L’idée de la laïcité n’a pas atteint le but escompté par ses promoteurs, qui étaient volontaires et sincères dans leur démarche. Cette belle idée a fini malheureusement par se retourner, comme la démocratie, contre la Kabylie. Non seulement elle n’a pas empêché la propagation de l’islamisme en Kabylie, mais elle a plutôt censuré les athées et ceux qui ne partagent pas la religion de la majorité. Les Islamistes ont piégé les laïcs en les présentant à la populace comme les ennemis de Dieu. Ce qui a poussé ces derniers à changer de discours, pire, à défendre la religion islamique afin de plaire à la même populace, qui, dès le départ était religieusement acquise à l’islamisme.
Les laïcs ont toléré les constructions de mosquées, les condamnations des non-jeûneurs, le lynchage des filles buvant de la bière, la présence des barbus et des voilés dans leurs structures… ils ont même toléré des discours qui présentaient leurs compagnons de lutte, tel Matoub, comme religieux.
Le refus de faire connaître les œuvres anti-relgieuses des années 70, 80 et 90 a brouillé le message de tous nos artistes, militants et intellectuels comme Kateb Yacine et beaucoup d’artistes kabyles. Le plus grand hommage à rendre à ces derniers, dont beaucoup sont assassinés par les religieux, est de faire triompher la laïcité, non de faire d’eux des religieux comme semblent le faire certains islamistes kabyles, les enfants de ceux qui nous disaient il y a quelques années que Dihya, avant de mourir, avait demandé à ses enfants d’embrasser l’Islam. Faute de laïciser Amir DZ, on islamise Matoub.
Drôle de laïcité. Après tout, L’Algérie n’a-t-elle pas inventé la pizza à la mayonnaise ? Les laïcs, pour ne pas se mettre à dos la populace algérienne acquise aux idées islamistes, ont mis de côté l’idée de la laïcité. Ils se contentent depuis quelques années de dire qu’ils sont laïcs tout en laissant faire les religieux. Ils ont inventé une nouvelle laïcité hallal qui fait que cette idée ne dérange plus personne. La preuve Amir DZ revendique toute honte bue le combat de Matoub. Il le fait, car l’idée de la laïcité, qui constituait jadis le lime entre les islamistes et les progressistes démocrates, n’existe plus.
L’idée de la laïcité doit revenir en force dans le débat public afin de mettre un bémol au discours religieux qui ne semble plus rencontrer de résistance. Il faut réhabiliter le discours anti-religieux et arrêter de considérer la laïcité comme une position politique neutre. La laïcité ne doit pas être neutre. Elle doit être une valeur forte afin de mettre un frein à l’offensive religieuse.