« Antigone », c’est un personnage mythique d’une pièce de Sophocle, dans la Grèce antique, mais c’est également le titre d’un film québécois réalisé par Sophie Deraspe en 2019. Sorti le mercredi 2 septembre 2020 en France, le film a connu un véritable succès au Québec et au Canada. Celui-ci a notamment décroché le prix du meilleur film canadien lors du Festival international du film de Toronto.
Egalement élu cette semaine « meilleur film selon la presse » en France, ce film raconte l’histoire tragique d’une famille Kabyle émigrée au Québec. La belle, frêle et rebelle Antigone, personnage principal du film, est joué par Nahéma Ricci. Celle-ci a deux frères (Étéocle et Polynice) ainsi qu’une sœur (Ismène) et une grand-mère (Ménécée) jouée par la talentueuse Rachida Oussaada. Les parents d’Antigone ayant été tués en Kabylie, la famille s’est alors réfugiée au Québec.
Sur fond de questions d’intégration, de délinquance et d’acharnement policier ce film est poignant. En tant que Kabyles, nous pouvons saluer la réalisatrice Sophie Deraspe pour ses références pointilleuses : on peut y écouter des dialogues en langue kabyle et de la musique de Idir, on peut y voir des robes kabyles ainsi que le drapeau kabyle.
Sans parler de cette jeune Kabyle, Antigone, attachante pour son fort caractère et son esprit de famille, prête à tout pour sauver son frère de de l’extradition : « c’est mon cœur qui m’a dit », répond la jeune fille à la juge qui ne comprenait pas pourquoi elle a enfreint la loi pour sauver son frère. La légitimité face à la légalité, la loi du cœur face à celle des hommes, la famille face à la citoyenneté. Autant de dilemmes soulevés par cette tragédie familiale.
Nous reviendrons prochainement sur ce film très réussi, que nous recommandons à nos lecteurs, notamment ceux qui sont en France où il passe au cinéma en ce moment.