« Une politique responsable doit veiller à la prospérité des imbéciles puisque ces derniers ont ceci de commun avec les éponges qu’ils adhèrent à des idées vagues, utopies sans base expérimentale ni fondement rationnel. L’entretien de la sottise publique serait donc un devoir d’État. » Régis Debray, un été avec Paul Valery.
L’Etat algérien, comme tous les États, a compris cela. Il a abruti son peuple avec l’école, la mosquée, le foot .. et autres drogues. Mais notre souci à nous est bien sûr la Kabylie. Exposée à tous les fléaux lui venant de l’extérieur, elle tente de résister vaille que vaille avec toujours le même courage et les mêmes moyens archaïques, pendant que l’islamisme rampant la pénétre chaque jour d’avantage.
Pour faire face à ce fléau, il est de notre devoir de créer un monde alternatif à la religion islamique. Un monde de fables et de mythes plus séduisant. Nous devons savoir gérer, nous aussi, grâce à nos poètes, héros, démagogues et nouveaux prêtres, le vide et les Choses Vagues. « Aucune société ne pourrait, dit Paul Valery, supporter une notion nette de ses conditions d’existence et sortir de l’approximation lui serait rapidement fatal ». Il poursuit : « Que serions-nous donc sans le secours de ce qui n’existe pas ? Peu de chose, et nos esprits languiraient si les fables, les méprises, les abstractions, les croyances et les monstres, les hypothèses et les prétendus problèmes de la métaphysique ne peuplaient d’êtres et d’images sans objets nos profondeurs et nos ténèbres naturelles. » – La Civilisation, selon Debray, est à la fois un mensonge nécessaire et une obligation de vérité.
Pour l’heure, la société kabyle n’a pas besoin de Goethe, car selon R. Debray, « l’esprit de Goethe qui toujours nie, est un mauvais esprit, un démobilisateur public, dont la mission consiste à tourner en dérision les immémoriales fumisteries qui nous permettent de tenir debout, dans une société organisée. » – l’esprit de Goethe est valable dans une société forte et aboutie.
Notre société kabyle, sur la défensive, a besoin pour l’heure d’une nouvelle spiritualité, de nouveaux architectes sachant « construire de vapeurs des édifices qui ne sont certes pas solides, mais en revanche, éternels.
Il serait dérisoire d’opposer l’athéisme scientifique à l’Islam. Les Kabyles, pour l’heure, perdus dans le désert civilisationnel, ont plus besoin de sauver leurs âmes que leur culture. Et pour les sauver des mirages de ce désert qui les menace, nous devons leur offrir une vraie oasis, c’est-à-dire une bonne spiritualité, capable non pas d’affronter l’Islam, mais de le démoder.
Les grandes idéologies et les grands dogmes ont compris une chose très importante, selon R. Debray, « le rôle structurant des idées creuses comme, entre autres, le Royaume de Dieu, la Société sans classes, l’Égalité des chances ou la Paix dans le monde. »
Offrons au Kabyle un monde neuf et merveilleux. Donnons-lui de la force spirituel et laissons-le faire : peut-être un jour, il inventera lui aussi sa propre civilisation.
PS: bien entendu tout ce qui concerne les Kabyles et la Kabylie dans ce texte sont de moi. Le reste je l’ai prélevé du livre de R. Debray, Un été avec Paul Valery.