Le verdict du procès à l’encontre des 32 musulmans ahmadis a été rendu par le tribunal correctionnel de Tizi Wezzu{Tizi Ouzou} ce mardi 22 décembre. 4 d’entre eux ont été condamnés à 2 mois de prison avec sursis et 20 000 da d’amende, apprend-t-on de l’un de leurs avocats Me Soufiane Dekkal.
Si 27 prévenus de l’affaire des ahmadis ont été relaxés, Falli, Karkache, Baghdad et Hadjazi ont, quant à eux, fait objet d’une condamnation. A noter que le procureur près du tribunal de Tizi Ouzou avait requis 3 ans de prison ferme pour les uns et 18 mois de prison ferme pour les autres.
Pour rappel, le procès des ahmadis s’est tenu le 15 décembre dernier. Ils ont été poursuivis pour : ‘’Diffusion de tracts dans le but de porter atteinte à l’intérêt national’’, ‘’occupation d’une bâtisse pour l’exercice d’un culte d’une manière secrète sans autorisation’’, ‘’collecte de fonds et de dons sans autorisation’’ et ‘’prêche à l’intérieur d’une bâtisse sans autorisation et sans agrément’’ .
Qu’est-ce que le Ahmadisme ?
L’ahmadisme est un mouvement dit réformiste musulman messianiste qui a été fondé par Mirza Ghulam Ahmad à la fin du 19e siècle au Penjab. Tout a commencé en 1889 où ce dernier a proclamé qu’ « Allah » lui a confié la tâche de « recouvrir la pureté de l’islam » et s’est donc déclaré comme « rénovateur ».
Ce nouveau courant a été combattu et rejeté par les autres courants musulmans. Il a même été déclaré « non-musulman » en 1974 par le parlement pakistanais. Toutefois, la moitié des millions de fidèles que compte l’ahmadisme vit au Pakistan. Le reste est éparpillée dans plus de 190 pays à travers le monde.
Par ailleurs, malgré cette forte présence, les musulmans dits ahmadis, sont constamment persécutés dans les pays musulmans, l’instar de l’Algérie. A noter que ces derniers sont très actifs dans le domaine humanitaire et construisent même des hôpitaux, cliniques et dispensaires gratuits.
Les Ahmadis, en plus de vénérer Mohamet, vouent également une grande admiration à Jésus Christ. Ils vénèrent ainsi un tombeau nommé « Roza Bal » où ils considèrent comme étant celui du père du christianisme.
L’Ahmadisme en Kabylie
L’Ahmadisme est apparu en Kabylie et en Algérie en 2007. Œuvrant dans la discrétion, ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard, soit en 2016, que leur existence a été sue par le grand public.
En effet, c’est durant cette année que leur persécution par les autorités algériennes a commencé. «La persécution des ahmadis, ainsi que le discours de haine proféré par des ministres du gouvernement, montre une intolérance envers les croyances minoritaires, qu’elles se disent islamiques ou non», a déclaré, en 2017, Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
En effet, le 02 juin 2016, les ahmadis avaient subi les foudre du gouvernement algérien. A leur tête, Mohamed Fali, leader du courant et également l’un des 32 fidèles ayant fait objet de condamnation aujourd’hui. Il avait été arrêté ce jour-là avec son adjoint et leurs domiciles avaient été perquisitionnés.