23e anniversaire de l’assassinat de Djaffar Ouahioune

Amulli wiss 23 n tmenɣiwt n Ǧeɛfeṛ Weḥyun

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Le 10 mai 1997 ont été assassinés Djaffar Ouahioune et son camarade et compagnon Kamel Ait Hamouda. Cela fait maintenant 23 ans que la figure du MCB et le jeune militant ont été abattus au lycée d’At Yanni par des hommes armés.

Djaffer Ouahioune est né le 14 avril 1957 à Tasaft Ugemmun {Tassaft Ougemoun} (Ibudraren). Son père est décédé alors qu’il n’avait que 3 mois. Il a entamé ses études au sein de son village où il a fait son primaire, avant d’intégrer l’école secondaire des pères blancs d’At Yenni. Il poursuit par la suite ses études au lycée des pères blancs du plateau du Mansourah à Constantine. Ses études furent financées par ses deux grands frères. Il obtient son baccalauréat en 1978, ce qui lui a permis d’intégrer le campus universitaire « Oued Aissi » de Tizi Wezzu.

Syndicaliste chevronné, il était l’une des figures de la lutte estudiantine. Au lendemain de l’interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri sur « les poèmes kabyles anciens », Djaffar Ouahioune s’est révolté avec ses camarades, ce qui a donné lieu par la suite à la manifestation du 11 mars 1980. Il deviendra plus tard l’un des membres influents du Mouvement Culturel Berbère (MCB) et sera l’un des principaux acteurs du printemps 80.

Il sera, par la suite, fondateur de la revue Tafsut qui publiait du contenu en kabyle, chose qui lui vaudra quelque temps après, une tentative de perquisition de la gendarmerie dans son domicile. Il leur a interdit d’accéder à son domicile avec un ton dissuasif. Toutefois, il sera arrêté par la suite en compagnie de Hand Saâdi par la gendarmerie de Tasaft Ugemmun.

Quelques années plus tard, il a été sollicité par Ferhat Mehenni en personne pour faire partie du RCD. Ferhat Mehenni a, par ailleurs, tenu à rendre un vibrant hommage dans une vidéo publiée hier, 11 Mai, à celui qu’il considérait comme son frère.

Durant la décennie noire, Djaffar Ouahioune fut l’un des premiers engagés dans la lutte contre le terrorisme avec le GLD (Groupe de Légitime Défense) de son village. Il a eu à faire plusieurs fois à des groupes armés, jusqu’à un 10 mai 1997, vers 10h30, alors qu’il était en train d’enseigner au lycée d’At Yanni, il a été sauvagement assassiné devant ses élèves par huit individus armés. Certains d’entre eux étaient habillés en tenues de gendarmes et d’autres en tenues militaires, ils étaient accompagnés d’un individu en civil portant un talkie-walkie. Ils ont assassiné son compagnon Kamel Ait Hammouda juste après.