Rapport de B. Stora : La France négocie avec des États et non pas avec des communautés (par Romain Caesar)

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Tant que la France et l’Algérie entretiennent la mémoire de la colonisation, les Kabyles ou les Berbères seront les éternels perdants.

L’État français, qui aspire à la réconciliation avec l’Algérie et ses Français de banlieue, invente, par le biais de son historien B. Stora, une mémoire qui, exclut certes des excuses, mais à la place de ces excuses, elle (la France) offrira aux Algériens et à ses Français de banlieue des compensations significatives, comme l’érection, sur une place de Paris, d’une statue pour leur ami L’Emir Abdelkader.  Un personnage qui arrange les Français, les Arabes, les Musulmans et les Banlieusards. Reste les Kabyles,  qui n’aiment pas trop l’Emir, ils comptent pour du beurre. Ils se contenteront,  encore une fois, de quelques formules de politesse de la part de certains politiques cyniques parisiens : « Les Kabyles sont gentils« .

Comme tout le monde le sait, les Kabyles sont démocrates. Ils s’intègrent bien. Ils n’aiment pas les problèmes. Ils ne diront rien comme d’habitude. Mais cela leur fera, quand même, un sujet de conversation dans les bars, ainsi quelques combats de coqs entre les pour et les contre. Histoire de se défouler pour ne pas mourir de frustration et de jalousie.

Le comble, c’est que beaucoup de ces Kabyles, tout en contestant cette mémoire franco-arabo-islamique, continuent en marge de chanter une autre mémoire, la leur, – (pas toute à fait la même que celle de Stora, mais pas tout à fait une autre) – que personne ne leur reconnait, ni en France ni en Algérie.

Pourquoi les Kabyles veulent-ils qu’on leur reconnaisse une petite mémoire dans une grande mémoire ? Une petite guerre dans une grande guerre?

Les Kabyles doivent comprendre que, sans État,  ils n’obtiendront que des droits octroyés pour les Arabo-Musulmans. La France négocie avec des États non pas avec des communautés gentilles, intégrées, courageuses, laïques, travailleuses, honnêtes, démocrates…

Rien ne changera cette donne pas même les lettres brillantes de nos intellectuels  (mes respects à madame Yacine), mais « Annar akka i gesttwarwat », pour ne pas dire : « C’est ainsi que ça se passe chez Mac Donald« .

Nos parents ont fait la guerre avec les Arabo-Islamistes. En faisant la guerre avec eux, ils leur ont offert, avec l’aide de la France, l’Algérie sur un plateau d’argent. La guerre d’Algérie est un acte notarié que nos parents ont signé les yeux fermés à leurs anciens colonisateurs. Ils leur ont cédé jusqu’à leur statut de colonisés. Le colonisé, aux yeux du monde, n’est plus le Berbère, mais l’Arabo-Musulman.

En continuant de célébrer la guerre d’Algérie, d’entretenir la petite mémoire locale dans la grande mémoire algérienne, nous resterons les orphelins de l’histoire, les indignes descendants de Massinissa. En Algérie, en France ou ailleurs, nous n’aurons que des droits en tant que Arabo-Musulmans, mais jamais en tant que Kabyles.

En somme, comme avec l’esclavage, tant que la France et l’Occident reconnaissent le statut de colonisés aux Arabo-Musulmans, cette reconnaissance empêche de voir le colonialisme qu’exercent  ces  présumées victimes sur d’autres peuples. 

Romain Caesar, Écrivain