Retour sur l’inhumation de Nna Aldjia, la mère de Lounes Matoub, à Tawrirt n Mussa Weɛmar

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Les obsèques de Nna Aldjia ont eu lieu, le 08 novembre, dans la maison familiale à Tawrirt n Moussa (At Dwala {Béni Douala}). Dans un climat de deuil et de compassion, une foule nombreuse a tenu à rendre un dernier hommage à la mère de Matoub Lounes.

Même si l’arrivée de la dépouille a été annoncée pour 15h à l’aéroport d’Alger, les premières personnes ont commencé à arriver dès 09h à Tawrirt n Musa. Les lieux se sont remplis en quelques heures seulement et tous se sont naturellement recueillis sur la tombe du rebelle. Les alentours de la maison, le primaire situé à coté de la maison ainsi que les routes à proximité étaient saturés. Des voitures par centaines, immatriculées de différentes wilayas de Kabylie et d’Alger, ont bloqué la route manant à la demeure, obligeant les organisateurs à interdire l’accès au village aux véhicules. A noter la présence de plusieurs véhicules de la protection civile et d’ambulances. 

Un protocole de protection contre la Covid-19 a été mis en place par les organisateurs. Une distribution de masques et de gel hydroalcoolique s’est faite plusieurs fois dans la journée. Des petites bouteilles d’eau et de boissons gazeuses, offertes par l’entreprise Ifri, ont été mises à la disposition des visiteurs.

Parmi cette foule compacte, on peut distinguer plusieurs visages connus, des militants, des artistes et politiques notamment, Nna Nouara, fidèle à son amitié avec Nna Aldjia, malgré son âge et son état de santé, a été parmi les premiers arrivés sur les lieux. Sa fille, Kamira Nait Sid, présidente du CMA, a également répondu présente. Le journaliste Mourad At Mimou, la talentueuse Lifa Hennad, le grand chanteur Hacene Ahres, le poète Slimane Belharet, la militante indépendantiste Mira Mokhnache étaient au RDV également.

Ce n’est qu’aux environs de 18h30 que le cercueil de la défunte est arrivé au village. Accompagné de sa fille Malika et ses deux enfants, Assirem et Lanha, la veuve du rebelle Nadia ainsi que Soraya Matoub, la jeune femme qui a accompagné Nna Aldjia depuis plus de 10 ans. Le corps a été tout de suite dirigé vers la sépulture de Lounes. La tombe du Rebelle et le cercueil de Nna Aldjia étaient côté à côté durant quelques minutes d’une émotion partagée par tous. Le cercueil a été descendu vers l’intérieur de la cour de la maison, où elle a été enterrée.

Vêtus de combinaisons blanches, masques et gants, une dizaine de personnes ont porté le cercueil jusqu’à la cour en traversant l’immense foule qui a voulu à tout prix l’atteindre.  Des drapeaux kabyles, Amazigh et des posters du rebelle ont été bardits par dizaines dans une ambiance électrique. Ainsi, des cris et des slogans n’ont pas cessé de fuser : « ass-a, azekka, Matoub yella yella », « Ass-a, azekka, l’enquête tella tella », « Ulac smah Ulac » ou encore « Pouvoir assassin » ont retentis dans les cieux d’At Dwala. Sans attendre, le cercueil a été mis dans la tombe qui a été creusée dans le petit jardin à droite de l’entrée du siège de la fondation.

L’un des moments qui ont ponctué cette journée, c’est sans doute cet instant où la célèbre chanson de Matoub Lounes « Ad nemmet ak ad yegri llah » a été chantée en chœur au moment de l’enterrement. Un moment chargé d’émotion mais aussi de révolte en souvenir de la disparition de Lounes, il y a déjà 22 ans. Les membres de la famille Matoub se sont effondrés en larme à cet instant. L’inhumation a été suivie d’un éclat de youyous qui a fait vibrer la cour et les cœurs des présents.

Main dans la main, l’une à côté de l’autre, Malika et Nadia Matoub ont dit un dernier adieu à leur mère et belle mère. Après l’enterrement, Malika a pris la parole afin d’exprimer sa douleur, mais aussi, pour remercier tous ceux qui l’ont partagée avec elle. La journée a pris fin par une veillée de chants spirituels.