Et maintenant ? La Kabylie est prise en otage par son appartenance involontaire au monde arabo-islamique dans lequel elle prend tous les risques et aucun bénéfice.
Elle participe, comme un appelé militaire, à toutes les guerres que les Arabo-islamiques déclarent, tantôt aux Chrétiens, tantôt aux Juifs, car pour eux toutes les guerres sont religieuses. La guerre finie, souvent perdue, la Kabylie redevient le meilleur ennemi intérieur de l’arabo-islamique qu’il faut désarmer et surveiller.
La Kabylie, aujourd’hui, n’est menacée ni par les Chrétiens ni par les Juifs qu’elle avait jadis combattus au nom de l’islam, mais par ses « alliés » et « frères » en religion : les Musulmans. Elle est en danger et elle n’a aucun allié sur qui elle pourra compter. Les Chrétiens et les Juifs ne vont pas l’aider, car elle est musulmane. Quant aux libéraux laïques, ils font de la politique. Ils sont au service des riches. Ils s’en fichent de l’appartenance ethnique et religieuse des peuples pauvres. L’argent n’a pas d’odeur. L’Arabie paye et les puissances bombardent.
La Kabylie n’a pas d’amis car elle n’a jamais cherché à en avoir. Elle a confié aveuglément son destin à l’Algérie, ce qui a fait d’elle, à la fois, l’ennemi des ennemis et des amis de l’Algérie arabo-islamique.
La Kabylie est devenue, après indépendance, une province arabo-islamique. Elle s’est mise, en s’alliant avec les Arabo-islamiques, dans une position d’isolement géopolitique dangereuse. Elle s’est retrouvée seule, comme un petit chat, dans la gueule de son grand frère, le lion islamique, affamé de chair et assoiffé de sang.
La Kabylie doit se faire des amis. Et il faut absolument qu’elle les choisisse, sans sentiment de culpabilité, en fonction de ses seuls intérêts. Elle ne doit rien attendre des amis et des alliés du monde arabo-islamique. Elle doit cesser aussi de croire naïvement qu’il n’y aura plus jamais de guerre chez elle. Comme tous les pays, elle en a connu dans le passé et elle en connaîtra à l’avenir. Il faut qu’elle apprenne, comme tous les pays, à revendiquer la paix tout en nettoyant ses fusils. Autrement, elle disparaîtra à jamais dans les limbes de son sommeil du « juste », son pacifisme désarmé, sa neutralité poétique, sa léthargie révolutionnaire, ses rites de jeunesse, ses premiers congrès, ses traditions de lutte…