10 temsal ara tezṛem af Germaḥ Massinisa, ameɣras amezwaru n tefsut taberkant
Le 18 Avril 2001, Massinissa Guermah, dit « Mumuḥ », s’est fait tirer dessus au sein de la brigade de gendarmerie de At Dwala{Beni Douala}. Le jeune de 18 ans, qui était entrain de réviser pour son BAC quelques minutes avant, a succombé à ses blessures. Une histoire tragique qui est a marqué le début des événements du Printemps noir Kabyle.
Nous avons relevé ci-dessous 10 éléments, que vous ignorez peut-être, sur Massinissa et son assassinat.
1 – Il est décédé le 20 Avril et non pas le 18 Avril 2001
Dans la soirée du 18 avril, Massinissa Guermah a reçu plusieurs balles de kalachnikov dans les jambes. Le jeune lycéen a été transféré une première fois à l’Hôpital de Tizi Ouzou puis à Alger, la capitale algérienne. Il rend l’âme le vendredi 20 Avril à 08h15.
Comme un signe, Massinissa décède donc le 20 Avril, une date symbole qui porte les combats de la Kabylie depuis le printemps Kabyle de 1980.
2 – Son assassin a écopé de 2 ans de prison seulement
Le gendarme meurtrier s’appelle Mestari Merabet. Il a été condamné, le 29 octobre 2002, à 2 années de prison par le le tribunal militaire de Blida pour « infraction aux consignes et homicide involontaire« .
Khaled Guermah, le père du martyr, a qualifié le procès de « simulacre ridicule ». Officiellement, le gendarme a commis une bavure et a tiré accidentellement sur Massinissa. Une version largement contestée. Le criminel a été libéré le 18 Avril 2003. La famille de Massinissa continue de demander justice.
3 – Non, il n’était pas victime d’une simple « bavure » d’un gendarme
Dans son rapport de 24 pages sur les événements du Printemps noir, la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme (LADH) a rapporté le témoignage de Koceila Merakeb, qui a été arrêté avec Massinissa et qui se trouvait dans la salle d’attente de la brigade, lieu du crime. Le témoignage est plus que révélateur sur les faits : « Le gendarme (Mestari Merabet) s’avance, son kalachnikov sur l’épaule. C’est alors qu’une première rafale résonne comme un bruit de tonnerre dans la salle d’attente. Deux balles ricochent sur le sol alors que la troisième atteint au pied un gendarme se trouvant à proximité. Merabet dirige ensuite son arme sur Massinissa. Le doigt sur la détente, il lâche une seconde rafale« .
Dans son rapport, la commission Issad a, quant à elle, relevé plusieurs contradictions dans les déclarations des gendarmes algériens qui ont assisté à la scène du crime.
4 – Le ministre de l’intérieur algérien l’avait traité de « voyou »
Yazid Zerhouni, ministre de l’intérieur algérien à cette époque là, avait qualifié le jeune Massinissa de « voyou », lors d’une conférence de presse. Une provocation de plus, qui a contribué à l’embrasement de la Kabylie.
5 – La gendarmerie, quant à elle, l’a traité de voleur
« Le 21 avril, la Gendarmerie a publié un communiqué dans lequel, au lieu de présenter ses excuses, elle accusait Guermah d’être un voleur« . C’est en ces termes l’ONG International Crisis Group a rapporté cette énième provocation de la brigade d’At Dwala, dans son rapport de 55 pages sur le printemps noir Kabyle. Des propos rapportés également par la LADH dans son rapport.
6 – Les autorités algériennes ont pu se recueillir sur sa tombe
4 années seulement après la rafale qui a causé la mort de Massinissa, soit le 18 avril 2005, une délégation composée du Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, le ministre Djamel Ould Abbas, le chef de la gendarmerie de Tizi Ouzou, le colonel Kehfaz, accompagnés des délégués des Archs, à leur tête Belaid Abrika, et de la famille de la victime, ont pu se recueillir sur la tombe de Guermah Massinissa. Un acte qui avait suscité beaucoup d’incompréhension parmi l’opinion Kabyle.
7 – Malika Matoub se trouvait dans la brigade au moment des faits
Comme elle en témoigne ici (à partir de la 28e minute), Malika Matoub était à l’intérieur de la brigade au moment de la rafale qui a provoqué la mort de Massinissa. Elle avait entendu les coups de feu et, en sortant, elle avait vu le jeune Massinissa gésir dans une mare de sang. D’ailleurs, les gens qui l’ont vu pénétrer dans la brigade pensait que c’était elle qui s’est faite tirer dessus.
Malika Matoub s’est toujours étonnée que la commission Issad ne l’aie pas convoquée pour témoigner.
8 – Son père n’était pas au courant de la gravité de ses blessures
Dans de nombreux témoignages, Khaled Guermah, le père du martyr kabyle a expliqué qu’il n’était pas au courant de la gravité des blessures de son fils. Les médecins ne le lui ont pas dit. Alors que « Le fémur de la victime est presque sectionné et l’artère fémorale coupée » (rapporté par le journaliste Farid Alilat), Khaled Guermah pensait que son fils avait reçu « une simple balle dans la jambe et qu’il suffisait de l’extraire« .
Au micro de Kamel Tarwiht, le père du martyr a regretté cet épisode : « Si j’avais vu l’état de ses jambes avant son décès, j’aurais tout fait pour qu’il soit transporté en France« .
9 – Ses derniers mots ont marqué l’opinion
Comme le rapporte régulièrement Khaled Guermah dans ses témoignages, son fils, alors qu’il était sur son lit de mort, a prononcé des mots bouleversants, qui continuent de circuler sur les réseaux sociaux notamment : « Vava je ne sens plus mes jambes », « Vava vais-je pouvoir remarcher ? », « Ils m’ont tué », « Je vais me venger, Vava ».
10 – Il a été la goutte qui a fait déborder le vase
La gendarmerie algérienne faisait régner son dictat en Kabylie par ses exactions. L’assassinat de Guermah Massinissa a été la goutte qui a fait déborder le vase. Cela a été le point de départ du printemps noir, des évènements qui ont meurtri le Peuple kabyle : pas moins de 126 personnes assassinées par les gendarmes algériens, plusieurs milliers de blessés.
Cela a eu également d’autres conséquences sur le plan politique, comme la naissance des Archs, qui a disparu depuis, ainsi que la naissance du MAK, le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie.