« Le statut de la Kabylie » au cœur des débats au lendemain du « zéro votes »

,

A l’annonce des résultats du référendum pour la nouvelle constitution algérienne qui s’est déroulé le 1er novembre, bon nombre d’acteurs politiques kabyles et militants culturels ont réagi et ont appuyé la nécessité d’un statut particulier pour la Kabylie, sans forcément préciser s’il s’agit d’une autonomie ou d’une indépendance.

En effet, le taux de participation au referendum était de 0% pour les localités kabyles. Les bureaux de vote n’étaient pas ouverts et d’autres rapidement fermés à Vgayet et Tizi Ouzou mais également dans les communes Kabyles de Setif, Bourdj Bou Arerridj, Bouira ou encore Boumerdes.

Le député indépendant au parlement algérien Braham Bennadji est l’un des premiers à s’être prononcé en faveur d’un statut particulier et ce, avant même l’annonce des résultat finaux du referendum. « Encore une fois la Kabylie a exprimé pacifiquement et démocratiquement aujourd’hui sa revendication d’un statut particulier. A son élite et sa classe politique de concrétiser cet idéal » a-t-il déclaré.

Un appel que le député de Sidi Aïch a réitéré une seconde fois le lendemain : « Urgence d’une initiative politique regroupant l’ensemble des militants de tous les courants politique de la Kabylie pour donner un prolongement politique à ce deuxième zéro vote en moins de 10 mois » a-t-il a alerté. Et de poursuivre : « La classe politique doit être à la hauteur des aspirations exprimées par la population de cette région ».

L’ex-député et ex-militant du RCD Yassine Aissiouane a également a déclaré que « la kabylie n’a voté ni lors de la mascarade présidentielle ni lors de la farce constitutionnelle. Elle impose de facto son statut particulier », a-t-il soutenu. Il estime qu’« aucune personne ne peut prétendre à la gestion des affaires de la cité kabyle alors qu’elle n’a obtenu la voix d’aucun kabyle. Aucune loi, si fondamentale qu’elle soit, ne peut avoir la légitimité d’être appliquée en Kabylie alors qu’elle n’a eu l’assentiment d’aucun kabyle ».

Des militants qui ont brillé au sein du Hirak ont également tiré des leçons de ce « Zéro votes » retentissant : « Ni khawa khawa ni ahrar ni bravo a3likoum, la houm yahzanoune. La kabylie se démarque et se détache du reste de l’Algérie » a martelé l’un des principaux animateurs du Hirak algérien à Vgayet{Béjaïa}, Riad Boukrara. « La Kabylie se distingue, encore une fois. Elle mérite amplement un statut particulier » a conclu quant à lui l’activiste Hanafi Afroun. Une conclusion partagée par Aamzigh Nacerddine une autre figure du Hirak à Vgayet{Béjaïa}. Quant au militant associatif et activiste du Hirak, Meheni Touati, celui-ci s’est interrogé : « Le référendum a-t-il tracé la carte géopolitique de la Kabylie ? »

Le journaliste Salim Chait, très actif sur les réseaux sociaux, a posté : « la Kabylie commence là où les populations ne votent pas et s’arrête là où les populations ne votent pas. Pas besoin de carte géographique pour connaître les frontières de la Kabylie ». Avant de publier un autre poste où il a déclaré : « les forces vives de la région devraient se concerter dans les jours qui viennent pour traduire politiquement ces rejets perpétuels, pour aller vers un système de gouvernance qui siérait à notre région, et par conséquent à l’Algérie toute entière ».

Le militant Hmimi Belkacemi a également réagi le jour du referendum : « La Kabylie en rejetant massivement, aujourd’hui cette mascarade référendaire, a organisé au même moment son propre référendum pour un statut particulier d’autonomie régionale » a-t-il affirmé.

Le leader du rassemblement pour la Kabylie (RPK), Hamou Boumedine a également réagi le jour du référendum : « deux enseignements à tirer de ce référendum : 1- Le pouvoir a échoué, et 2- la Kabylie doit avoir son statut politique particulier » a-t-il publié.

Durant la soirée d’hier, il a publié une déclaration à travers laquelle il a appelé à une conférence régionale et citoyenne Kabyle.

« Avec zéro kabyle au référendum tout le monde est content. Le pouvoir algérien a fait un pas vers sa nouvelle Algérie. Le MAK a fait un autre vers la Kabylie indépendante. Quant aux hirakistes n’en parlant pas, c’est l’espoir de toute une nouvelle saison de cours à pied qui s’annonce ! » a posté l’universitaire Hamid Annouz.

« Le statut de la Kabylie se dessine. On finira peut-être avec les concessions ? La volonté populaire pourrait faire la différence » a suggéré Mohand Belkacem Avetrun, l’un des piliers de la numérisation de la langue kabyle.

A ceux qui proposent un statut d’autonomie, l’universitaire Nacira Abrous a déclaré : « théoriquement une chose est quasi certaine : politiquement il ne peut y avoir de situation intermédiaire ». Et de poursuivre : « Imposer le fédéralisme aux autres Algériens arabes ou berbères alors qu’ils ne l’ont pas demandé paraît plus qu’aberrant. Sachant que cette alternative qu’on appelle parfois la régionalisation (débat qui date déjà au Maroc) a pour simple but de disqualifier du débat « l’innommable » voie indépendantiste ».

Des retardataires?

Il est néanmoins à préciser que pour plusieurs militants souverainistes, parler de « statut particulier », c’est timide, voir dépassé. Le Président du MAK, Ferhat Mehenni, dans son allocution le soir du « zéro votes », a « exhorté » le pouvoir algérien à engager des négociations avec la Kabylie sur les modalités de son autodétermination.

En effet, pour le Président de l’Anavad, qui a invité les politiques Kabyles à « militer pour l’indépendance sans forcément intégrer une structure« , le pouvoir algérien devrait passer aux négociations « sans tarder afin d’éviter une violence qui ne manquera pas d’advenir« , a-t-il assuré.