75 % des députés de l’assemblée populaire algérienne ont voté « Oui » à la levée de l’immunité parlementaire de Mohcine Belabbas mardi 20 octobre lors d’une session plénière à huit clos. Voici donc la raison :
En 2018, un ouvrier marocain est décédé au niveau du chantier de construction d’une maison du leader du RCD à Djenane Sfari, du côté de Birkhadem dans la capitale algérienne. Il a été signalé par un appel anonyme, ce qui rendait donc l’affaire suspecte selon plusieurs médias.
Le 25 juin dernier, le président du RCD a déclaré lors d’une émission diffusée sur les ondes de Radio M avoir été convoqué par la gendarmerie algérienne tout en affirmant ignorer le motif. Cette annonce a fait polémique et plusieurs figures politiques ont réagi. Cela a poussé le parquet d’Alger à publier un communiqué le 28 juin dernier afin d’éclaircir les choses.
« Il s’agit du décès d’une personne étrangère qui travaillait dans un chantier de construction d’un logement privé appartenant au susnommé « Mohcine Belabbes » qu’il n’a pas signalé », a déclaré le bureau du procureur. Et de préciser : « les investigations ont montré que l’ouvrier décédé n’avait pas de permis de travail légal en Algérie et que la construction, elle-même, a été édifiée sans respect des normes urbanistiques ».
Suite à quoi, Belkacem Zeghmati, ministre de la justice algérienne a adressé une requête à la commission des affaires juridiques et administratives et des libertés de l’APN pour la levée de l’immunité parlementaire de Mohcine Belabbas.
Réaction de Mohcine Belabbas
Convoqué par la commission des affaires juridiques de l’APN pour la procédure de levée de son immunité parlementaire, le président du RCD a refusé de se présenter.
« Je ne me présente pas à l’APN, mais si le tribunal me convoque, j’irai sans problème. Et il doit me convoquer pour aller me défendre, parce qu’ils ont essayé de salir mon image à travers des déclarations et ont même livré des détails de l’affaire. Il y a clairement une violation du secret de l’instruction et une atteinte à la présomption d’innocence », a dénoncé Mohcine Belabbas dans une émission diffusée par berbère télévision, confirmant ainsi que c’est bien cette affaire de décès d’un ouvrier sur son chantier qui est à l’origine de cette procédure de levée de l’immunité.
Selon le leader du RCD, il serait même accusé de meurtre. « Ils ont dit que j’ai tué, que je me suis tu exprès… Tout cela participe d’une stratégie visant à salir mon image et partant le RCD, parce qu’ils ont paniqué en voyant des jeunes rejoindre notre parti dans plusieurs régions du pays dans le sillage du hirak » accusait-il.
En somme, une affaire de droit commun mais qui, selon Mohcine Bellabas, a été instrumentalisée pour salir l’homme politique qu’il est. L’autre question est de savoir pourquoi 75% des députés algériens ont voté en faveur de cette levée de l’immunité parlementaire. Et de savoir également si la justice algérienne aurait pu attendre la fin du mandat parlementaire de Mohcine Bellabas avant de le convoquer au sujet de cette affaire.