Djemâa Saharidj : Le village aux 99 sources « fait face à ce mal silencieux »

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Le calme…

« Il faut tout un village pour éduquer un enfant » » disait, à juste titre, Hilary Clinton, une grande dame qui savait ce qu’elle disait ! C’est dire l’importance de la vie en communauté !

Mais cela était dans un autre temps ! C’était le temps où le monde semblait tourner dans le bon sens, le monde où un semblant de paix régnait, le monde qui jouissait d’une certaine concorde même si la discorde était réservée pour certains.

C’était le monde où la santé des citoyens était le souci des dirigeants ! Ce n’était pas notre monde ! Ce n’était pas leur monde ! C’était le monde commun auréolé des rires des enfants innocents.

… avant la tempête

Mais l’année 2019 a vu le monde perdre ses pédales, le monde s’affoler devant l’inattendu, l’inexplicable, l’incroyable mais aussi le plus dangereux ! L’être humain est devenu un danger pour l’être humain ! Le mal silencieux s’infiltre dans la société et les dirigeants ne savent plus quelle décision prendre pour faire face à cette épidémie qui est vite devenue pandémie ! Le monde ne tourne plus rond !

La société se trouvant à faire face à cette carence des décideurs a dû se prendre en charge, s’assumer, prendre des initiatives et s’organiser ! Faut-il prendre son mal en patience et compter les personnes qui tombent malades, les hospitaliser quand il y a encore de la place dans les hôpitaux puis les voir mourir dans des souffrances énormes auxquelles la médecine ne peut trouver la solution ? Faut-il se confiner, se cacher, s’écarter de tout le monde, se dissocier de toute la société et se fendre dans le silence mortuaire des maisons où l’on ne peut échapper au destin, les relations sociales et familiales perdurant malgré les risques ?

Une simple visite familiale devient la source du danger et les liens sociaux commencent à rompre !

A Djemâa Saharidj :

Les villages se décident à prendre le taureau par les cornes, s’organisent et prennent des décisions. Et le village de Djemâa Saharidj sis dans la commune de Mekla à quelques trente kilomètres du chef-lieu de wilaya jadis connu sous le nom de « Bida Municipium » et communément appelé le « village aux 99 sources » ne peut que s’associer à cette « auto prise en charge », cette nouvelle doctrine face à la carence des autorités !

Suspension du marché hebdomadaire

Décision sage a été prise de bloquer pour toute la durée du confinement le marché hebdomadaire du Jeudi sur la place Aissat Idir même si certaines personnes étaient contre ! Car il faut voir les cohues, les blocages de la multitude de gens qui viennent s’approvisionner ce jour-là et en profitent pour se retrouver, tout en faisant ses emplettes.

Cependant, considérant les risques de propagation de la maladie par les rencontres où certains et certaines na manquent pas de se serrer la main, de s’embrasser et de se rapprocher les uns des autres pour discuter un peu, le temps d’une rencontre mais aussi le temps de contaminer l’autre !

Nettoyage général

C’est ainsi que pour le vendredi 20 mars 2020, à l’appel du comité de village de Djemâa Saharidj, en collaboration avec les comités de quartiers, une opération de nettoyage est lancée, faisant appel à la collaboration de tous, visant surtout ceux qui disposent de tracteurs avec citerne et pompe, ceux qui disposent de motoculteurs avec les moyens adéquats, ceux qui disposent de sulfateuses de préférence portables et tout le monde est appelé à contribuer par ses moyens propres. L’objectif est de nettoyer toutes les rues du village, quartier par quartier, rue par rue, ruelle par ruelle en usant d’un mélange d’eau et de clore pour les citernes, d’eau et d’eau de javel pour les sulfateuses.

La place « Aissat Idir » est le lieu où tout le monde doit se retrouver dès 15 h et, tout le monde étant prêt, l’opération est déclenchée.

Il a fallu, bien sûr, appeler les parents à confiner leurs enfants durant l’opération, à apporter leur soutien pour la réalisation de l’objectif en leur rappelant surtout à veiller à n’être d’aucune gêne au passage des « nettoyeurs » à travers tout le village.

Trois longues heures après, tout est achevé ! Les gens commencent à discuter de la chose et proposent de programmer d’autres opérations dans les prochains jours. Toute la population a applaudi à cette action d’intérêt général bénéfique à plus d’un titre !

Gageons qu’à la prochaine opération, tout se déroulera dans une bonne entente, dans la communion, ceci répondant à l’inquiétude commune sinon collective et à la question qui lancine les esprits : « Qui sera la prochaine victime ? »

Opération de nettoyage général le 20 Mars 2020. Djemâa Saharidj.

Encore plus de détails ? les voici :

Les abus :

Des poulets périmés à Mekla. La police de Mekla a intercepté un livreur transportant des poulets périmés. Selon nos informations, 1800 poulets périmés ont été saisis dans le chargement de ce livreur. A cet effet, en plus des mesures de confinement et de distanciation qu’il faudra scrupuleusement observer, les populations de la région sont appelées également à être vigilants sur d’autres plans à l’exemple des produits de consommation durant cette période confuse ! Cette information a été diffusée par le groupe « « Mekla et ses environs » » sur la toile.

Préservation de la santé :

Agissant dans le cadre de la préservation de la santé publique, le véhicule communal, armé de sa sulfateuse, a accompli sa mission de pulvérisation d’un produit contre les moustiques en passant à travers toutes les rues du village et particulièrement la zone de Ighzar N’Bouhlou sans oublier les habitations sises en dehors du village pour ceux qui ont réalisé des habitations dans leurs propriétés.

Risque de propagation :

La population de toute la daïra s’inquiète de la nouvelle qui circule sur la toile. Le citoyen  qui se serait enfui d’un hôpital de Blida aurait été retrouvé près du village de Ait Bouadda, village sis de l’autre côté de l’oued Sébaou limitrophe ! Aux dires de ceux qui l’y auraient retrouvés inconscient, ce citoyen aurait été abandonné sur les lieux par des gens en voiture ! Qui sont ces gens ? Pourquoi l’avoir abandonné et, surtout, comment est-il arrivé dans les environs de ce village tandis que des informations le déclaraient chez lui à Biskra ! Actuellement, selon l’information diffusée sur la toile, l’individu en question est hospitalisé à Azazga.

Des médecins à la disposition des citoyens par téléphone :

Un collectif de médecins de la wilaya de Tizi Ouzou a mis à la disposition de la wilaya une liste de numéros de téléphone avec la spécialité de chaque médecin pour consultation gratuite. Ces médecins sont disponibles sur appel téléphonique à orienter l’appelant ou l’appelante, en fonction de son cas, vers les services appropriés. Une action louable à plus d’un titre !

Mosquées (2) du village :

L’appel à la prière continue de résonner cinq fois dans la journée. Cependant, une phrase est ajoutée à la fin de l’adhan : « « Faites votre prière chez vous » ». Ainsi, les fidèles ne sont pas tenus de faire leurs prières quotidiennes dans la mosquée qui demeure fermée sauf pour les « « telva » » (les étudiants coraniques) qui sont tous des étrangers au village. Ainsi, l’on évite les rassemblements.

Marchés :

Les marchés du voisinage continuent encore et encore de jouer sur les prix des fruits et légumes. Ainsi, la mercuriale continue de flotter au gré de certains décideurs. Les cageots de tomates contiennent, en générale 20% de tomates pourries, de même pour ceux des oranges, ceci obligeant les clients à opérer un tri pour remplir son sachet ! Comme les clients sont nombreux, il est sûr que chaque orange aura été touchée une bonne dizaine de fois avant d’être choisie ! Alors, la question se pose : ces fruits et légumes peuvent-ils contaminer les clients ? A noter que, depuis la diffusion sur al toile des « « propriétés curatives » » de l’ail, fictives ou réelles, le prix de ce « « miraculeux légume » » est allé crescendo pour parvenir à un sommet rarement atteint : 1300 Da le kilogramme d’ail ! Du jamais vu !

Education et bonne conduite :

Les rues du village, le chemin de wilaya 150 et tous les recoins de la région croulent sous les sachets plastiques des déchets ménagers que les citoyens ne manquent jamais de « déposer » continuant de servir de source nourricière pour tous les animaux errants. Il n’est pas rare de voir un chien errant traînant derrière lui un sachet noir dans un coin isolé pour l’éventrer et se rassasier ! Rien qu’entre Mekla et Chaib (croisement avec la route nationale n° 12) l’on peut remplir au moins deux bennes de camion de voirie. C’est dire combien le civisme a besoin d’être réintroduit dans les habitudes de certains citoyens, y compris des communes environnantes !

Précautions :

En circulant dans le village, l’on ne manque pas de rencontrer des gens vaquant à leurs obligations et armés des précautions d’usage : des bavettes de toutes sortes confectionnées chez soi ou « débrouillées » quelque part et, pour certains, des gants chirurgicaux ou, à défaut, des gants tout court !

Les « serrements de mains »  se font de plus en plus rares et les « embrassades » ne sont plus de mise ! Quant à la distanciation, elle relève encore de l’estimation de chacun, estimation souvent erronée allant de 20 centimètres à plus de deux mètres ! C’est selon !

Confinement :

Le confinement est donc ainsi respecté dans l’intérêt individuel et collectif. Les enfants ont disparu des ruelles et les adultes se font de plus en plus rares dans les rues. Le marchand de lait a dû s’entendre avec son fournisseur pour recevoir son quota en un lieu convenu entre eux deux pour pouvoir éviter la cohue au moment de la vente ! La distribution est claire : pas plus de deux sachets par client ! S’il en reste, plus tard, les gens pourront encore en avoir sachant que les « clients permanents » sont privilégiés !

En somme, le village (et même toute la région) s’est installé de plain pied dans le confinement, respectant plus ou moins les conditions de sécurisation de la santé avec, parfois, des … oublis !

Confinement, quand tu nous tiens !

Saïd Mecherri, 27/03/2020, Djemâa Saharidj

Message important du directeur
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Djemaâ Saharidj, le « village aux 99 sources »