Retour sur le parcours du monument universel nommé « Idir »

Tuɣalin ɣef umecwaṛ n uzamul amaḍlan « Yidir »

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Idir, de son vrai nom Hamid Cheriet, est né le 25 octobre 1949 At Leḥsen{Ait Lahcène}, aux At Yenni en Kabylie. 

Ayant vécu une vie modeste, le grand artiste a eu une enfance entourée de traditions, d’énigmes et de chants d’une société où les mots avaient une valeur immense. Idir est alors marqué par la puissance du verbe et surtout de la poésie kabyle grâce à sa mère et à sa grand-mère.

À sa jeunesse, Idir poursuit des études universitaire en géologie avant de se découvrir un talent, la musique. En effet, celui qui s’apprêtait à devenir un astre de la chanson kabyle, a commencé sa carrière par un coup du hasard. En 1973, il a dû remplacer la chanteuse Nouara qui devait interpréter la berceuse « Ers-d ay iḍes », que lui-même lui avait composée. Idir a fini par l’interpréter la même année.

Mais c’est avec un second titre qu’Idir a connu un grand succès : « Vava inuva », en duo avec Zahra n Summer. Ce titre n’a été enregistré que suite à l’insistance Cherif Kheddam auprès de Idir. Un succès mondial ! En effet, la chanson a été diffusée dans 77 pays différents et a été interprétée dans 17 langues. La douce voix de Idir conquit le monde, avec cette chanson, et le berça avec un conte venu de la culture profonde de cette contrée de la rive sud de la Méditerranée, la Kabylie.

Le chanteur, compositeur et interprète, se voit passer son service militaire pour revenir dans la scène de la musique après deux ans de ce succès. Ce dernier avoue s’être écouté à la radio au cours de son service militaire. En 1976, il signe son tout premier album avec la maison de disque Pathé Macroni qu’il nomme « Vava Inuva » où se trouve le titre de son tube planétaire. Il enchaîne avec un autre album intitulé « Arrac-nneɣ » en 1979, également très bien accueilli. Avec des chansons portant en elles l’âme profonde de la Kabylie, le mode de vie kabyle, la joie et la souffrance montagnarde, il se produit dans plusieurs concerts avant qu’il ne s’éclipse de la scène en 1981. Ce ne sera que 10 ans plus tard, que l’ambassadeur de la culture et de la langue kabyle revient avec une compilation de chansons, en 1991.

En 1993, Idir sort son album « Les chasseurs de Lumière » et apporte encore une fois sa contribution à la revendication identitaire berbère et son soutien à la crise des intellectuels engendrée par la mouvance islamiste en Algérie. Il rend également hommage avec la chanson « Amedyaz » au grand chercheur anthropologue Mouloud Mammeri dans le même album.

Suite à cela, Idir se produit partout en Kabylie, en Algérie et en France, et monte sur scène avec Matoub Lounes, son ami de toujours, lors du concert de celui-ci au Zénith de Paris en 1995. Avec la chanson « Tiwizi », il firent ensemble voyager le public des vergers aux oliveraies de Kabylie.

En 1999, Idir publie l’album « Identités ». Qu’il partage avec Munu Chao, Ar Braz, Maxime Le Forestier, Gnawa Diffusion, Zebda, Gilles Servat, Geoffrey Oryema et l’Orchestre national de Barbès. Idir immortalise alors son amitié avec le regretté Brahim Izri avec la chanson « Tizi Wezzu » parue dans le même album. Une chanson phénoménale où ils font ensemble l’éloge de leur terre natale et rendent un hommage à feu Matoub Lounes.

A noter qu’Idir est un artiste multi-instrumentaliste, il sait jouer à la guitare, la flûte, le bendir, l’accordéon, le tambour, et le mandole. Il se donne comme mission de créer un pont entre la musique et la culture kabyle et la musique moderne.

Par ailleurs, Idir a multiplié durant son parcours musical les duos avec plusieurs monuments de la chanson kabyle comme Matoub Lounes, Ferhat, Ait Menguellet, Ali Amrane et autres.

Idir sort par la suite une compilation de chansons en 2002, puis signe l’album  « La France des couleurs » en pleine campagne présidentielle française en 2007. L’artiste évoque la question de la diversité identitaire de tous les français. Suite à cela, il part en tournée dans toute l’hexagone.

En 2013, Idir sort un album solo pour la première fois depuis 20 ans. Il propose alors des titres qui l’ont marqué durant sa vie.

Dans son nouvel album « Ici et ailleurs », Idir multiplie en 2017 les duos avec des chanteurs français. Cabrel, Bruel, Aznavour, Lavilliers participent au perfectionnement de cette œuvre qui prône le partage, le mélange des langues française et kabyle et l’échange culturel. Dans son concert au Grand Rex, le 8 mai, il explique aux journalistes que cet album sera peut-être son dernier.

En 2018, le chanteur se produit pour la première fois depuis 1979 à Alger à l’occasion du nouvel an berbère.

Le 2 mai 2020, celui qui est devenu le Vava inuva de tout un peuple, décède et laisse des milliers d’orphelins qui ont grandi et qui ont été bercés par ses chansons. 

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