Ils nous ont quittés en 2020 et leurs œuvres ont marqué la Kabylie

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L’année 2020 a été bouleversé par une une véritable tragédie. Le monde entier a été bousculé par la pandémie du Coronavirus qui a enregistré pas moins de 1,5 million de décès en moins d’un an. La Kabylie n’a pas été épargnée.

Militants, artistes, chanteurs, footballeurs, politiques, leur triste disparition, des suites de la Covid-19 ou pas, a marqué les esprits.

Itri amellal

Itri Amellal a commencé son parcours artistique dans les années 70. L’un de ses titres, « Macahu », est dédié à la JSK. C’est dans la même époque qu’il a rejoint les rangs de l’académie berbère pour militer aux cotés de Messaoud Mohand Arab. On raconte qu’il a été la première personne à brandir le drapeau berbère à Tizi Ouzou.

Dans son enfance, il a été contraint d’abandonner ses études. Il les a reprises et a décroché son BAC en 2014, avec mention, alors qu’il avait 56 ans. De son vrai non Ali Lahouari et originaire de Imcheddalen  (Tuviret {Bouira}) il est décédé le 5 avril à l’âge de 62 ans à Paris.

Mohand dahmani

Il est l’un des membres fondateurs du Congrès Mondial Amazigh (CMA). Il a également été parmi les organisateurs de la rencontre qui a acté la naissance de cette ONG en faveur de Tamazgha en 1995 à Saint-Rome-de-Dolan, dans l’Occitanie, en France.

Originaire de Boghni, Mohand Dahmani est décédé le 14 avril 2020 à Paris. Il est resté membre actif de l’organisation jusqu’à son premier congrès, en 1997 à Tafira, dans les Iles Canaries.

Mohand Arezki Bouzid

Mohand Arezki Bouzid a rejoint très jeune les rangs de l’armée de Libération Nationale (ALN) durant la guerre de décolonisation. Il a été le compagnon d’arme du Colonel Amirouche et de Abderrahmane Mira.

L’interprète de la célèbre chanson « Ini-as i m leɛyun Ṭawes » a succombé à un AVC le 18 avril 2020, dans un hôpital de la capitale Algérienne. Grace à son premier titre enregistré en 1958, intitulé El Ghorba alors qu’il était déjà dans L’ALN, il fut l’un des artistes kabyles qui ont marqué la moitié du 20e siècle.

Samira Mahmat

L’ancienne animatrice de la Radio Chaine 2 est décédée le 27 avril 2020 dans son domicile à Aïn Benian à l’âge de 65 ans, en pleine rupture du jeune suite à un arrêt cardiaque.

Originaire d’El Kseur (Vgayet), elle animait l’émission intitulée « Timlilit d ufennan » où elle invitait les artistes et chanteurs Kabyles sur les ondes de la chaine 2, dont notamment Matoub Lounes en 1992.

Idir

A travers sa douce voix, son charisme d’artiste et son savoir faire de musicien, Idir a été incontestablement le principal ambassadeur de la chanson Kabyle dans le monde.

Archéologue de formation, le célèbre titre «Vava Inu Va» a changé sa vie. Composée par la belle plume de Ben Mouhamed et chantée par Idir, ce chef d’œuvre intemporel a bercé non seulement la Kabylie, mais la planète toute entière. En effet, «Vava Inu Va» a été diffusée dans 77 pays distincts et a été interprétée dans pas moins de 17 langues.

L’artiste kabyle international a réalisé plusieurs duos avec différents chanteurs venant des quartes coins du monde, à l’image de Charles Aznavour, Patrick Bruel, Francis Cabrel,  Manu Chao, Ar Braz, Maxime Le Forestier, Gnawa Diffusion, Zebda, Gilles Servat, Geoffrey Oryema et l’Orchestre national de Barbès. Il a également chanté avec les grandes figures de la chanson  kabyle, à l’instar de Matoub Lounes, Ferhat Mhenni, Brahi Izri, Ali amrane et d’autres.

Idir de son vrai non Hamid Chait est né le le 25 octobre 1946 à At Laḥsen (At yanni), et décédé le 2 mai suite à une fibrose pulmonaire. Son enterrement à eu lieu loin de sa Kabylie natale. C’est à Paris, au cimetière du Père-Lachaise à Paris qu’il a choisi d’être enterré.  

Nacer Ziouche

Enfant de Djafraa (Bourdj Bou Arrridj), Nacer Ziouche a explosé la scène artistique kabyle dans les années 70. Ses œuvres les plus connues sont « A Yemma Ɛzizen » et « Ma yella kem tettud-iyi ». Il s’est produit aux cotés des plus grands artistes Kabyles, à savoir Slimane Azem, Boudjemaa El Ankis et Youcef Abdjaoui.

Le célèbre chanteur est décédé dans la nuit du 5 au 6 mai 2020, à l’hôpital Cochin à Paris, à l’âge de 79 ans. Il a été inhumé dans son village natal, Achabou.

Omar Boudaoud

Originaire de village Azrubar (Mizrana) , il a été Le dernier chef de la fédération de France du FLN (Front de Libération National). Militant très actif au sein du PPA, Il a été arrêté et emprisonné en 1945 pour avoir pris part aux insurrections en Kabylie. Il rejoint l’OS (Organisation Spéciale) en 1947 et a été encore une fois arrêté pour ses activités au sein de l’organisation.

Il est décédé le 9 mai 2020 à Aix-la-Chapelle en Allemagne,  à l’âge de 95 ans. Il est également considéré comme l’un des architectes des manifestations du 17 octobre 1967 à Paris qui ont couté la vie à plusieurs dizaines d’individus, d’origine Kabyle dans leur écrasante majorité.

Touati Rabah

Surnommé « Rouget », Rabah Touati a été emprisonné et torturé par l’armée française durant la guerre de décolonisation. Il ne sera relâché qu’en 1962. En effet, les responsables de l’ALN l’ont exfiltré en France où il a rejoint la fédération du FLN des Bouches du Rhône à Marseille. Il sera chargé de recruter, d’organiser et de diriger les groupes de choc de la fédération FLN de France à Lyon jusqu’à son arrestation.

Natif d’Ifran à Touga, il est décédé le 21 mai à l’âge de 90 ans à Vgayet. Après son retour de France, il a rejoint l’hôpital Franz Fanon de sa ville où il a été surveillant général jusqu’à la retraite.

Rachid  Ourrad

Rachi Ourrad est connu pour sa générosité, notamment son accueil inconditionnel qu’il réserve, dans sa maison, à ses compagnons dont Said Saadi, Rachid Tigziri, Mustaha Bacha, Ferhat Mehenni et d’autres. Il hébergeait toutes les mouvances politiques en faveur de l’identité et de la démocratie en mettant à leur disposition son bien et son énergie.

Le bijoutier d’At Yanni a tiré sa révérence le 30 mai 2020 à l’âge de 72 ans. Il a été enterré à Taxelwict Ccix Belqacem (Taxuxt) où a été enterré, également, Brahim Izri.

Arezki haidou

Originaire de Tizit (Illilten), Arezki Hidou a marqué les années 60 par ses chansons de l’ancien Chaabi. Sa première œuvre est intitulée « Allo Allo » est sortie dans un album enregistré avec l’aide du chanteur Farid Ali en France. Son parcours artistique a été enrichi avec plusieurs titres notamment : Yuɣal yenna-yas, ay idurar, rwiɣ nhati et qlil ssaḥ.

Agé de 80 ans, il est décédé le 30 juin en France. Son enterrement a eu lieu dans son village natal le 5 juillet. Arezki Hidou a également été militant de la cause identitaire, il a été membre de l’académie berbère dés ses débuts, ce qui lui a valu une arrestation par la gendarmerie en 1976, à Iferhounene.

Belaid lamara

Belaid Lamara est l’un des militants de la cause identitaire dès les années 80. Il s’est fait connaitre à travers ses émissions sur la langue et la culture amazigh sur Radio Tiwizi et Radio Tamazight à Paris. Il a été présent dans toutes les manifestations et toutes les actions ayant pour objectif la promotion de Tamazight en France.

Il a tiré sa révérence le 8 juillet 2020, à l’âge de 65 ans à Paris, des suites d’une longue maladie. Durant les années 80, il a rejoint le Comité de Défense des Droits Culturel en Algérie (CDDCA), il a également été membre  du Collectif Contre la Répression en Algérie et ensuite, en 1985, il a rejoint la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme (LADDH). Il est connu sous le nom du « Militant des causes justes ».

Belkhir Mohand Akli

Qui donc ne connait pas sa très célèbre chanson « tumɛint n tfetusine » ? Blekhir Mohand Akli est sans doute l’un des plus grands chanteurs kabyles durant les années 70s.

Outre ses chansons sur un timbre festif, celui qui s’est éteint à l’âge 69 ans comptait également bon nombre de chansons engagées. Cela lui a valu une perquisition de son domicile par la gendarmerie algérienne et une censure des médias.

Belkhir Mohand Akli était un grand chanteur qui a côtoyé les grands, dont Slimane Azem, Cheikh Nourdine, Hamidouche, Ferhat Mehenni et autres. Malheureusement, vers la fin de sa vie, il a vécu une véritable misère. Il nous a quitté le 10 juillet dernier, et bon nombre de personnalités kabyles lui ont rendu un vibrant hommage.

Mohand Larbi Tayeb

Mohand Larbi Tayeb est un docteur en mathématiques appliquées et militant de la cause kabyle. Il a été président du MAK par intérim entre juin 2010 et aout 2011. La même année, il a organisé l’une des universités d’été du MAK les plus réussies.

Originaire de Larbaa Nath Irathen, il est décédé le 8 aout 2020 des suites d’un cancer du foie. Il a été l’initiateur du département des recherches opérationnelles à l’université de Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Il a formé des générations d’ingénieurs et d’universitaires. Larbi Tayeb est le frère ainé du chanteur Brahim Tayeb.

Mohamed Nait Challal

Militant de la cause identitaire depuis son jeune âge, il a rejoint le RCD dés les premières années de sa création. Par ailleurs, Mohamed Nait Challal a été l’un des premiers, faisant partie de la promotion de Mouloud Mammeri, à enseigner Tamazight en 1995. Exilé en France, l’activiste a poursuivi l’apprentissage de la langue Kabyle et de Tamazight aux enfants berbérophones de France.

Originaire de Seddouk (Vgayet {Bejaia}), il a tiré sa révérence le 13 aout 2020 à l’âge de 62 ans, dans un hôpital a Créteil des suites d’un cancer des poumons.

Mouloud Kaneb

Mououd Kaneb est l’un des premiers fondateurs de l’académie berbère aux cotés de Bessaoud Mohand Arab. Il a été exilé en France à l’âge de 20 ans, où il a rejoint la lutte identitaire. Il avait en sa possession les toutes premières et rares versions des drapeaux berbères conçus dans les années 70.  A l’époque, il distribuait l’emblème de Tamazgha en France et dans les autres pays de l’Europe.

L’originaire d’Ighi Igoulmimen (Iwadiyen{Ouadias}), ilest décédé le 29 septembre 2020 en France, à l’âge de 80 ans. Il a été enterré dans son village natal en présence d’une importante foule de gens, venus des 4 coins de Kabylie pour un dernier adieu à l’un des plus anciens berbéristes.

Rabah belabed

Rabah Belabed est un jeune réalisateur originaire de Tagmount El Djeddid (Iwadiyen{Ouadhias}). Il a réalisé plusieurs films dont, notamment, le film « Tifukal » sorti en 2011, « Timzizelt di Taddart » en 2012 ainsi que le film « Le mystère de l’héritage » sorti en 2016. Il a également réalisé une interview inédite avec le chanteur Heddad Fateh et d’autres reportages.

En effet, le jeune artiste ne s’est pas seulement limité à la réalisation artistique mais a aussi été un sapeur pompier. Il avait un visa et un billet d’avion pour le Canada mais la Covid-19 a voulu que ses projets soient suspendus.

L’artiste de 45 ans a été retrouvé mort le 16 octobre dernier, prés de son village dans des circonstances mystérieuses. Il aurait été victime d’un lynchage selon l’état de son corps retrouvé sans vie. Père d’une petite fille, sa femme, par le choc du drame, a accouché prématurément d’un garçon qui porte désormais le prénom de Rabah.

Nna Aldjia Matoub

Nna Aldjia est la mère de Matoub Lounes. Elle a notamment pris part à son album intitulé « Tighri n yemma ». Elle a eu à réciter un poème dédié aux souffrances et aux tragédies qui étaient du sort de Matoub, dont son agression à Michelet (Ain El Hemmam) où il a pris plusieurs balles par un gendarme Algérien. En 2000, 2ans après l’assassinat du rebelle, la mère courage a produit un album de 6 chansons, avec le titre « complainte pour mon fils ».

La mère du rebelle est également très impliquée dans le combat identitaire, c’est-à-dire, celui de Matoub Lounes. Depuis son assassinat, elle a su porter sa mémoire et exigé justice et vérité sur son meurtre. Dans les années 2000, Nna Aldjia a fait le tour du pays et a rendu visite à toutes les familles des victimes, sans exception, du printemps noir Kabyle.

Originaire de Taourirt N Moussa Weɛmer  (At Dwala {Beni Douala}), Nna Aldjia a tiré sa révérence le 5 novembre 2020 à l’âge de 89 ans, dans un hôpital à Paris. Elle a été enterrée dans sa maison familial comme elle l’a souhaité de son vivant. Une foule de milliers de personnes sont venues des quatre coins de Kabylie pour lui faire un dernier adieu. D’innombrables hommages lui ont également été rendus.

Tahar Khelfaoui

Tahar Khelfaoui est un musicien et chanteur mais également peintre et sculpteur. Parmi ses chansons les plus connues, on retrouve « acugher », « Achal Mennagh » et « Ccama-w ».

Originaire de Vgayet (Bejaia), il est décédé le 6 novembre 2020 à l’âge de 68 ans. Avec Djamel Allam, l’artiste kabyle a enflammé la scène du théâtre de Bejaia d’activités culturelles dans les années 70. Il a organisé, avec ses amis, le festival de Djoua sous le slogan « Patrimoine et développement local ».

Mohand Chérif Hannachi

Originaire de Larbaâ Nath Irathen, l’ex président de la JSK a remporté 6 championnats d’Algérie avec le club phare de la Kabylie en tant que joueur, entre 1969 et 1983. Sur le plan continental, il également été vainqueur d’une coupe d’Afrique des clubs champions en 1981 et d’une super coupe de la CAF en 1982.

L’ancien footballeur a occupé le poste de président du club entre 1993 et 2017. Il a remporté un total de 10 titres dont 4 championnats d’Algérie, une coupe d’Afrique des vainqueurs de coupes, trois coupes de la CAF consécutives et deux coupes d’Algérie.

Son état de santé a commencé à se détériorer, suivi d’une langue période d’hospitalisation au CHU de Tizi-Ouzou, puis à l’hôpital de Ain Naadja. Moh Cherif Hannachi a tiré sa révérence le 13 novembre 2020 à l’âge de 70 ans.

Meghrici Rezki

C’est en 1974 qu’il a intégré la JSK, il a occupé le poste d’arrière gauche au sain de l’équipe. Il a notamment marqué l’histoire du Club dans les années 70.

Meghrici Rezki a tiré sa révérence le 25 novembre 2020 à l’âge de 67 ans. Il serait décédé par la Covid-19 selon plusieurs sources. Il est enterré chez lui à Mirabeau (Draa Ben Khedda). Plusieurs artistes kabyles ainsi que ses anciens camarades du ballon ont témoigné de leurs hommages et regrets de la disparition de l’une des icones de la JSK.

Quant au Club phare de la Kabylie, il a consacré un maillot en hommage à ses deux anciennes étoiles du foot, Mohand Cherif Hannachi et Rezki Meghrici, en portant un maillot baptisé « Tajmilt » à leur mémoire lors de son premier match du championnat Algérien disputé contre CABBourdj Bou Arerridj.

Yousfi Khelifa

Younsi Khelifa

Membre fondateur du groupe Tagrawla, Yousfi Khelifa est originaire de Taddart Oufella à Larbaâ Nath Irathen. Il s’est décédé le 1er décembre à l’âge de 66 ans des suites d’une longue maladie.

C’est durant les années 70s, alors qu’il était étudiant à l’université de Bab Ezzouar à Alger, qu’il a fondé le groupe de musique kabyle moderne « Targawla » avec quelques-uns de ses amis. Ensemble, ils ont animé plusieurs spectacles, notamment dans le milieu universitaire. Ils luttaient pour leur identité à travers leurs chants en plein printemps 80s.

Chanteur et musicien, Yousfi Khelifa était également enseignant universitaire. Au delà de l’art, il s’est également consacré à l’enseignement à l’université de Tuviret et celle de Tizi Wezzu. Sa triste disparition a notamment suscité l’émoi de la communauté universitaire.

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