Le 16 mars 2021 coïncide avec les 150 ans de l’insurrection de la Kabylie contre l’occupant français. Un fait historique d’une importance majeure étant donné que plus de 200 000 hommes ont été mobilisés par Cheikh Amokrane dit Mokrani et Cheikh Aheddad pour récupérer les terres conquises par le colon français.
Cette insurrection, la plus importante contre la France coloniale, a été menée 14 ans seulement après la fin de la campagne menée en Kabylie par les forces armées françaises, en 1857. C’est d’ailleurs par cette campagne que la France avait achevé sa conquête de ces contrées d’Afrique du nord.
« Un mouvement insurrectionnel, impossible à prévenir et susceptible de devenir général, me paraît imminent et avec le peu de troupes dont je dispose, je ne saurais prévoir la gravité de ses conséquences » signalait déjà en 1870 le général Durrieu, gouverneur général de ces contrées.
Et il n’avait pas tort. En effet durant plus de six mois, les paysans de Kabylie se préparaient à l’insurrection. Il a fallu attendre le 15 mars 1871 pour que Mohand Amokrane lance l’attaque de Bourdj Bou Arreridj qui a permis de gagner la ville. Il a été suivi quelques jours après par Cheikh Aheddad qui a mobilisé les insurgés lors du marché hebdomadaire de M’cisna (Seddouk).
L’insurrection s’est étendue par la suite dans toute la Kabylie. Toutefois, bon nombre d’historiens font de cet insurrection un fait national algérien. « L’insurrection de 1871 est une révolte pour l’indépendance de la Kabylie et rien d’autre » a d’ailleurs martelé Ferhat Mehenni lors d’un rassemblement à la Bastille ce 15 mars.
Les batailles ont duré près d’une année, malgré que Cheikh Amokrane ait été tué au combat le 05 mai 1871. En effet, son frère Boumezreg avait repris les commandes du front Kabyle jusqu’au 20 janvier 1872, date où il a été capturé.
Lors de cette insurrection perdue par les kabyles, des milliers de morts ont été enregistrés et plusieurs insurgés ont été déportés en Nouvelle Calédonie, en Palestine ou encore à Cayenne.
« La Kabylie se voit infliger une amende de 36 millions de francs-or. 450 000 hectares de terre sont confisqués et distribués aux nouveaux colons, dont beaucoup sont des réfugiés d’Alsace-Lorraine » indique un article de l’Humanité paru en 2011.
Ce n’est qu’en 1926 que la Kabylie, à travers sa diaspora en France, reprend sa marche vers sa libération en lançant un mouvement politique qui avait, au départ, la prétention d’associer l’ensemble des contrées colonisées par la France en Afrique du Nord. C’était l’Etoile Nord Africaine.