Qui a tué le jeune Djamel Bensmail : deux suspects et un coupable

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Qui était Djamel Bensmail ? Un jeune artiste de la ville de Meliana, pétillant de vie et d’énergie, qui dès l’annonce de la tragédie frappant la terre kabyle, y a accouru pour prêter sa contribution. Un héros homérique, comme notre époque n’en produit plus qu’au compte-goutte.

Qui l’a tué ? Deux auteurs présumés pour sa mise à mort barbare. Mais en vérité, le même coupable dans les deux cas.

D’une part, la thèse du lynchage populaire. Commis par des jeunes à bout de nerfs, voyant leur univers entier détruit par une puissance diabolique qu’ils savent étrangère, et succombant à un délire xénophobe irrésistible. Hypothèse plausible.

D’autre part, la thèse de l’infiltration de la foule destructrice par des agents extérieurs. Ceux-là même qui sont derrière les feux, commettant ainsi un crime raciste souillant la Kabylie, dans le prolongement d’une manipulation plus large. Hypothèse également plausible.

Mais débattre de ces deux possibles est un énième piège. Car en vérité, ils mènent au même coupable : Celui-là même qui a décidé de brûler la Kabylie !

L’origine criminelle des feux ne fait plus aucun doute. Aussi, quel esprit rationnel ne pourrait entendre le désarroi, pire encore la folie, dans lesquels se trouvent actuellement des personnes ayant perdu parents, maison, terres, bêtes, dignité, humanité…dans un crime contre une région entière, perpétré par machination ethno-politique ?

Que ceux qui se croient prémunis contre la faiblesse humaine ne s’y trompent pas. Le mal engendre nécessairement le mal, et c’est bien là le but des diables qui ont ourdi ce plan (annoncé par le propagandiste racialiste Said Bensdira dès le 3 juin dernier).

Désormais le plan est en marche : le martyr est devenu bourreau. Les médias ennemis se gaussent. Les appels à la vengeance du brave peuple arabe meurtri par la haine kabyle ( !!) sont à peine voilés.

Aussi est-il urgent d’appeler aujourd’hui toutes les personnes de bonne foi à barrer la route au cycle infernal qui s’ouvre devant nous. A écouter les sages paroles de fraternité du père de Djamel Bensmail, dont la douleur n’a pas entamé la raison.

Que les kabyles sachent que la guerre qui leur est déclarée n’est pas terminée, que leurs ennemis sont capables de toutes les manipulations, et que mesure et prudence sont d’une nécessité vitale.

Que les non-kabyles sachent que les sentiers de la haine vers lesquels on essaye de les entrainer ne mènent qu’au sang, à la désolation, et à la ruine.

Parce que l’on ne meurt vraiment que lorsque plus personne ne se souvient de nous, le jeune Djamel Bensmail ne mourra pas : son nom restera gravé au panthéon des héros de la Kabylie.

Que son martyre ait un sens : puisse son exemple faire échouer ceux qui, pour se maintenir indéfiniment au pouvoir, jouent désormais la carte d’une guerre des races.

Γilas Frawcen