Djamila Addar : si les kabyles avaient leur Etat, je serais là première à dénoncer l’exhérédation, mais …

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‘’Tamurt ur tetnuz ur tṛahen’’, me disait ma grand-mère paternelle Faḍma que Dieu ait son âme. J’étais très petite pour comprendre la bêtise humaine et sa cruauté, mais j’avais très bien saisi l’importance de la terre pour les Kabyles. La terre ne se vend pas et ne s’hypothèque jamais. Elle est le seul trésor qui ne périt jamais. Elle nourrit son propriétaire et sauvegarde dans le même temps sa dignité et son honneur. ‘’Tamurt daɛwin uqalmun’’. La terre est une valeur sûre, gare et malheur à celui qui la bazarde pour des miettes éphémères.

Je suis une Femme kabyle. Je connais très bien le droit coutumier kabyle, sa genèse, son application et tous les dérapages que les Kabyles ont fait subir aux femmes à cause de lui. Les féministes kabyles le savent aussi. Si les Kabyles avaient leur État, je serais la première à dénoncer publiquement ces injustices et à encourager toutes les Femmes kabyles à réclamer leur héritage loin de ce droit coutumier et de la religion des charlatans.

Il se trouve que la Kabylie est guettée depuis toujours par des hyènes et des traîtres. Tous ces rapaces essayent par tous les moyens d’occuper le cœur de la Kabylie, de s’accaparer de ses terres et de foutre en l’air son mode de vie, sa langue, sa culture et son identité. Le peuple kabyle a lutté et continue à lutter pour préserver son territoire et son identité. Des familles ont perdu leurs enfants pour cette Kabylie et ses droits. Par conséquent, mon héritage à moi, Femme kabyle, ne représente rien devant le sang des martyrs, les larmes de leurs mères et les douleurs de tout un peuple, Hommes et Femmes. Je suis consciente de mes droits, mais mes devoirs ont pris le dessus sur tout. La terre de mes ancêtres ne sera jamais livrée aux étrangers, aux intrus dont les desseins sont connus de tous et de toutes. Je comprends la frustration de ces loups de bas étages. Occuper le territoire kabyle demeure leur éternelle et ultime obsession. Nos sacrifices de passagers sur terre étaient et demeurent le prix à payer pour que la Kabylie reste encore et encore le bien de ses enfants kabyles.

La dernière sortie de la marionnette militante de la dernière heure ne pourra pas dévier la Femme kabyle de sa trajectoire, de l’amour qu’elle porte pour sa terre et pour son peuple. Encore une autre virgule qui croit pouvoir nous apprendre des choses sur nous-mêmes, nos droits et le féminisme. Sa sortie grossière, vulgaire et indécente fait partie d’une série de manœuvres pour déstabiliser certains Kabyles qui passent leur temps à justifier leur existence auprès de leurs bourreaux. Être militante du Hirak ne lui donne aucun droit de déverser son venin, sa vulgarité et son indécence contre les Kabyles. Elle n’a aucune classe pardi ! La prison forge certaines personnes, mais abrutit d’autres pour ne pas dire autre chose. Personne ne sait ce qui s’était passé en prison. Des pactes diaboliques auraient pu être conclus pour libérer certains. Alors, on se calme et qu’on arrête d’insulter l’intelligence des Kabyles.

Ceci étant dit, la Kabylie devrait revoir certaines tares de son mode de vie. Elle doit associer les femmes dans son projet de société. Si le contexte de l’époque turque expliquait la naissance du droit coutumier kabyle, le 21ème siècle ne pourrait pas justifier sa continuité. Les femmes et les hommes doivent être égaux en devoirs et en droits. Défendre les libertés, la laïcité et la démocratie tout en continuant à disposer des biens des femmes est en soi un crime et une forme d’hypocrisie qui n’ont rien à envier à ceux que les Kabyles combattent.

Djamila Addar