Il y a 26 ans, le journaliste Said Mekbel a été assassiné, le jour de la parution de son dernier billet, « Ce voleur qui »

,

Cela fait 26 ans jour pour jour que le journaliste et chroniqueur satirique Saïd Mekbel, aussi connu sous le pseudonyme de Mesmar Dje’ha a été assassiné à Gué de Constantine dans la capitale algérienne à l’âge de 54 ans.

En effet, le fondateur et ancien directeur du quotidien francophone « Le Matin » a été assassiné le 03 décembre 1994 dans restaurant proche du journal à Hussein Dey. Il a été touché par deux balles en pleine tête. Admis à l’hôpital militaire de Ain Naâdja, il succombé le lendemain à ses blessures.

Le natif de Vgayet{Béjaïa} a suivi des études au sein de l’école militaire suite à quoi, il a occupé le poste d’attaché d’administration à la direction de l’énergie et des carburants. Peu de temps après, sa passion pour le journalisme l’a mené vers le quotidien Alger Républicain, qui a été interdit de parution le 19 juin 1965, jour d’accession au pouvoir de Houari Boumediène.

Ce n’est qu’en 1989 que Said Mekbel renoue avec le journalisme suite à l’appel d’ancien du journal Alger Républicain. C’est en 1991 qu’il a fondé le journal le Matin. 03 ans plus tard, il a reçu deux menaces de mort durant la même année pour ses publications. Ce qui contraint sa mère à se réfugier en France. Quant a lui, il a été assassiné quelques mois plus tard.

Son dernier billet intitulé « Ce voleur qui » a été publié le jour même de son assassinat. Il a notamment fait le tour de la presse internationale.

«  Ce voleur qui, dans la nuit, rase les murs pour rentrer chez lui, c’est lui. Ce père qui recommande à ses enfants de ne pas dire dehors le méchant métier qu’il fait, c’est lui. Ce mauvais citoyen qui traîne au palais de justice, attendant de passer devant les juges, c’est lui. Cet individu, pris dans une rafle de quartier et qu’un coup de crosse propulse au fond du camion, c’est lui. C’est lui qui, le matin, quitte sa maison sans être sûr d’arriver à son travail. Et lui qui quitte, le soir, son travail sans être certain d’arriver à sa maison. Ce vagabond qui ne sait plus chez qui passer la nuit, c’est lui. C’est lui qu’on menace dans les secrets d’un cabinet officiel, le témoin qui doit ravaler ce qu’il sait, ce citoyen nu et désemparé… Cet homme qui fait le vœu de ne pas mourir égorgé, c’est lui. Ce cadavre sur lequel on recoud une tête décapitée, c’est lui. C’est lui qui ne sait rien faire de ses mains, rien d’autres que ses petits écrits, lui qui espère contre tout, parce que, n’est-ce pas, les roses poussent bien sur les tas de fumier. Lui qui est tous ceux-là et qui est seulement, journaliste. »

« Ce voleur qui » – Said Mekbel