Elections locales en Kabylie : occupons le terrain et imposons nos projets de développement (par Hocine Moula)

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Faut-il participer ou non aux élections locales ? Quelle alternative proposent les jusqu’au-boutistes du boycott ? Pourquoi participer à ces élections locales ? Ce que je pense personnellement.

Pour les militants et les citoyens aguerris, les élections locales constituent une gestion participative des régions, plus au moins autonome, contrairement aux législatives. La Kabylie qui est condamnée à une re/construction urgente sur plusieurs fronts, gagnerait à placer des hommes intègres au sein des APC/APW pour venir en aide aux citoyens qui risquent de supporter, à eux seuls, les charges de ce grand chantier. Mettre les moyens et les infrastructures de ces assemblées à la disposition de la Kabylie ne peut que contribuer à la réalisation de ce projet.

A ceux qui disent que le P/APC n’a pas de prérogatives, et il a les mains liées, je dirai que le pouvoir ne peut rien faire devant un projet bien ficelé et devant la volonté citoyenne. Le pouvoir manipule nos actions qui n’ont pas d’objectifs bien précis. Le pouvoir n’a jamais satisfait nos revendications : il s’est souvent plié devant celles que nous avions imposées. La récente tentative du Ministère de l’éducation d’écarter tamazight de l’emploi du temps officiel, en est la preuve la plus palpable. Il suffit d’une réunion des inspecteurs de tamazight et leur décision d’intégrer la matière dans l’emploi du temps officiel pour que la tutelle fasse marche arrière. Il est temps de manipuler, de notre part et à notre intérêt, les actions du pouvoir. Manipulons les élections locales pour des objectifs de développement de la Kabylie. Dans le cas contraire, c’est une vraie soumission et il n’aura qu’un nom « Esclavagisme ».

En effet, nous avons réhabilité nos sites historiques par nos moyens humains et financiers, nous avons aménagé nos infrastructures sanitaires, éducatives et culturelles. Nous avons embelli nos villages et quartiers Nous nous sommes confrontés à deux catastrophes au même temps avec nos mains nues pour sauver ce qui peut être sauvé, pour enfin les laisser entre les mains des opportunistes pour les gérer ? C’est aux gens du terrain de continuer la gestion de leurs cités dans les institutions étatiques de la région. Nous subissons une répression et un déracinement sans précédent, nous assistons à la Kabolisation de notre société…etc. Ne pas participer à ces élections, c’est offrir, sur un plateau en or, notre terre par l’intermédiaire de nos APC/APW aux opportunistes de tout bord pour qu’ils puissent continuer leur génocide culturel et économique à ciel ouvert.

Il faut participer mais à des conditions : Nos jeunes doivent mettre en avant leurs projets culturels, écologiques, économiques, culturels, entre autres, et se porter candidats pour qu’ils puissent les réaliser comme programme de ces APC/APW et ce en concertation avec la société civile, c’est-à-dire les comités de villages (Tajmaɛt) et les autres associations culturelles, sociales et sportives. Les partis à encrage kabyles, pour ne pas dire kabyles, doivent comprendre que la régionalisation ou la décentralisation préconisée dans leurs programmes laisse le choix aux régions de choisir entre la participation ou la non-participation. La décision dans ce cas ne peut être centralisée. L’impact du vote à Djelfa ne peut se comparer à celui de Tizi Ouzou. Dans tous les cas de figure, le maire de Msila est pro-pouvoir. Par contre celui d’une commune de Bgayet ne l’est pas forcément. Le maire de Boudjima a baptisé la bibliothèque de sa localité au nom de Mohia, celle de Blida prendra forcement le nom de Abou…, en plus un nom étrange et étranger. L’APC d’At Yanni s’est détachée de Ben, et elle s’est réappropriée son nom d’antan, et ce n’est pas grâce au pouvoir, mais grâce à leurs élus. Grâce à un seul élu à l’APW de Tizi Ouzou, en l’occurrence Farid Rabia, plusieurs commune ont procédé à l’amazighisation de l’environnement et de l’administration. C’est grâce au maire de Tizi Ouzou qu’une place porte le nom du chantre kabyle Matoub Lounes (carrefour Matoub Lounes) en plein ville des genêts. Dans plusieurs localités, des salles des APC ont été mises à la disposition des associations pour l’organisation des rencontres littéraires, contrairement aux autres qui ne sont qu’à la disposition du pouvoir et ses relais.

En conclusion

On peut admettre que plusieurs APC n’ont pas été à la hauteur de leur mission, mais on peut avouer, également, que plusieurs APC ont fait de leur mieux pour être du côté du citoyen. Mais une chose est certaine, là ou la population rouspète, elle arrache ses droits. La nature a horreur du vide. La Kabylie ne peut être sauvée que par ses enfants intègres et intégrés dans toutes les structures de la Kabylie. Boycotter jusqu’au départ du système n’est pas une alternative objective ; c’est une fuite en avant. Le départ du système n’est pas pour demain matin. Attendre un statut particulier, une autonomie ou encore l’indépendance, ne peut se concrétiser en 2021 ! Occupons le terrain, imposons nos projets. Personne ne peut nous empêcher d’officialiser tamazight dans les administrations, puisqu’elle est nationale et officielle. Tamazight est une langue officielle à l’APW de Tizi Ouzou et ce grâce à une ou deux personnes. Nous pouvons construire des écoles kabyles en protégeant nos assiettes de terrain qui sont affectées pour d’autres choses. Aidons nos jeunes à réaliser leurs projets dans de bonnes conditions. Imposons-nous, plusieurs villages sont gérés comme des mini-républiques, prenons exemple.

Hocine Moula
02/09/
2021