Dès la première déclaration du nouveau premier ministre français, Jean Castex, des commentaires ont fusé sur les réseaux sociaux quant à son « accent » allant jusqu’à la moquerie, voir le mépris.
En effet, c’est la première fois dans l’histoire de la Ve République qu’un homme politique à l’accent sudiste accède au poste de Premier ministre, et cela s’entend. En effet, Jean Castex, né dans les terres de la Gascogne, détonne avec son accent et cela est sujet à toute sorte de commentaires : « Par contre c’est chaud l’accent de Jean Castex« , « Jean Castex a tout de même un sacré accent du sud. Et ça c’est disruptif pour un Premier ministre« , « Son accent rocailleux genre 3eme mi-temps de rugby« , ou encore « Vous avez entendu l’accent de Jean Castex? C’est terrible !« , peut-on lire sur Twitter notamment.
Invité sur le plateau de BFMTV et RMC, le 08 juillet dernier, Jean Castex a été interrogé sur son accent et a refusé de se censurer : « Je suis fier de mon accent, je suis ce que je suis. […] Il faut être ce qu’on est et rester ce qu’on est », a-t-il martelé.
Le mépris des accents c’est à la fin un mépris géographique
Michel Feltin-Palas, auteur du livre « J’ai un accent et alors ? », a répondu à cette polémique concernant l’accent de Jean Castex : « Tout le monde a un accent […] Il se passe qu’en France, l’accent de Paris, plus exactement, la bourgeoisie d’Ile de France a réussi l’exploit à faire croire qu’on n’a qu’un seul accent […] Le mépris des accents c’est à la fin un mépris géographique, le mépris de Paris vis-a-vis des régions de la province […] C’est un enjeu de pouvoir et c’est la bourgeoisie d’Ile de France qui a réussi à imposer sa manière de parler et discréditer d’emblée toute personne qui ne parle pas de la même manière. Et le pauvre Jean Castex, simplement parce qu’il ne parle pas l’accent traditionnel du pouvoir, a été déconsidéré, comme s’il y avait une relation entre un « mauvais accent » et les compétences. »
La moquerie dont est victime le premier ministre français porte un nom : la glottophobie qui se définit comme suit : « le mépris, la haine, l’agression, le rejet, l’exclusion, de personnes sur le fait de considérer incorrectes, inférieures, mauvaises, certaines formes linguistiques utilisées par ces personnes.«
Et si on faisait le parallèle en Kabylie?
En Kabylie, également, il y a des accents. D’un village à un autre, d’une localité à une autre, la façon de parler diffère. On dit « axxam-agi », axxam-aki », « axxam-ayi » ou encore « Tappurt », « Tabburt », Taggurt ». Il y a également des régions qui prononcent le ɛ, d’autres non. Pourtant un malaise existe quand les différentes localités se croisent, dans les grandes villes kabyles notamment. Ici une espèce de Kabyle standard prend forme et beaucoup essayent de l’adopter pour, sans doute, ne pas « se faire griller ».
Pour faire le parallèle entre Jean Castex et des personnalités Kabyles. Dans les villages respectifs de Said Sadi, Ferhat Mehenni ou encore Matoub Lounes, on dit bien « Aya » pour « non » mais dans leurs œuvres, sur les plateaux télés et les tribunes des conférences, c’est bien « ala » qu’ils ont choisi d’adopter.
L’ingénieur Mesṭafa Kamal évoque cela dans cette vidéo :