Elle s’appelle Tilelli Bellal, elle est âgée de 28 ans et depuis son village de Taqervuzt {Takerboust} (Aghbalou) situé au sud de la Kabylie, elle enseigne la langue kabyle en distanciel aux étudiants de l’université de Hebei en Chine.
Egalement enseignante de Tamazight au CEM Arib Hocine de Rafour {Iwaqquren}, la jeune femme donne des cours aux étudiants de cette université de la province de Hebei grâce à internet. « Ils ont une application spéciale Ding talk où chaque étudiant dispose d’un compte » nous a-t-elle expliqué.
Contactée par nos soins, Tilelli Bellal a eu l’amabilité de répondre à nos questions sur cette aventure que lui a permis sa maitrise de l’enseignement de la langue kabyle conjuguée avec les opportunités offertes par le monde numérique
VAVA-innova : Comment cette aventure a-t-elle commencé ?
Tilelli Bellal : C’était une annonce sur Facebook, par un certain monsieur Z. Dehmani. Au début j’ai pas pris la chose au sérieux , mais je me suis dite que j’allais tenter quand-même.
Finalement, monsieur Dehmani a été chargé par le doyen de cette université, Monsieur Wang, pour faire cette annonce. J’étais parmi les premiers qui ont essayé de les contacter et en voyant ma motivation ils ont été satisfaits.
Alors ils m’ont demandé de faire une petite vidéo pour connaître ma méthode d’enseignement. Ce que j’ai fait. Après avoir visionné ma vidéo, ils m’ont directement accepté.
Quand est-ce que cela s’est passé ?
C’était vers le début du mois d’août, même un peu avant et j’ai commencé l’enseignement au mois de novembre dernier. C’était la rentrée pour les premières années. Pour les autres niveaux, ils ont commencé au mois de septembre.
Cela ne doit pas être chosé aisée avec le décalage horaire …
C’est un peu difficile car je travaille la nuit vu le décalage de 7 heures. En effet, ce n’était pas évident au début, mais je me suis adaptée car il le fallait bien.
Comment se sont passés vos débuts justement avec les étudiants ?
C’était difficile, notamment au niveau communication. Le message ne passait pas très bien. J’étais censée enseigner en français et les étudiants ne le maîtrisent pas vraiment étant donné que c’est leur première année. La deuxième langue qu’ils parlent après le chinois, c’est l’anglais. Du coup, au début, j’ai commencé à leur expliquer en Anglais.
Vos étudiants sont tous chinois ou bien il y a d’autres nationalités ?
Non, ce sont tous des étudiants chinois.
Et vous savez comment cette université a décidé d’enseigner le Kabyle ?
Il y a des enseignantes kabyles qui enseignent dans cette université. C’était l’idée de l’une d’entre elles, qui est originaire de Vgayet {Béjaïa} et qui enseigne l’allemand. D’ailleurs quand elle l’avait proposée, c’est elle-même qui avait assuré son enseignement.
Donc ce n’est pas la première année où cette université enseigne le Kabyle ?
C’est la troisième année ! D’ailleurs, il y a des étudiants en L2 et L3 (deuxième et troisième année licence).
C’est une spécialité ou bien un module dans une spécialité ?
C’est un module obligatoire dispensé en 22 séances par semaine. Il est dispensé au département franco-germanique.
A titre personnel, votre sentiment sur le fait que le Kabyle soit enseigné en Chine
C’est quelque chose d’énorme !
Sinon, vous pensez partir enseigner sur place ou bien vous allez continuer d’enseigner à distance ?
Une fois les frontières réouvertes, pourquoi pas. D’ailleurs c’est ce qu’ils souhaitent.