en Kabylie.

Dans une vidéo enregistrée lors du rassemblement à la Coupole, Malika s’est exprimée en arabe, affirmant que le vote est « un devoir et un droit pour chaque citoyen algérien », et appelant à soutenir une Algérie « une et indivisible » en évoquant le slogan « Khawa Khawa ». Ces déclarations, ainsi que son alignement avec Tebboune, ont été perçus par beaucoup comme une trahison des idéaux de son frère, Lounès Matoub, assassiné pour son engagement contre le régime.

Dans ce contexte, des personnages comme le chanteur Younes Boudaoud ou le chroniqueur Mustapha Mazouzi ont également pris la défense de Malika et appelé à voter, en utilisant un discours de réconciliation avec le pouvoir. Boudaoud a affirmé : « Le boycott nous a menés à la mort », et a appelé à « changer de cap ». « Tebboune n’est pas un ennemi, il est le président de l’Algérie » a-t-il osé, tandis que Mazouzi, connu pour ses relations d’intérêt avec le régime, a mené une campagne contre le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), soutenant Tebboune. 

Taous, interprète de la célèbre chanson Lvavur, s’est rendue à un meeting électoral à Paris pour soutenir le candidat du régime. Celle qui avait fait campagne contre le vote en 2019 avec son single Ulac Lvot et soutenu Ferhat Mehenni en 2017, a aujourd’hui pris un virage surprenant. Lors de ce rassemblement, elle a nommé Tebboune « Dadda Tebboune » et prétendu que « toute la Kabylie le soutient ». Face aux critiques, elle a répondu sur les réseaux sociaux : « Ne pas voter, c’est épouser les idées séparatistes et diaboliques », un commentaire qui a indigné les Kabyles, surtout au regard du faible taux de participation électorale en Kabylie et des tragédies récentes, y compris les incendies meurtriers et les détenus politiques.

Takfarinas, célèbre chanteur kabyle, était également présent lors du meeting populaire organisé à l’occasion de la visite de Tebboune à Tizi Ouzou. Bien qu’il ne se soit pas exprimé, une photo de lui dans la salle a circulé sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas la première fois que Takfarinas se retrouve associé à une initiative du pouvoir algérien. En juin 2023, il avait participé à une rencontre avec Tebboune à l’occasion de la Journée de l’Artiste.

Finalement, peu de kabyles connus ont exprimé, d’une façon ou d’une autre, leur soutien à Tebboune. L’écrasante majorité, s’ils n’ont pas appelé au boycott, ont fait de ces élections un non-évènement.