Il y a 16 ans, jour pour jour, nous quittait le dramaturge, auteur et poète Muhya. Décédé le 07 décembre 2004 à Paris à l’âge de 54 ans.
Pour ce 16e anniversaire, plusieurs hommages lui ont été rendus sur les réseaux sociaux. La pandémie oblige, mais ce n’est pour autant que les kabyles ont oublié ce grand dramaturge et militant qui les marqué, notamment à travers ses œuvres. Ils ont su s’adapter et honorer sa mémoire à leur manière.
En effet, beaucoup d’internautes ont lui ont rendu hommage en publiant des dessins ou en partageant ses œuvres. D’autres ont même repris le passage d’une chanson de Zedek Mouloud « D avrid kan » où il lui a rendu hommage en ces mots : « Ɛaddaɣ ɣer Muḥya, nesɛedda tallit, ufiɣ-tin yella ! Amek akka ulac-it ? Ahya Muḥ a gma, teṛṛeẓ tecbalit, aqbayli n wass-a taɛṛeq-as teqbaylit« .
Quant à Ghiles Aïnouche, il lui a consacré une caricature qui revient sur l’une de ses célèbres citations : « teffeɣ fransa, tkcem-d lzzayer ».
Retour sur le parcours de l’érudit Kabyle
Muhend Uyahya, de son vrai nom Abdellah Mohya, est un poète, auteur et adaptateur kabyle. Né le 1e novembre 1950 à Iɛaẓẓugen{Azazga}, où il a passé la majeure partie de son enfance avant de déménager à Tizi-Ouzou où il a intégré le lycée Amirouche. Après des études en secondaire, il a intégré l’université d’Alger où il a obtenu licence en mathématiques.
Connu sous le nom du « plus célèbre des inconnus », pour sa discrétion et son anonymat sur beaucoup de ses activités militantes et réalisations artistiques, Muhya a fondé la toute première troupe de théâtre Kabyle. Il est considéré, aujourd’hui, comme le père fondateur du théâtre d’expression kabyle.
Mohya a réussi à adapter pas moins d’une quinzaine d’œuvres internationales en langue Kabyle. Les plus réputées sont « sin nni » adaptation de « Les émigrés » de Slawomir Mrozek, « Ssi Pertuf » qui vient de « Tartuffe » de Molière où encore « Aneggaru ad yerr tawwurt » mise au point de « La décision » de Bertolt Brecht.
Ainsi, le dramaturge compte à son actif une vingtaine de casettes audios, enregistrées en France et qu’il envoyait gratuitement en Kabylie, destinées à être distribuées à la jeunesse kabyle qui était pour lui, le pilier du combat identitaire et culturel.
En effet, Muhya a également écrit des chansons pour de nombreux artistes kabyles dont Ferhat Mehenni, Malika Domrane, Idir, Takfarinas… etc. L’hymne de toutes les manifestations en Kabylie « Eǧǧet-aɣ abrid ad nɛeddi» est écrite par ses propres mains, interprétée par Ali Ideflawen.
Dans ses écrits, le poète s’amusait à user d’ironie, de l’humour et de la satire pour parler des détenteurs du pouvoir en Algérie, mais aussi la société kabyle qu’il jugeait archaïque. « Nous sortons à peine du moyen-âge, par conséquent, notre culture traditionnelle est, a bien des égards, encore une culture moyenâgeuse, donc inopérante dans le monde d’aujourd’hui ? Et d’aucuns veulent encore nous ramener au temps de Massinissa » s’est-il confié dans l’une de ses interviews.
Après sa mort, des hommages et des louanges à son honneur lui ont été rendu. Ses pièces théâtrales ont été adoptées sur scène. Des livres lui on été consacré, notamment, le journaliste Abderrahmane Lounes sous le titre « Mohia, le plus célèbre des inconnus ». Sa sœur aussi,Nadia Mohia, a mis à son honneur un livre portant le nom de « La fête des Kabytchou ».