Romain répond — à Youcef Benzatat, l’anti-berbère

Romain yerra-as - i Yused Benzatat, amgal-taqbaylit

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Youcef Benzatat, le fait de traiter les Berbères d’éthnicistes, rassurez-vous, cela ne fera pas de vous un internationaliste, encore moins un humaniste. Loin de là, votre acharnement à vous attaquer quotidiennement aux Berbères n’est rien d’autre que l’expression d’une frustration d’un déraciné qui tente de trouver refuge dans un monde sans frontières. Un monde qui n’est pas taillé pour vous, ni pour les gens de votre espèce. Vous êtes trop arabiste et trop islamiste pour y être.

Les berbères, votre miroir brisé

Les Berbères, monsieur Benzatat, sont votre miroir brisé. Chaque fois que vous vous mirez dedans, vous vous voyez nu, sans visage, sans nom, sans âme et sans reliefs. Nous, les Berbères, sommes votre mauvaise conscience, votre échec civilisationnel, votre terrain glissant, votre bêtise humaine…

Vous pensez avoir apporté une civilisation chez Apulée, Saint Augustin, Terence, excusez du peu, et beaucoup d’autres penseurs que notre terre a offert à l’humanité avant que nous ne sombrions, grâce à vos supposés ancêtres arrivés d’Arabie, dans les siècles obscures.

Oui, vous pouvez nous traiter de va-nu-pieds après nous avoir volés nos chaussures dans vos mosquées; vous pouvez nous traiter de misérables après avoir délapidé nos terres; vous pouvez nous traiter de Barbares après nous avoir coupés des humanités… notre échec, monsieur Benzatat est le vôtre, celui de vos ancêtres, celui d’une foutuhat/conquête islamique complètement ratée, celui de 15 siècles de décadence et de nihilisme islamique… Voilà ce qui vous met en rage, monsieur Benzatat. C’est votre incapacité à civiliser les autres. Vous devez avoir honte, nous vous avons tout donné et vous n’avez rien fait de positif. Nada.

Les survivances païennes et méditerranéennes qui nous ont sauvés

Monsieur Benzatat, si nous, les Berbères, avons encore un visage humain, c’est grâce aux survivances païennes et méditerranéennes. Ce n’est certainement pas grâce aux discours et aux prêches macabres de votre culture. Ce sont les survivances méditerranéennes qui nous ont sauvés de la haine, empêché de poignarder des femmes enceintes, d’asperger d’acide des filles non-voilées et de tuer des innocents sur les terrasses de cafés. Nous préférons de loin êtres tribaux que d’exceller dans le terrorisme international, monsieur Abou Zetat. Nous préferons de loin chanter des chansons dans nos champs pour réanimer notre mémoire que de faire exploser les bombes dans les grandes métropoles, afin d’aller au paradis avec vous. Nous avons cohabité ici-bas, ça suffit ! Nous préférons ne pas refaire l’expérience là-bas. Merci pour l’invitation, nous sommes attendus ailleurs, chez Hadès.

L’arabo-islamisme est un mauvais maître

L’arabo-islamisme, monsieur Benzatat, est un mauvais maître. Et comme tous les mauvais maîtres, il accuse ses élèves de paresse et de manque d’intelligence. Nietzsche disait, en substance, « Choisis un bon ennemi, car tu finiras par lui ressembler ». C’est ce qui est arrivé aux Berbères desquels les Romains et les Français ont tiré le meilleur. Mais vous, monsieur Benzatat, vous ne cherchez en nous que le pire, et vous l’avez obtenu. Nous avons au moins ce mérite : celui de « barbariser » votre civilisation dite des lumières. Comme dirait un proverbe kabyle : « Rwaḥ truḥ siweḍ-itt meqqar ar lḥed-is/autant pousser au pire une situation déjà gâtée ».

Nous avons cet atout, nous les barbares colonisés : nous faisons de votre histoire une fable, sans gloire, avec notre folklore tribal et notre éthnicisme primaire. Mais si nous ne faisons que cela, comme vous dites, c’est parce que nous vous pratiquons et nous pratiquons votre culture : après 15 siècles, nous avons fini par vous ressembler. Tout ce que nous avons de mauvais, nous le tenons de vous, car vous êtes nos meilleurs ennemis, pire nos frères-ennemis. Et ça, vous ne supportez de voir en nous vos défauts, votre caricature. Un art qui vous met hors de vous.

Les Berbères, même s’ils en sont loin, aspirent à l’humanisme

Les Berbères, monsieur Benzatat, aspirent à l’humanisme. Ils en sont loin certes, mais ils en rêvent, c’est déjà bien. Mais pour ce faire, vous devez arrêter de leur imposer une religion d’amour qui n’aime personne à part elle même et votre langue divine et pure, qui, en vérité, est au même stade que le berbère : elle n’est bonne que pour pleurer et clamer des poésies, comme dirait Boumediène, votre dictateur bien aimé.

Non, monsieur Benzatat, les Berbères ne sont pas racistes. S’ils étaient racistes, vous ne seriez pas là aujourd’hui, au pouvoir de surcroît. Au contraire, les Berbères sont naïfs. Ce qui a fait d’eux des peuples sans Etats. Les Berbères n’ont pas encore acquis la conscience identitaire qui leur permettra de construire des Nations, mais ça viendra, car vous nous aidez beaucoup. Pour le moment, ils s’exilent et s’intègrent partout dans le monde sauf peut-être dans les pays où l’Arabo-islamisme gouverne. Le Berbère ne se dit Berbère que devant les gens de votre espèce. Ailleurs, il est d’ailleurs.

Je vous comprends et je vous plains

Je vous comprends et je vous plains, monsieur Benzatat, car finalement, vous souffrez de la non-reconnaissance des Berbères plus qu’ils ne souffrent de la votre. Car même en étant au pouvoir, vous n’arrêtez pas de crier au loup. Vous souffrez d’un manque d’amour, car vous n’aimez personne. Et comme Petit Homme de Reich, vous savez que vous ne méritez pas l’amour des Berbères, car vous ne les avez jamais aimés.

Non, monsieur Benzatat, les Berbères sont ouverts, mais ils s’ouvrent là oû ils espèrent recevoir de la lumières et de la vie. Et pour l’instant, vous êtes comme nous, au fond de la ceverne, vous n’êtes que les ombres de vous mêmes que le vent du fanatisme religieux agite.

Concernant Idir, je préfère ne pas vous répondre. Vous n’avez jamais joué dans la même cour. Continuez de jouer votre rôle de journaliste issu de la diversité, chez Médiapart. Je crois qu’ils vous publient sans vous lire. Merci la politique du quotat. Après tout, Aziz aussi a fait le loft. Quoique ce dernier était très sympathique.

Romain Caesar, Écrivain