L’État algérien à la diaspora : « le ministère de la santé doit être l’unique destinataire des dons »

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Dans un communiqué publié ce vendredi 06 août, l’ambassade d’Algérie en France a annoncé de nouvelles conditions pour l’acheminement de dons que la diaspora voudrait faire expédier.

En effet, les autorités algériennes imposent désormais aux bienfaiteurs et aux associations l’obligation de disposer d’une « Autorisation d’acheminement de dons » qui sera délivrée par l’ambassade d’Algérie en France. Une mesure qui, pour beaucoup d’observateurs, « accentue la bureaucratie ».

Par ailleurs, le communiqué précise que « le Ministère de la Santé (Pharmacie Centrale) est le seul et unique destinataire des dons recueillis » et qu’« il se charge de la répartition du matériel médical, des consommables et produits pharmaceutiques collectés selon son évaluation des besoins au niveau national ».

Ces nouvelles conditions ont suscité la colère des citoyens, notamment en Kabylie où des villages, localités et structures sanitaires attendent l’arrivée de dons acquis par la diaspora. Pour le psychiatre et écrivain Mahmoud Boudarène, ces initiatives « dérangent » le pouvoir algérien car « il en perd le contrôle ».

« Dans son désir de tout contrôler, tout centraliser, le pouvoir brise une dynamique communautaire salvatrice, pendant qu’il porte atteinte à une symbolique sociale fondatrice » estime le médecin. Et d’ajouter : « Sous prétexte de réguler ces dons et de les répartir en fonction des besoins à travers le territoire national, les autorités publiques veulent en réalité déposséder les citoyens de leur désir de solidarité, de la raison d’être de cette dernière, et du sens à donner à l’expression de celle-ci ».

Pour rappel, plusieurs dizaines d’initiatives ont été lancées par la diaspora kabyle établie en France et à l’étranger en général au profit de villages et de structures sanitaires faisant face à la recrudescence de la pandémie sans moyens. Des cagnottes et des opérations de collecte de dons et d’acquisition de matériel médical sont toujours en cours. Les nouvelles conditions de l’ambassade freineront-elles cet élan de solidarité ?