Interview avec Mus Akkouche, un des nouveaux visages du souverainisme Kabyle

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Les militants du MAK connaissent un black out médiatique total en Algérie. Les médias et chaines TV, y compris ceux qui se disent indépendants, ne parlent ni de leurs actions, ni de leurs arrestations, ni même de ceux qui croupissent en prison. Nous avons contacté un jeune militant actif, Mus Akkouche, qui bénéficie d’un echo positif, afin de mieux connaitre ces jeunes militants « du terrain ».

VAVA innova : Qui est Mus Akkouche ?

Mus Akkouche : je suis étudiant M2 au sein de l’université de Vgayet (Campus Avudaw) dans le domaine de la sociologie du travail et de l’organisation. Je suis également militant au sein de la coordination universitaire du MAK.

Vous êtes un des nouveaux visages du souverainisme Kabyle. Pourquoi l’indépendance et non fédéralisme ou une autonomie régionale?

Je commence par préciser que la souveraineté est le caractère d’un Etat qui n’est soumis à aucun autre Etat. Autrement dit, c’est l’émancipation totale. Et si la Kabylie, malgré toutes les luttes qu’elle a livrée contre les régimes qui se sont succédés dans l’Algérie postcoloniale, peine toujours à trouver sa place, cela veut logiquement dire qu’elle ne se sentira pas mieux dans la revendication d’un « statut particulier », tant qu’elle reste algérienne.

Que ce soit le fédéralisme, qui demeure une option qui n’est avancée que par des Kabyles, ou le piège de l’Autonomie, qui sera utilisée par le régime algérien comme une épée de Damoclès au dessus de la Kabylie, ne sauront assurer la sécurité et le bonheur auxquels nous aspirons en tant que Peuple.

Vous avez été arrêté à plusieurs reprises par les forces de l’ordre algérienne. Cela ne semble pas vous faire reculer.

Comme nous l’avions souvent dit, la répression du pouvoir colonial algérien ne fait que renforcer notre détermination à porter notre projet jusqu’à son terme. Tant que nous n’avons pas encore arraché notre propre Etat indépendant, nous n’abdiqueront jamais devant la barbarie de ceux qui n’ont d’autres projets que le laminage de notre identité et notre extermination en tant que peuple.

La presse algérienne et même BRTV ne parlent que très rarement de vos actions ni même de la répression que vous subissez…

Effectivement, c’est le black-out médiatique. C’est tout simplement la preuve que ces médias ne sont pas indépendants contrairement à ce qu’ils avancent. C’est malheureux, car nous sommes des démocrates et des pacifiques. C’est encore plus malheureux pour le cas de la BRTV, car c’est la Kabylie et uniquement la Kabylie qui l’a sauvé suite à la large quête que la chaîne avait lancé à ses débuts. Heureusement, que les réseaux sociaux existent. A signaler également que tous les sites qui ne nous censurent pas sont systématiquement bloqués par le régime algérien et ne sont pas accessibles en Kabylie.

Le Hirak a causé en 2019 du recul au MAK en Kabylie, vous ne trouvez pas ?

Malgré cette forte agitation du quart d’heure révolutionnaire de 2019, je trouve que le MAK est plus que jamais légitime par sa cohérence et son réalisme politique. Notre mouvement est grand par le projet qu’il porte et par les centaines de milliers de Kabyles qui y adhèrent en leur âme et conscience. Le Hirak a des slogans mais pas de projet. C’est pour cela que je parle d’agitation, avec le respect que je dois aux kabyles du Hirak. D’ailleurs j’invite ces derniers à faire un bilan de après une année et demi de marches !

Il y a des polémiques au sein du MAK de temps à autre, comment les vivez-vous?

Tous les mouvements de libération ont à faire à des problèmes internes, mais aussi des querelles. Personnellement, je suis de ceux qui acceptent la critique, or cette dernière impose franchise et objectivité mais sans porter atteinte aux individus par des propos mensongers ou diffamatoires. Cependant, n’étant pas fan du défaitisme, je ne me perds pas dans des polémiques stériles et préfère travailler et agir en faveur des réalisations qui avancent. Je salue l’initiative de l’Anavad de doter la Kabylie d’un passeport et d’un parlement. Un jalon de plus vers l’indépendance et un coup de tonnerre dans le ciel du régime algérien et de ses adeptes en Algérie.

Des militants du MAK, visiblement pas très disciplinés, s’attaquent aux Mouvement sur les réseaux sociaux…

Ce que j’ai à dire c’est que le MAK, comme tout mouvement sérieux, a une ligne disciplinaire à respecter. Un règlement interne a été voté et adopté par les militants des différentes structures. Désormais, il n’y a ni x ni y, mais uniquement l’intérêt de cette noble cause que nous défendons, en l’occurrence l’indépendance de la Kabylie. J’invite tous mes compagnons à se rappeler, à chaque instant, de cet objectif.

Au delà du militantisme, quelles sont les passions de Mus Akkouche? Ses qualités et ses défauts ?

Je consacre du temps à la lecture et je me permets aussi de partager du bon temps avec mes amis. En ce qui concerne mes qualités et défauts, il faudrait voir cela avec mon entourage éventuellement (rire).

Propos recueillis par Muyyud

Mus Akkouche avec Mira Mouknache