« Dialogue inclusif » de Tebboune : voici ce qu’en pense la classe politique Kabyle

,

Lors de la cérémonie d’investiture pour son second mandat, tenue le 17 septembre au Club des Pins à Alger, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé son intention de lancer un « dialogue national ouvert et inclusif » à toutes les « forces vives » du pays pour instaurer une « véritable démocratie ».

En réponse à cette déclaration, plusieurs opposants, notamment kabyles, ont exigé la libération des prisonniers politiques et l’abrogation des lois liberticides comme préalables indispensables à tout dialogue. D’autre, demeurent dubitatifs face à cette démarche.

Atmane Mazouz a déclaré au micro de BRTV : « Il faudrait qu’Abdelmadjid Tebboune prenne des mesures d’apaisement, notamment en libérant les détenus politiques et d’opinion. » Il a également souligné l’importance d’ouvrir le champ « politique et médiatique« .

Son prédécesseur à la tête du RCD, Mohcine Belabbes, a réagi en affirmant que « la libération immédiate des détenus d’opinion est une condition essentielle à la crédibilité du processus », qu’il considère comme une « condition d’un dialogue réellement inclusif ».

Youcef Aouchiche, 1er secrétaire du FFS et qui a pris le surnom de « lièvre kabyle » depuis qu’il a participé aux élections présidentielles algériennes de 2024, a communiqué sur les préalables de la réussite de ce dialogue : « accorder  une grâce présidentielle aux détenus d’opinion et aux prisonniers politiques […] et l’abolition de l’article 87 bis du code pénal ». A rappeler que le FFS avait pris part aux dernières élections présidentielles algériennes sans que les conditions de participation qu’il avait émises ne soit respectées.

De son côté, l’avocat et militant des droits humains Arezki Aït Larbi a insisté sur le fait que la « libération des prisonniers politiques, le respect de l’État de droit, des droits de l’Homme et des libertés citoyennes, ainsi que l’abrogation de toutes les lois liberticides » sont des conditions essentielles pour que l’appel de Tebboune soit « crédible ».

Achour Boufetta, enseignant de français et auteur, a écrit que « Tebboune devrait libérer tous les détenus d’opinion, faire son mea-culpa et abroger l’article 87 bis qui qualifie de terroriste tout opposant, à cause duquel des militants ont fait l’objet de condamnations à mort ». Pour lui, ces mesures sont nécessaires si l’appel au dialogue se veut sincère.

Cependant, d’autres opposants restent sceptiques. Ils rappellent la « main tendue » déjà annoncée par Tebboune lors de son premier mandat, qui n’avait pas abouti à des mesures concrètes. Ali Ait Djoudi, président de l’ONG Riposte internationale, a souligné que « après en avoir fait la promesse en 2022, sans jamais l’avoir honorée, Tebboune récidive avec cette nouvelle « main tendue« ».

« Ça ne sera qu’un dialogue de dupes », a exprimé Ahmed Badaoui, militant politique. Il a ajouté que si le pouvoir avait réellement des « intentions sérieuses« , le processus électoral aurait été « différé, reporté ou annulé  » pour aller en premier lieu, à un « véritable dialogue« .

Le chroniqueur Mohamed Bakir, quant à lui, ne semble pas y croire : « Le seul dialogue qui vaille est celui que nous serons capable d’initier entre nous au sein même de la société« , a-t-il affirmé.

 »’Maintenant qu’il a tout liquidé, laminé et éteint toute vie politique et civique authentique, il appelle à un dialogue national alors qu’il a déjà choisi ses interlocuteurs; son opposition.  » a martelé Saïd salhi, militant politique et ancien président de la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme, exilé en Belgique, a propos de l’initiative Abdelmadjid Tebboune

L’avocat Salah Dabouz, ancien président de la ligue algérienne des droits de l’homme, mozabite et ami de la Kabylie, a quant à lui défié le Président algérien en déclarant : « Si le régime algérien prétend aujourd’hui lancer le dialogue ouvert, qu’il dialogue avec Ferhat Mehenni ! »

A rappeler enfin qu’avant même cette annonce de Tebboune, le Congrès Mondial Amazigh a appelé le Président algérien à un dialogue avec les représentants Kabyles.