« Tarmit-iw akked Coronavirus » : tanagit n yiwen uqbayli n Alsace (Fransa)
Les appels au confinement et au respect des consignes retentissent de toute part. Les villages kabyles essayent de s’organiser comme ils le peuvent.
Les Kabyles de la diaspora, quant à eux, vivent un vrai calvaire quotidien, comme tous les citoyens de leur pays d’accueil.
Nous avons interviewé un kabyle originaire de Vgayet qui habite en Alsace, l’une des régions les plus touchées par le Coronavirus en France. Âgé de 38 ans, il a eu tous les symptômes du Coronavirus mais n’a pas pu faire le test, à cause du débordement des hôpitaux dans la région.
Depuis quand pensez-vous être atteint du coronavirus ?
Lorsque les symptômes ont commencé à se manifester et que j’ai su que deux personnes avec lesquelles j’étais en contact étaient testées positives aux Covid-19. En fait, ça a commencé par une toux sèche, à la fin du mois de février et qui a duré 2 semaines. C’était une toux assez particulière. Je n’avais jamais eu ça au-part avant et j’étais sûr que ce n’était ni la grippe saisonnière ni le rhume.
Comment avez-vous réagi ?
Je suis parti voir un médecin le 29 février. Il m’a prescrit un antibiotique qui n’a donné aucun résultat. C’est là que j’ai appris pour mes deux amis positifs. Et comme mon état de santé ne s’améliorait pas, je suis allé consulter une deuxième fois.
Je suis allé voir mon médecin 3 fois en tout. Il m’a, à chaque fois, prescrit un traitement différent. A chaque fois, les traitements ne donnaient pas de résultats et mon état s’aggravait. Ce n’est qu’après avoir pris le troisième traitement que j’ai commencé à ressentir des améliorations.
Comment ont évolué vos symptômes ?
Il y avait au début cette toux sèche pendant une quinzaine de jours, comme je vous le disais. Puis vers le 7 Mars, j’ai commencé à avoir de la fièvre. Une fièvre assez intense que j’essayais de faire baisser avec du Doliprane. Par la suite, d’autres symptômes se sont enchainés ; vertiges, maux de tête et une otite. Enfin, j’ai eu une agueusie (perte de goût) et une anosmie (perte d’odorat) et qui perdurent à ce jour.
Comment se sont passés vos RDVs avec le médecin ?
Il m’avait dit, lors ma première consultation, que j’étais en bonne santé et que ce n’était pas un virus qui allait me tuer. Il était rassurant. Quelques jours après, j’ai appelé le 15 (le SAMU), les pompiers et aussi le numéro vert mis en place. J’ai eu droit à la même réponse : « si vous n’avez pas de complications respiratoires, restez chez-vous et évitez d’être en contact avec des gens ».
Pour revenir sur mes RDVs avec le médecin, les deux premières fois, il n’avait pas de masque, mais à la troisième si. Il portait un masque, des gants et prenait ses précautions.
Et vous avez pu être dépisté ?
Non, malheureusement ce n’était pas possible, les hôpitaux étaient débordés. C’était encore faisable en février. Il n’y avait pas autant de pression, mais depuis le début du mois de mars, ce n’est plus possible sauf pour les cas graves.
Comment vous vous sentez maintenant ?
Je vais beaucoup mieux. Je ne sais pas si c’est mon troisième traitement (Moxifloxacine) qui a commencé à donner des résultats ou bien c’est mon corps qui a réussi à se débarrasser du virus. Cependant, à ce jour, j’évite d’être en contact avec les gens, pour ne pas contaminer les autres.
Des conseils à donner à vos frères kabyles en ces temps de crise sanitaire ?
Il ne faut pas minimiser les dangers du Covid-19. Même les pays ayant les moyens sanitaires les plus avancés ont été mis à genoux. Il faut appliquer sérieusement les consignes de confinement et de distanciation. Le seul moyen de faire face à cette pandémie, c’est un respect strict des consignes.
Quant à ma patrie la Kabylie, elle doit savoir compter sur elle-même et sur la solidarité de ses enfants. Elle s’en sortira grandie comme à chaque crise qu’elle a su affronter. Pour cela, il faut prendre toutes les précautions et ne pas attendre l’arrivée de l’épidémie pour se protéger. Ça sera trop tard.