Romain yerra-as — Taqbaylit tagrakalt, d igli yelhan ?
Les Kabyles ne réalisent pas ce que la Méditerranée leur offre comme perspectives culturelles et civilisationnelles : toute la philosophie et l’art gréco-romain, ainsi que la culture occidentale moderne…
Mais au lieu d’aller vers cette partie du monde, ils persistent dans la recherche d’un passé glorieux et d’une authenticité qui n’ont jamais eu lieu. Chaque fois que l’Afrique du Nord a produit du génie, c’était soit avec Rome, soit avec la France. D’Apulée à Camus, en passant par Saint Augustin et d’autres encore. Il faut ouvrir l’identité kabyle à la brise marine, l’air marin lui fera beaucoup de bien. Laissons-nous bercer par les vagues de la mer vineuse comme dirait Homère, le père des poètes.
Ceux qui veulent nous maintenir dans la « sagesse » locale, qu’ils prétendent universelle, savent que leur monde ne peut se transmettre au-delà des frontières de la langue kabyle réduite à la rhétorique religieuse. Elle n’accepte rien d’autre que leur discours. C’est une langue qui n’excelle que dans l’antirationnel. On y trouve plus d’arguments pour dénigrer les sciences et les arts que pour les mettre en valeur.
La langue kabyle a besoin d’être réinventée en adoptant, en adaptant et en se confrontant à de grandes cultures. C’est en se comparant aux meilleurs qu’on atteint l’excellence. Elle ne peut continuer dans la récitation des rimes, sur le modèle coranique, qui subjugue le subconscient avec des arabesques relevant de la pensée magique. La langue Kabyle doit apprendre à conceptualiser et à décrire le temps et l’espace, et non pas à ruminer nos défaites et nos déboires.
Osons la Méditerranée, non pas en nous jetant dedans par désespoir, mais en l’accueillant chaque matin comme Albert Camus qui disait : « La mer et le soleil m’ont rendu heureux« . N’est-ce pas ce que Rimbaud appelait l’éternité, à savoir, la mer allée avec le soleil ?