Louisa Ourrad, fille de Mustapha Ourrad, le correcteur de Charlie Hebdo assassiné le 07 janvier 2015 lors de l’attentat terroriste visant le quotidien satirique français, a été entendue par la cour d’assises de Paris vendredi 11 septembre.
En effet, c’est lors du procès de l’affaire de l’attentat islamiste que la jeune femme de 26 ans a livré un témoignage poignant sur son défunt père. Elle le décrit comme un « père aimant et très drôle », amoureux de la France, de sa littérature et de sa langue : « C’était sa troisième langue le français, après le kabyle et l’arabe » explique-t-elle avant de poursuivre : « Il était capable de réciter des poèmes de Baudelaire, de Rimbaud et de bien d’autres. Il aimait aussi beaucoup la chanson française, Brel, Brassens, Léo Ferré et des chanteurs kabyles ».
Le natif de d’Aït Larbaa (At Yanni{Beni Yenni}) a immigré jeune en France : « Il avait 20 ans et la première chose qu’il a faite, c’est d’aller au cimetière Montparnasse sur la tombe de Baudelaire. Et il a déposé 2 Gitanes, c’était la marque de cigarettes qu’il fumait à l’époque. Parce qu’il se disait que si Baudelaire avait été encore vivant, c’est cette marque qu’il aurait fumée », a raconté la jeune femme.
Concernant cette journée fatidique, durant laquelle les frères Kouachi ont fait 10 victimes, Louisa a précisé que son père ne devait pas être au travail : « Il ne venait jamais le mercredi mais ce jour-là, il était venu pour un hors-série à corriger », confie-t-elle.
La fille du correcteur ne se croyait pas être capable de se présenter devant la cour. Initialement, c’est sa mère qui s’était constituée partie civile : « Quelques mois avant (l’attentat), on lui (sa mère) avait diagnostiqué une tumeur au cerveau. Et elle s’est battue tant qu’elle a pu. Elle a réussi à tenir quatre ans », précise-t-elle. Après le décès de sa mère en 2018, Louisa a décidé de se constituer en tant que partie civile, à son tour.