Faire respecter Taqbaylit ou berbériser les algériens : quel combat ? (Par Mouh Ousliman Abelqas)

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Et si la lutte s’était limitée à la langue kabyle ? Comment serions-nous aujourd’hui sur le plan linguistique en Kabylie ?

En fin 2000, à ma sortie de l’ESI après des études d’ingéniorat, j’avais déposé des dizaines de CV dans des entreprises en Algérie. Sur le CV, je mentionnais toujours dans le chapitre des Langues : Kabyle (maternelle), arabe, français, anglais. A l’époque, c’était de façon spontanée.

J’ai eu beaucoup de propositions de rendez-vous pour entretiens à Oran (Sénia), Alger, Annaba, Ouargla, Constantine, Rouiba, Blida…
A chacun de mes entretiens (plus de 10 RDVs passés dont la plupart avec succès), on me faisait toujours la remarque : tu es donc Kabyle? C’était aussi spontané de leur part. Celui qui m’avait marqué, c’était un RDV chez Ex ENEL à Sénia, un certain Chadli, de la région de l’Ouest, PDG de ladite unité avec qui j’ai eu même des échanges en Kabyle, le RDV a eu lieu en 2003 si mes souvenirs sont bons.

J’avais par la suite opté pour un boulot chez moi dans le secteur public que j’ai quitté aussi vite que je l’ai pris (car c’est de l’informatique dont il s’agissait) en optant pour un boulot dans le secteur privé pour 4 ans à Tizi Ouzou avant de le quitter pour un autre boulot au privé à Alger pour 15 ans dans 5 autres entreprises.

Lors de mes déplacements sur tout le territoire algérien et dans toutes les entreprises et institutions publiques et privées que j’ai visitées, j’ai toujours utilisé mes outils déclinés en langue kabyle et je le faisais savoir.
La langue de l’interface et les messages d’interaction de mes outils ne posaient pas problème. Quand il a fallu traduire, je le faisais. Ils n’avaient pas l’obligation de comprendre car c’est le contenu décliné qui les intéresse. Mais on posait souvent la question sur cette langue et c’est avec fierté que je répondais que c’est du kabyle.

Oui mais c’est vrai c’est du Kabyle. Je n’avais jamais menti.

Le peuple algérien était déjà formaté à cette spécificité kabyle : Territoire, culture, langue et identité.

Je me demande que s’est-il produit avec les militants pour pervertir cette réalité sociolinguistique et nous proposer un autre concept, plus jacobin, qui ressemble à celui conçu pour la langue arabe et qui nous empêche d’avancer et ce depuis 1980.

On comprend qu’en 1980 et 1994, les conditions n’étaient pas réunies pour le concept de diversité linguistique, mais depuis 2001, nous n’avons pas de raison de rester figés sur une conception dépassée de l’unité dans l’unicité.

C’est cela justement qui crée encore des tensions allant jusqu’au dénigrement et l’insulte que subissent plusieurs militants et académiciens depuis des mois voire des années.

Mouh Ousliman Abelqas

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