Lezzayer : tamurt i d-ilulen d taṛumit ma tezmer ad tili s tidet ?
« Algérie arabe », « Algérie islamique », « Algérie amazighe », « Algérie algérienne », etc. Voilà un pays que chacun définit selon son appartenance ethnique, linguistique et religieuse. Un pays né français que la guerre d’indépendance a transformé en OVNI.
L’Algérie est une idée, pas un fait
L’Algérie n’est pas réelle. Le réel ne se définit pas. Il s’impose. Il n’a pas besoin d’une idéologie pour être. Il se suffit à lui-même. Il force le respect par sa présence, ses bruits et son silence.
L’Algérie est une idée, un concept qui a besoin d’une idéologie et d’une fiction pour exister. Elle a besoin d’inventer une histoire pour faire croire à ses « enfants » qu’elle est réelle. Mais le manque de mythes fondateurs, de belles histoires, de gloires communes, l’absence de roman national, de génie artistique et intellectuel font que le concept d’Algérie demeure vide et étranger au monde et à ses habitants.
L’identité algérienne, un héritage des Européens d’Algérie
L’Algérie ne possède ni langues ni religions. Ce sont les langues et les religions qui la possèdent. Elle dépend de la langue arabe, de la religion islamique et de la culture berbère. Rares ceux qui se définissent comme Algériens. Ils se disent Arabes, Berbères ou Musulmans. L’identité algérienne est une formulation intellectuelle, héritage des Européens d’Algérie, et la populace ne se sent nullement concernée par ce genre de concepts.
Construire l’identité algérienne sur le dos des identités réelles ?
Nos politiciens, qui tentent bien que mal de construire l’identité algérienne sur les ruines des identités réelles, semblent trouver provisoirement, dans les marches du moins, un consensus identitaire à travers le Hirak, dans une Algérie arabe et islamique de substrat amazigh comme l’a formulé dernièrement un « démocrate ». C’est-à-dire, « nos ancêtres les Amazighs ». Une solution jacobine à la française. Mais a-t-on la culture de la France qui nous permettra de rendre le concept Algérie palpable ? Un concept qui jusque-là ne dépend que des récits répétitifs de guerre, de victoires de foot et des chansonnettes nationalistes.
Le Hirak est-il vraiment capable de créer cet être algérien dont rêvent les jacobins conceptuels, les partisans du « le réel n’a jamais eu lieu » et les fossoyeurs de l’Histoire ?