De Vava Inouva à Baba Ccix, de la révolution culturelle à celle du sourire (par Romain Caesar)

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La politique en Kabylie a connu le même sort que la chanson.

Cette dernière a connu son âge d’or quand les artistes s’inspirent de la beauté des montagnes, des saisons, des cours d’eau, des chants d’oiseaux, des bruits des forêts, des amours champêtres, des poètes et des philosophes universels…

Aujourd’hui, la source d’inspiration est la ville. Et les citadins ne savent pas chanter l’olivier, la fontaine, le ciel d’été. .. ils sont inspirés par le bitume, l’argent, le visa, trabendo, le luxe, la religion, le foot….
Beaucoup de nouvelles et belles voix Kabyles imitent les voix arabophones et turques, notamment celles qui passent par AlHan wa Cabbab. Elles sont  dans l’arabisation de la mélodie kabyle sans oublier les salamalek et les inchallah qui ponctuent leurs textes et leurs discours, tout prononcé sur le mode citadin.

La politique a connu la même trajectoire. Après un demi siècle de combat pour la démocratie, la laïcité et le progrès, les Kabyles des villages, de culture franco-kabyle, acquis aux valeurs universelles, commencent à perdre la guerre idéologique au profit des Kabyles citadins, de culture arabe et islamique.

Ces derniers ont repris les slogans des anciens en les arabisant et en les inscrivant dans le cadre de la Ouma. Autrement dit, ils les ont islamisés et vidés de leur contenu initial. Ils s’expriment en arabe en Kabylie sans complexe et défendent des valeurs traditionnelles, c’est-à dire religieuses, contre les valeurs universelles et contre la langue française. Ils n’hésitent pas  à traiter les Kabyles qui continuent de défendre les idées des années 70-80 d’intolérants, voire de fascistes.  Ils pensent que le Hidjab islamique dans nos villages est un droit, mais boire du vin ou déjeuner en ville pendant le ramadan est une provocation. Je vous passe des vertes et des pas mûres.

Nous en sommes là. Autre temps, autres moeurs. Nous sommes passés de Vava Inouva à Baba Ccix, de la révolution culturelle à celle du sourire, du village au quartier, du champ à la mosquée,  de l’enseignement général à l’école fondamentale, de Paris à Istamboul, de la terre au pétrole, de l’agriculture aux affaires, de la Méditerranée à la Mésopotamie, du printemps kabyle au printemps arabe…

Romain Caesar, Écrivain

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