Duel franco-turque sur l’échiquier algérien : l’armée, la DRS et le garde-fou Kabyle

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L’espace méditerranéen est plongé dans un nouveau conflit froid entre deux puissances. La France, détentrice du trône, est menacé par le retour de son rival historique, la Turquie. Ce retour de la Turquie met ainsi fin à un demi-siècle de paix en méditerranée. La Kabylie a tout intérêt à suivre de près ce bras de fer afin d’en tirer le plus grand avantage.

L’Algérie, pièce maitresse de la stabilité en Méditerranée est historiquement maintenue dans le camp de la grande puissance Française. L’autre camp, arriviste, est dirigé par la Turquie en poursuite de sa mission existentielle qui est de recouvrir ses zones d’influences, notamment l’Algérie, qu’elle a perdu depuis 2 siècles.

L’armée algérienne est passée des DAF aux officiers arabistes

Ce conflit se traduit en Algérie par deux puissances qui se déchirent, L’armée et les services de renseignement. Les services de renseignement constitués d’officiers traditionnellement francisés et souvent menés par un Kabyle et l’Armée qui, quant à elle, a connu une division interne entre les anciens Déserteurs de l’Armée Française (DAF) et les officiers arabistes. Cette division qui a longtemps tenu l’institution en position balancée, se retrouve mise en jeu par le départ à la retraite des officiers dits « DAF ». L’armée d’aujourd’hui est de plus en plus uniforme et mené par des nationalistes arabes.

Les renseignements, historiquement farouches opposants à l’islamisme en alliance avec les DAF, faisait de cette institution un outil des Français pour le maintien de l’Algérie en dehors d’un accès des islamistes au pouvoir. Ce qui se traduirait par un changement de camp sur l’échiquier international. Cette institution se retrouve isolé à mener un combat pour son existence même. L’armée est en position de force et les attaques des islamistes, notamment ceux se trouvant en occident (Moukhabarat Irhabiya), se concentrent sur le renseignement afin de les achever.

La Kabylie en garde fou contre les islamistes

La Kabylie, instrumentalisé par les renseignements pour sa spécificité culturelle l’opposant à l’islamisme, se retrouve en position de garde-fou qui assure la sécurisation de ce roi (Algérie) dans un camp pour l’empêcher d’intégrer l’autre. La Kabylie est utilisée comme rempart contre l’accès des islamistes au pouvoir, en d’autres termes, leur fuite vers le camp adverse.

Les vingt ans du règne de Bouteflika le prouvent. Bouteflika qui n’a jamais caché ce qu’il réservait aux renseignements, une promesse d’ailleurs tenue (en 2015 les renseignements se retrouvent décapités de leurs chef), a vécu une tentative de coup d’état au début de son règne. Coup planifié par les renseignements en instrumentalisant le mouvement des Aarouchs.

Bouteflika et l’objectif stratégique d’islamiser la Kabylie

C’est pendant le règne de Bouteflika que la Kabylie a vu les plus grandes compagnes d’islamisation et d’appauvrissement de son histoire. Bouteflika, en stratège pour protéger son pouvoir, a donc tenté de clochardiser la Kabylie pour réduire le pouvoir des renseignements. Cette manœuvre se traduit sur le terrain par un affaiblissement des démocrates Kabyles et l’investissement du terrain par des mouvements islamistes comme le Rachad, qui d’ailleurs, ne cache pas son dialogue avec les chefs arabistes de l’armée comme Gaid Salah.

La France a perdu la bataille d’influence face à la Turquie?

La France menée par Macron ne sait plus sur quel pied danser, apporte au début son soutien officieux au Hirak en pensant qu’il allait l’emporter et qui est devenu, par la suite, anti-français et mené par des groupes affiliés à la Turquie. Cette mauvaise manœuvre l’amène à changer de position essayant en vain de rétablir de bonnes relations avec des militaires qui n’en veulent plus entendre parler. Ils se permettent même de mener une guerre médiatique et d’annuler des visites officielles à la dernière minute en humiliation. La France ayant perdu ses relais dans l’armée, qui s’est alliée aux islamistes, se retourne vers les renseignements afin de maintenir son influence.

Quid donc de la Kabylie?

Maintenue dans une position d’instrument par un camp et d’objectif stratégique par l’autre, la Kabylie ne risque pas de voir la lumière du jour d’aussitôt. C’est au penseurs et leaders Kabyles de trouver une solution, en jouant entre les deux camps, afin de l’arracher de ces enjeux dangereux et de renverser cette tour pour la promouvoir en reine.

Ḥakim Dif