Djurdjura : ces espèces rares et endémiques menacées par les feux de forêts

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Le Parc National du Djurdjura, réserve de biosphère reconnue par l’UNESCO depuis 1997, abrite une richesse faunistique et floristique des plus importantes de l’Afrique du Nord. Le massif recouvre les deux régions Tizi Wezzu{Tizi Ouzou} avec 55,74 %  et Tuviret{Bouira} avec 44,26 %,  et s’étalent sur une surface de 18 550 hectares.

Selon des études qui sont assez anciennes, le Parc du Djurdjura abrite jusqu’à 1 100 espèces végétales, dont 35 sont endémiques, 33 sont classées protégées et 70 sont très rares. Quant à la faune, elle est représentée par une importante diversité d’espèces d’oiseaux suivie d’une vingtaine de mammifères dont 10 sont protégés.

Étant déjà menacé par l’activité humaine en général, dont la pollution, le braconnage et autres exploitations, le Parc du Djurdjura se retrouve aussi exposé aux feux de forêt qui sont très nombreux en Kabylie en période estivale.

Les forêts et la flore du Parc du Djurdjura en danger

Les forêts du Parc Djurdjura sont essentiellement représentées par plusieurs importants massifs forestiers dont Tala n Yilef{Tala Guilef}, les forêts d’At Waban{Ait Ouabane} et la forêt de Oued Sahel. Toutes, considérées comme un réservoir biologique de la faune et de la flore. On y retrouve des espèces endémiques telles que le pin noir, le chêne vert et le cèdre de l’Atlas qui sont classés comme espèce rare.

Tala n Yilef, qui est s’étend sur une superficie de 786 hectares, a été récemment cible d’un feu important, soit le 10 juillet dernier. La forêt abrite le chêne vert et quelques sujets seulement  de pin noir qui est une sous-espèce endémique.

Images saisies au lendemain du feu qui a ravagé Tala Guilef :

Pin noir

Tikjda a été plusieurs fois cible de feux ravageurs par le passé. Très récemment, près de 200 hectares de couvert végétal ont été réduits en cendres durant la seule journée du 31 juillet. Tikjda, massif central du Parc de Djurdjura abrite aussi des cédraies et le pin noir, qu’on retrouve plus précisément dans la forêt de Tigounatine de Tikejda.

Cèdre de l’Atlas

On note aussi qu’il existe des milliers de plantes médicinales dans le Parc du Djurdjura, dont certaines ont été affaiblies par la cueillette. On les retrouve aussi menacées par les flammes qui sévissent sur les forêts.

Par ailleurs, il y a des espèces, qui même si elles ne sont pas classées comme étant rares, ont une présence relativement faibles comme le houx, l’érable de Montpellier, l’érable à feuille obtus, le merisier, l’érable champêtre et l’if. Leur sauvegarde n’est pas moins importante.

La faune du Parc du Djurdjura tout aussi menacée

Ces forêts abritent aussi une importante diversité faunistique, soit 433 espèces dont environs 140 espèces rares ou menacés. Parmi elles, 30 espèces de mammifères sont protégés, dont certaines sont endémiques comme :

  • l’hyène rayée qui est une espèce rare,
  • le serval qui est une espèce probable,
  • le caracal qui est une espèce rarissime,
  • la genette, qui est une espèce protégée,

On peut d’ailleurs rappeler les 4 mammifères disparus du parc dont l’ours brun, le mouflon à manchette, le lion d’Atals (Felis Leon) et la panthère noir (Pardus Leo). A cet effet, il reste une seule espèce de singe primate de l’Afrique du Nord endémique au Parc du Djurdjura : le singe Magot (classé espèce protégée). On compte environs 8000 individus dans le parc Djurdjura, toujours selon d’anciennes statistiques. Toutefois, leur habitat est menacé par les flammes en plus d’autres raisons qui peuvent influencer sur leurs ressources naturelles comme les changements climatiques et l’activité humaine. Ce singe qui, jadis, se nourrissait de baies de chênes et de châtaigne se retrouve forcé de quitter son habitat naturel pour envahir les villages et s’introduire dans des espaces inhabituels en quête de nourriture.

Du coté des oiseaux, le Parc de Djurdjura compte environ 121 espèces dont 5 espèces sont rarissimes : le vautour moine, Tchagra à tête noire, gypaètes barbu, bec croisé des sapins et le coucou geai.

La population des rapaces est aussi en déclin, et cela  en raison de la dégradation ou la destruction de leur habitat naturel causée par l’activité humaine et qui sont aussi, par ailleurs, menacés par les flammes.

La forêt d’Akfadou

La forêt d’Akfadou, dépendante à la fois de Tizi Wezzu{Tizi Ouzou} et Bgayet{Béjaia} abrite aussi une grande richesse floristique et faunistique dont plusieurs sont menacés ou protégés, à l’instar du singe magot et le chacal. Cette forêt est aussi cible de nombreux incendies par le passé et reste toujours d’actualité.