Dans une interview animée par Nadia Matoub et diffusée durant la soirée de ce lundi 19 octobre sur les réseaux sociaux, Masin Ferkal, militant de la cause identitaire, a livré son témoignage sur la tentative d’assassinat de Matoub Lounes le 09 octobre 1988 à Michelet.
En effet, il y a 32 ans, le rebelle avait sillonné la Kabylie pour distribuer des tracts appelant au calme, il était en compagnie de deux étudiants, Mehdi Siam et Masin Ferkal. Ce dernier a notamment rappelé le contexte de cette action. « En 1988, il y a eu des manifestations à Alger. La Kabylie a voulu exprimer sa solidarité, comme toujours, malgré que lorsqu’elle fait face à un malheur, elle se retrouve seule », a-t-il déclaré.
Selon Masin Ferkal, l’université de Tizi Wezzu{Tizi-Ouzou}, étant à l’avant-garde du MCB (Mouvement culturel berbère) a décidé donc de dénoncer la pression des manifestation tout en appelant au calme en Kabylie. Sortis avec d’autres étudiants pour distribuer les tracts, ils ont aperçu Matoub avec sa voiture devant le portail du campus Hasnaoua.
« Après lui avoir demandé de nous déposer à Oued Aissi, Lounes a non seulement accepté mais a insisté pour nous emmener distribuer les tracts dans différentes localités » se souvient le fondateur du site Tamazgha. Et de poursuivre : « Sur la route, il faisait arrêter les bus qui transportaient les employés des différentes entreprises pour leur remettre les tracts et leur demander de les distribuer chez eux ».
Sur le chemin de Michelet, les gendarmes ont voulu intercepter la voiture de Matoub : « On a croisé leur véhicule, ils ont fait demi-tour et nous ont suivis. Lounes a alors accéléré pour arriver à la ville de Michelet » se rappelle-t-il. Et de poursuivre : « voyant l’un des gendarmes sortir sa kalashnikov, j’ai demandé à Lounes de s’arrêter. Ils étaient tellement rapides qu’ils ont percuté notre voiture à l’arrière ».
Les gendarmes leur ont ordonné de descendre de la voiture : « Ils nous criaient dessus avec leurs armes pointées sur nous et nous ont demandé de monter dans leur land-rover. Nous sommes montés Mehdi et moi, alors que Lounes demandait aux gendarmes la raison pour laquelle ils nous ont arrêtés. Il allait monter avec nous mais reçoit plusieurs tirs en rafales de la part de l’un des gendarmes ».
Le rebelle s’est effondré. Il a été allongé à l’arrière du véhicule des gendarmes criminels alors qu’ils prenaient leur temps pour l’emmener à l’hôpital de Michelet. Selon le témoignage de Masin Ferkal, arrivés à l’hôpital l’un des gendarmes a crié en arabe sur le personnel soignant : « emmenez-le et laissez-le crever ce chien ».