6 droits universels acquis par les femmes et qui sont en vigueur en Kabylie

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Les droits dont jouissent les femmes actuellement peuvent sembler banals pour la plupart des gens, les jeunes générations notamment. Mais il faut savoir que la plupart de ces droits, considérés élémentaires aujourd’hui, ne remontent même pas à un siècle !

En effet, que ce soit dans la vie conjugale, au travail, dans l’éducation et d’autres domaines, les femmes n’ont acquis leurs droits qu’après plusieurs sacrifices et longs combats. Ces luttes ont été menées, simultanément ou à des périodes différentes, dans plusieurs pays et sur tous les continents.

Nous revenons ici, brièvement, sur l’origine des droits universels acquis par les femmes et qui sont actuellement plus ou moins en vigueur en Kabylie.

1- Le droit universel au vote

Le premier pays à avoir accordé le droit de vote fut la Nouvelle Zélande à la fin du 19e siècle, en 1893. Dans d’autres pays, cela est survenu bien plus tard, suite à plusieurs luttes dans lesquels se sont engagées les femmes sortant de leurs zones de confort. 

A noter que, c’est le mouvement lancé en 1903 par les femmes du monde anglo-saxon, appelées « suffragettes », qui a accéléré le processus de revendication à travers le monde. Mais malheureusement, jusqu’à aujourd’hui, beaucoup de femmes n’ont pas encore le droit de voter, ni d’avoir une opinion politique ou se présenter aux élections. 

Dans le cas de la Kabylie, son organisation sociale était assez différente pour parler de droit au vote, mais son interdiction à participer à la prise de décisions s’est traduite par son exclusion de Tajmaɛt (une exclusion qui demeure jusqu’à aujourd’hui).

Néanmoins, dans le cadre de l’Algérie française, la Kabylie a hérité du droit de vote accordé en 1958 après que le droit à la citoyenneté pour les femmes a été prononcé par la France en 1945. 

2- Le droit de porter un pantalon

Avant les années 30s, le pantalon était alors un habit exclusivement masculin, et toute femme qui serait tenté de le porter était considérée comme une travestie ou encore « une hors la loi ». C’était le cas de Marlène Dietrich, personnalité américaine d’origine allemande, qui était la toute première femme à oser s’afficher avec un pantalon en 1929. En effet, cette dernière a souvent été interpellée au poste de police et a failli encourir une peine de prison pour avoir osé porter un vêtement.

Beaucoup de femmes ont rejoint l’action de cette courageuse femme jusqu’à ce que le port du pantalon se généralise et devienne chose banale à partir des années 60s.

En Kabylie, ce vêtement universel s’est généralisé chez la gente féminine, bien qu’il reste critiqué par une minorité de fanatiques religieux mais également par des conservateurs.

3- L’accès aux études supérieures

L’accès des femmes à l’université a longtemps été combattu. Malgré cela, certaines femmes déterminées ont pu rejoindre l’université à la fin du 19ème siècle. La première femme à rejoindre l’université dans l’histoire, était Julie-Victoire Daubié, en France, en 1861. 

En 1924, elles réussissent à obtenir le droit à passer le baccalauréat en France, et ce n’est qu’en 1960 que l’université pour les femmes est généralisé du côté de la loi dans différents pays. Mais l’accès à l’université a connu des réticences sociales qui ont été difficilement dépassées.

En Kabylie, le droit est acquis, bien que des réticences peuvent toujours exister quant à l’idée qu’une femme quitte la maison pour effectuer des études dans une ville lointaine, par exemple. 

4- Le droit à la contraception

Avant les années 60s, les méthodes de contraception étaient interdites et les femmes n’avaient d’autres choix que de recourir à l’avortement clandestin pour éviter les grossesses répétitives, le droit à l’abstinence étant encore un sujet très délicat dans la société de l’époque. 

Ce sont deux femmes américaines dont Margaret Sanger, infirmière, et Katharine McCormick, biologiste qui ont été les premières à proposer des méthodes contraceptives, mais c’est l’Australie qui fut le premier pays à commercialiser les pilules contraceptives en 1961 avant d’être suivie par l’Amérique.

Toutefois, sa procuration se retrouve très vite contrôlée. En effet, les femmes devaient indispensablement avoir un âge légal de 21 ans et disposer d’une autorisation parentale pour s’en procurer. Ce ne sera que 10 ans plus tard que les femmes se retrouvent le droit à l’accès totale à la contraception.

A noter qu’en Kabylie, les femmes majeures doivent se justifier d’un statut marital pour avoir accès aux pilules contraceptives, même s’il n’existe pas de lois qui exigent que seules les femmes mariés peuvent s’en procurer. 

5- Le droit à la possession d’un compte bancaire

Alors que les femmes n’ont obtenu le droit de travailler et disposer de leurs revenus sans autorisation maritale qu’en 1907 en France, ouvrir un compte bancaire était encore interdit aux femmes qui n’avaient d’autres choix que d’ouvrir un compte au nom de leurs maris et avec leur autorisation. 

Au Canada, c’est en 1929, que Marie Gerin-Lajoie met le débat de l’incapacité civile de la femme mariée sur la table. Cela a abouti en 1965, grâce à la ministre canadienne Claire Kurland-Casgrain, à déposer un projet de loi qui consiste à donner les même droits juridiques et comptables aux épouses que les maris. Ce qui autorisait aux femmes de signer un contrat et donc d’ouvrir un compte bancaire. 

En Kabylie, les femmes peuvent aussi ouvrir un compte bancaire indépendamment de toutes les autorisations sauf pour ouvrir un compte bancaire à son enfant. En effet, dans la loi algérienne, seul le père est tuteur de ses enfants et seul lui peut ouvrir un compte bancaire à ses enfants mineurs, tandis que l’épouse a seulement le droit de l’alimenter.

6- Le droit au divorce 

Après que la légalisation du divorce ait triomphé pour la première fois en France en 1792, les deux époux pouvaient alors divorcer dans le cas d’un consentement mutuel. Malheureusement, cette loi tombe quelques années plus tard sous le régime de Napoléon, qui aboli le droit au divorce pour les femmes et les dénudent de tous les droits. Cette loi concernant les divorces a subi tantôt une promotion, tantôt une abrogation selon la situation politique, économique de différents pays. 

Dans le cas de la Kabylie, qui subit le code de la famille algérien, demander le divorce pour une femme est un véritable calvaire. Les femmes qui osent franchir le pas perdent tous leurs droits vis à vis des enfants et doivent « acheter » leur liberté en payant la Kholaa. Un luxe que nombreuses femmes ne peuvent se permettre faute de moyens financiers. 

Quelle est la suite ?

La cause féminine est noble. Comme on a pu le voir à travers ces exemples, c’est grâce aux femmes qui ont lutté en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis, en Australie et dans d’autres pays dans le monde, que les choses ont pu changer et que les mentalités ont évolué.

Ces luttes menées ailleurs ont sans doute facilité la tâche à la femme en Kabylie. Bien que celle-ci a dû se battre pour faire instaurer ces droits universels sur son propre territoire.

De nouveaux combats, contre le harcèlement sexuel par exemple, ont pris un peu partout dans le monde, ces dernières années, mais la Kabylie ne semble pas s’y inscrire. pourtant le harcèlement sexuel est une réalité en Kabylie, au travail, à l’université et dans la rue, partout. Il faut croire que, comme pour les autres luttes, les droits de la femme en Kabylie ont leur propre agenda…

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