Romain répond — Ces agents du sérail et acteurs de la Kabylie profonde

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Les Kabyles qui se reconnaissent dans l’Algérie ne sont ni des traîtres ni des KDS. Ils sont des nationalistes algériens au même titre que les chefs historiques morts pour l’Algérie que nous célébrons depuis la nuit des temps. Ces Kabyles ne sont en aucun cas la cause de la décadence du pays kabyle. Ils ne sont que les boucs-émissaires que la doxa désigne à la vindicte populaire, assoiffée de sang.

Les KDS sont clairs. Ils ne trompent personne. Ils se veulent Algériens et l’assument pleinement. Nous devons les considérer comme adversaires politiques, appartenant au pouvoir, que nous pouvons combattre politiquement, mais sans les désigner comme les seuls et uniques responsables de notre malheur. Ils jouent certes un rôle dans celui-ci, mais ils ne sont pas les seuls. Les KDS sont l’arbre qui cache la forêt. La forêt des agents doubles. Ceux qui ont une pantoufle dans l’opposition et une autre dans le sérail. Ceux qui mangent avec les loups et pleurent avec le berger. Ceux qui squattent les associations, les médias, les réseaux sociaux et les mouvements politiques afin d’empêcher l’émergence des idées nouvelles. Ceux qui vident par leur présence les cercles de militants; poussent à la démission et à la fuite les meilleurs d’entre nous; introduisent petit à petit, au nom de la tolérance, du religieux dans notre quotidien; folklorisent nos fêtes et notre environnement culturel… Ils sont partout. Ils ne travaillent pas. Leur mission est d’infiltrer les structures de l’opposition, notamment kabyles, pour semer la discorde entre ses membres.

Ces agents doubles sont très actifs. Ceux sont eux qui représentent officieusement l’ordre établi qu’ils prétendent combattre. Ils sont à la fois au service du pouvoir et de la Kabylie profonde. Ces derniers partagent au moins une chose : empêcher la libération de la Kabylie. Le premier le fait pour des raisons politiques et la seconde pour des motifs obscures.

Le pouvoir compte beaucoup sur cette Kabylie profonde. Ce sous-pouvoir local impersonnel qui n’existe qu’à travers sa défense épedermique de ses traditions et de sa religion. Immobile et hermétique, la Kabylie profonde ne se sent en sécurité que dans son sentiment de dépendance.

La Kabyle profonde n’est pas un bloc socialement et politquement visible. C’est une foule aveugle, sourde et muette. C’est un objet indéfini. Comme toutes les sociétés musulmanes profondes, elle agit inconsciement et machinalement contre le progrès et la nouveauté.

Cette machine infernale et réactionnaire qui est là grâce à nous tous, que nous alimentons et entretenons sans le savoir. La peur de nous découvrir nous pousse à défendre des valeurs et des idées d’un autre temps, des idées forteresses de confinement et de repli. Nous fermons nos cerveaux et nos portes à tout ce qui vient d’ailleurs, notamment des pays developpés, qui sèment certes le savoir et le droit, mais aussi de dangereux fléaux.

La Kabylie profonde est un mode de vie, des réflexes pavloviens, un sub-conscient, des régles d’organisation grégaires, de l’insécurité linguistique, des instincs de survie, des peurs et des phobies, des clichés, des réactions épidermiques, des nevroses collectives, des rêves brisés, de la mauvaise vue, de fortes émotions, de la frustration sexuelle, de l’ignorance, de la pauvreté, une crise spirituelle… C’est avec toutes ces tares que nous alimentons la machine. Ce sont toutes ces tares que nous devons combattre.

Dans l’absolu, notre déchéance n’est imputable à personne. Les personnes ne sont là que pour faire durer ses tares car elles en tirent les unes un petit salaire et d’autre une gloriole. Notre déchéance est le fruit de notre histoire, de nos défaites et de notre ignorance. Le manque de cadre politique et juridique sérieux, comme un Etat, nous condamne à réussir individuellement comme KDS, agent double, croyant musulman, Arabophone, Algérien, émigré, citoyen canadien, français, américain, allemand… et à disparaître collectivement, en tant que Kabyles, en tant que peuple Kabyle.

Combattons nos tares au lieu de combattre les personnes. Si nous triomphons de celles-ci, vous verrez, il n y aura plus de traitres, ni de KDS, ni de zélotes islamistes, ni d’agents doubles… la Kabylie profonde deviendra enfin une communauté de citoyens libres et responsables.

Romain Caesar, Écrivain

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