Après le tollé suscité par les révélations de l’étudiant Walid Nekiche, sur sa présumée « agression sexuelle », « physique » et « verbale » par les services de sécurité algériens lors de sa garde à vue, la justice algérienne a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire.
En effet, selon un communiqué diffusé ce dimanche 7 février 2021 via l’agence algérienne de presse APS, le parquet général près la Cour d’Alger a ordonné au procureur près le tribunal de Bir Mourad Raïs d’instruire une enquête préliminaire sur les faits avancés par le citoyen Walid Nekiche et chargé la police judiciaire compétente de cette mission.
« Conformément aux dispositions de l’article 11 du code de procédure pénal, le parquet général près la Cour d’Alger, après avoir pris connaissance d’un exposé des faits présentés par Monsieur le procureur de la République adjoint, représentant du parquet général à l’audience du tribunal criminel dans le procès du nommé Nekiche Walid, tenue au siège du tribunal de Dar El Beida (Alger) en date du 2 février 2021, et après avoir compulsé l’attestation dressée par le greffier de l’audience concernant le déroulement du procès. Attendu qu’il ressort des deux documents suscités que l’accusé Nekiche a déclaré lors de son procès, en réponse à une question qui lui a été adressée par sa défense, avoir été victime durant sa garde à vue de violences et d’agressions sexuelles de la part des éléments de la police judiciaire en charge de l’enquête préliminaire », indique le communiqué du parquet.
Ainsi, poursuit le même communiqué, « au vu des réactions et commentaires relayés par les différents titres de presse et provoquées par ces déclarations, ainsi que la remise en doute et les interrogations suscitées auprès des parties qui s’intéressent à l’action judiciaire, notamment concernant le respect de la liberté et de la dignité des citoyens suspects placés en garde à vue, et dans le but d’établir la vérité sur ce qui serait passé dans l’affaire du citoyen Walid Nekiche, le parquet général près la cour d’Alger a ordonné en date du 07-02-2021, sur la base des informations en sa possession et des pièces en rapport avec l’affaire du concerné, à Monsieur le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Rais de diligenter une instruction préliminaire sur les faits avancés par le concerné et chargé la police judiciaire compétente de cette mission ».
Les révélations de Walid Nekiche, originaire de M’kira en Kabylie, ont été largement reprises dans la presse internationale, notamment française.
Arrêté le 26 novembre 2019 lors d’une marche des étudiants dans le cadre du mouvement populaire « Hirak », Walid Nekiche a passé plusieurs jours en garde à vue entre un commissariat de Bab El Oued et une caserne des services de sécurité algériens appelée « Caserne Antar » à Alger, où il a subi des violences, a-t-il révélé lors de son procès tenu lundi dernier au tribunal de Dar El Beida (Est d’Alger).
Le procureur du même tribunal avait requis la réclusion à perpétuité contre l’étudiant, qui était poursuivi pour « complot contre l’État », « atteinte à l’intégrité du territoire national » et « incitation de la population à prendre les armes ». Il était également accusé d’appartenir au Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK).
Mais le verdict final a été la condamnation de Walid Nekiche à six mois de prison ferme après avoir passé 14 mois en détention provisoire à la prison d’El Harrach (Alger). Il a quitté la prison mardi dernier à l’issue de son procès qui a duré plusieurs heures.
Bien que le jeune étudiant ait fait ses révélation sur la torture qu’il a subi lors de son procès qui s’est tenu le 1er février, toutefois, ce n’est qu’aujourd’hui que la justice algérienne a décidé de réagir. Elle agit ainsi sous la contrainte suite au tollé médiatique qu’a suscité cette affaire.
En effet, plusieurs médias français et africains ont repris l’information, dont notamment Le Monde, Jeune Afrique ou encore la chaîne d’information France 24.