DOSSIER. Comprendre la situation actuelle d’une JSK en lutte

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Les enjeux sont si importants et la situation est si compliquée que beaucoup de Kabyles n’appréhendent pas les dessous de ce qui se passe actuellement à la JSK. Partagés entre les soutiens et les rivaux de l’actuelle direction du club, ils ne comprennent pas forcément les raisons d’une situation bien complexe.

Bien que l’actuel président du club Kabyle ait fait des erreurs qu’il aurait pu facilement éviter, sa présence depuis février 2018 a incontestablement apporté des fruits, notamment l’assurance du maintien en première division juste à son arrivée. Ses détracteurs justifient leur acharnement par le manque de résultats sportifs, alors que ceux-ci se sont nettement améliorés depuis 2018.

L’autre angle de vue qui permet d’avoir la certitude que Chérif Mellal dérange en tant que personne et non en tant que président, c’est les mensonges que publient les pages Facebook de façon à manipuler les supporteurs. C’est aussi la jonction qui s’est établie entre ces gérants de pages et quelques médias qui participent eux aussi à la manipulation et à la déstabilisation de la JSK. Ceci dit, parmi les opposants à la direction il y a des personnes de bonne foi qui sont impatients de voir leur club gagner de nouveau des titres.

Les lignes suivantes expliqueront minutieusement la crise que traverse le club Kabyle, ses enjeux et les solutions possibles.

I- La JSK avant l’arrivée de la nouvelle direction

Certains manipulateurs veulent faire croire aux supporteurs que la situation actuelle du club est la plus catastrophique de son histoire. Ces manipulations sont basées sur un seul argument « La JSK est un club de titres ». Une expression qui est à la fois vraie et artificieuse. Pour étayer leur position ils étalent les réalisations du JUMBO-JET des années 1980 faites grâce à son Président Boussad Benkaci.

Mais ce qu’ils oublient ou ce qu’ils font semblant d’oublier est que la JSK est dans une situation chaotique depuis près de 12 ans. Des faits tangibles qu’on peut facilement retrouver dans la presse ainsi que des chiffes le démontrent. Comme le rappelle l’expression : les hommes mentent jamais les chiffres !

« La décennie noire de la JSK » en quelques faits

Le dernier titre qu’a gagné la JSK date de 2011 et le dernier championnat remonte à 2009. De 2010 jusqu’à 2018, année d’arrivée de Mellal, le club phare de la Kabylie a joué à 6 prises le main, en 8 saisons, frôlant la relégation 4 fois. La JSK n’a arraché durant toute cette période que deux fois une place qualificative pour une compétition africaine, et n’en a joué qu’une seule. L’unique titre qu’a gagné la JSK en cette décennie désastreuse est une coupe en 2011.

  • 2010/2011 : 11e avec 37 points à un point du 3e relégable
  • 2011/2012 :  9e avec 41 points (loin du danger)
  • 2012/2013 : 7e avec 41 points (loin du danger)
  • 2013/2014 : 2e avec 54 points (loin du champion)
  • 2014/2015 : 12e avec 39 points à 1 point du 3e relégable
  • 2015/2016 : 3e avec 45 points (loin du champion)
  • 2016/2017 : 11e avec 38 points à 2 points du 3e relégable

En ce qui concerne les participations africaines, les canaris ont décroché une qualification en ligue des champions en 2014. Ils ne l’ont pas disputée car la CAF leur a infligé une sanction pour cause de la mort d’Ebossé. La JSK a réussi à se qualifier en coupe de la CAF en 2016 et a été éliminée au second tour par le TP Mazembe.

Le rythme de la JSK a baissé depuis 1993

Toujours dans la cadre sportif et dans l’optique de contrarier l’argument piège exprimé par les ennemis de l’actuelle direction « la JSK est un club de titres », nous allons brièvement rafraichir la mémoire des supporteurs sur la baisse de rythme et la dégringolade qu’a connu leur club depuis les années 1990.

On rappelle que la JSK a gagné en seulement 10 ans (1980/1990) 7 championnats et 2 ligues des champions en battant par ailleurs d’autres records sportifs. Cet exploit a permis au club Kabyle d’acquérir son prestige et devenir un « club de titres ».

Bien que l’ère Hannachi a été couronnée de plusieurs titres, dont trois coupes de la CAF, on doit relativiser cela vu que Hannachi a régné bien plus longtemps sur le club que son prédécesseur Boussad Benkaci.

On note que durant près de 25 ans de règne, Moh Chérif n’a gagné que 4 championnats, sans pouvoir doter la JSK d’une troisième ligue des champions africaine. Ces chiffres font qu’en cette période la JSK est devenue un simple club à l’image de l’USMH, du MCA ou du NAHD !

Vu ces éléments, on peut conclure qu’il est aberrant de reprocher à la direction actuelle la situation d’une JSK mise à genoux par la direction précédente. On peut également suggérer que cette direction a sans doute besoin de temps pour se reconstruire et de reprendre son prestige d’antan.

II- L’actuelle direction : ses réalisations et ses erreurs

Jeter des fleurs sur la direction actuelle à sa tête Chérif Mellal et affirmer que tout a été parfaitement géré, c’est faire preuve d’un parti pris déraisonné. Mellal, comme il le reconnait lui-même, a depuis son arrivée fait plusieurs erreurs. Des erreurs dues certainement d’une part au manque d’expérience et d’autre part à une pression terrible de la part de ses opposants. Ceci dit, son bilan jusqu’ici est loin d’être tout noir, bien au contraire il a accompli des choses à vanter.

Une arrivée en force de Mellal

L’ex directoire constitué du trio Madjene-Ait Djoudi-Zououi qui a dirigé la JSK au début de la saison 2017/2018 était un fiasco total. Pour rappel en février 2018, soit à 3 mois seulement de la fin de saison, la JSK était classée parmi les trois relégables et les joueurs étaient impayés durant 7 mois.

Mellal qui a pris les commandes le 25 janvier 2018 a pu sauver la JSK de la relégation, chose que lui reconnaissaient même ses adversaires/ennemis d’aujourd’hui. Afin d’y arriver, il a, au préalable, fait appel aux supporteurs de revenir au stade. Ce qui a participé grandement à cette réalisation. Le natif d’At Iraten a par ailleurs motivé les joueurs avec des primes et a payé les salaires que leur devait l’ancien directoire.

Comme il a été déjà cité, la JSK est passée par une décennie infernale. Mellal n’a pas pu faire renouer jusqu’ici le club avec les titres, toutefois depuis sa venue il l’a hissée vers sa place habituelle, autrement dit : les premiers rôles.

La JSK a réalisé une saison 2018/2019 exceptionnelle en la terminant à la 2e place, à un point seulement du champion. A noter que l’USMA, qui a gagné le championnat, a usé de moyens extra-sportifs, sans compter le sabotage et la campagne de déstabilisation auxquels le club a été confronté notamment vers la fin de saison.

La saison 2019/2020 est aussi celle qui a confirmé l’amélioration des résultats sportifs par rapport aux années précédentes. La JSK a fini à la 4e place, à 4 points du premier, tout en rappelant que la saison a été arrêtée avant 8 matchs de la fin.

C’est la première fois depuis 2009 que le club Kabyle ait, pu décrocher deux ans de suite, une qualification africaine.

Les erreurs qui pèsent sur l’actuelle direction

Le bilan sportif est comme on vient de l’expliquer positif, en trois ans les résultats se sont largement améliorés. Néanmoins des erreurs qui étaient facilement évitables ont été commises par l’actuelle direction.

Quelles que soient les circonstances qui pourraient être la raison, consommer 6 entraineurs en l’espace si restreint de 3 ans est signe d’une gestion quelque peu infructueuse. L’erreur majeure était sans doute de libérer un entraineur (Franck Dumas) qui, avec peu de moyens et une équipe jeune, a pu être vice-champion. D’autre part, la libération de certains joueurs qui constituent la colonne vertébrale de l’équipe a poussé les supporteurs à perdre confiance en la direction.

Mais ce qui a accentué la désillusion de ces derniers, est selon certains, les promesses non-tenues de Cherif Mellal. A son arrivée celui-ci a déclaré dans certains plateaux télés, qu’il était prêt à injecter dans le club 50 milliards de centimes, de bâtir une équipe compétitive à une échéance de trois ans et de gagner des titres avant même la fin de cette durée.

Mellal, répondant à un journaliste de berbère Tv sur ce sujet dernièrement, a déclaré que sans cette promesse, la mafia qui tient le club ne lui aurait jamais permis de présider la JSK.

III- Mellal dérange ceux qui ont perdu leurs « petits privilèges »

En dépit des résultats catastrophiques et des scandales qu’a connus la JSK avant 2018, ceux qui s’opposent aujourd’hui à la direction sous prétexte de mauvaise gestion ne disaient rien à cette époque. La raison est simple à déduire, ceux qui lancent des polémiques et font de la manipulation ont perdu leur privilèges avec l’installation de la nouvelle direction.

Les voyous qui rôdent autour de la JSK

Les voyous qui habitent aux alentours du stade sont les premiers que le changement dérange. Avant 2018, ils avaient à chaque match des quotas de tickets qu’ils vendaient à la fois dans les billetteries qui leur sont réservées mais aussi au marché noir. De surcroit, ces mêmes personnes possèdent des parkings illégaux qui rackettent la population dans la ville de Tizi Ouzou, notamment les supporteurs.

Les pages Facebook

Des pages Facebook qui ont une influence sur les supporteurs sont derrière une multitude de manipulations contre la direction de la JSK. La direction actuelle multiplie les démentis contre elles mais celles-ci semblent avoir la peau dure. Il est à rappeler qu’avec les anciennes directions, sans être l’organe informationnel officiel du club, la page Wlad Ain Naadja avait curieusement l’exclusivité sur les informations du club. Actuellement, c’est à travers sa page officielle que la JSK communique.

Les journalistes

Les journalistes qui participent à la compagne anti-Mellal ont aussi perdu leurs avantages depuis quelque temps. Le verrouillage qu’a effectué l’actuelle direction au niveau de l’information ne plait surement pas à la presse et aux médias. En outre, les journalistes faisaient la promotion et la surenchère des joueurs et participaient au recrutement de ces derniers avec l’aide des pages Facebook afin de toucher une commission par la suite. Toutes ces pratiques ont été éliminées après la venue de Mellal qui ne badine pas avec cette corruption.

Si toutes ces parties sont contre la direction en place et essayent de la déstabiliser par tous les moyens, c’est tout simplement parce qu’ils ont perdu leur privilèges à la fois au niveau du confort mais aussi au niveau financier.

IV- La solution pour gagner en stabilité

Comme il vient d’être expliqué les détracteurs de Mellal ne sont motivés que par leurs intérêts. Par conséquent ils ne proposent aucune alternative et s’ils avancent ou mettent en avant des noms, c’est dans le sens de rétablir leurs privilèges. Des options s’offrent à la JSK afin de sortir de cette crise et chacune avec ses avantages et ses inconvénients.

L’ouverture du capital?

L’ouverture du capital qui semble de façade être la solution qui fait unanimité n’arrange pas en réalité quelques-uns. Si certains actionnaires veulent précipiter le départ de Mellal et le faire remplacer par un autre directoire c’est pour éviter l’ouverture du capital qu’ils font semblant de revendiquer. Cette solution implique comme on le sait tous, l’intervention d’un commissaire au comptes afin d’établir un audit comptable et financier. Ainsi, si les actionnaires avaient effectué des démarches frauduleuses depuis leur arrivée en 2010, ils seraient démasqués et punis par la justice.

De ce point de vue, l’ouverture du capital est donc la solution idéale, étant donné que ça permet de se débarrasser de tous les parasites responsables de ce que vit le club actuellement. Par ailleurs, il offre la possibilité à la JSK d’être racheté (majorité des actions) par un investisseur capable de redorer le blason du club.

Toutefois cette issue ne reste pas sans inconvénients du moment que n’importe qui ou n’importe quelle société peut reprendre la JSKabylie. Aucun Kabyle n’imagine qu’un étranger qui ne partage pas les valeurs à la fois de la JSK et de la Kabyle puisse posséder leur club qui ne se limite pas à une dimension sportive. Si la démarche de l’ouverture du capital est enclenchée, les supporteurs Kabyles doivent solliciter un grand industriel de la région à l’exemple de Rebrab, et l’inciter à acheter les actions.

L’augmentation du capital?

L’augmentation du capital est une partie du dénouement et c’est la solution qui se situe entre l’ouverture du capital et le départ de l’actuelle direction. Les conséquences différeront en fonction des deux modalités de l’augmentation du capital choisies : l’augmentation de la valeur nominale de chaque action, l’augmentation du nombre de parts ou bien l’association des deux augmentations.

Cette issue permet d’une part à améliorer la situation financière du club en remplissant les caisses, d’autre part elle permet d’intégrer d’autres associés qui pourront éventuellement ramener un plus au club.

Le plus grand avantage est qu’une fois la valeur des actions aura été augmentée, les parasites qui ont rejoint le club avec des sommes médiocres et qui l’ont pris en otage durant des années partiront. Ce qui doit précéder l’augmentation du capital et être considéré comme une étape préalable est la convocation d’un commissaire au comptes afin d’effectuer un audit comptable.

Le départ de Mellal ?

Le départ de Mellal est ce qui fait consensus chez ses adversaires. Les médias ainsi que les pages Facebook ont fait croire aux supporteurs que la période de l’actuelle direction est pire que toutes celles qui ont précédé, ce qui est faut comme on vient largement de l’expliquer.

La destitution d’une direction peut toujours être une solution de sortie de crise. Mais remplacer Mellal par qui? Aussi, le prochain directoire peut débourser plusieurs milliards dans le recrutement, constituer une équipe de stars et gagner un titre la première ou deuxième saison, mais est-ce que cela est fructueux à long terme, sachant que tous les clubs qui optent sur ce genre de projets échouent au bout de quelques années ? Non ! La cause est simple, le championnat algérien ne possède pas de moyens qui permettent d’une manière claire de rentabiliser un club de football.

Le peuple derrière Mellal?

Et si le peuple Kabyle pouvait sauver la JSK? En tout cas, Mellal et son bras droit, Miloud Iboud, semblent tendre la main à la Kabylie : « nous travaillons pour taqvaylit« , ont-ils dit à maintes reprises. En plus du gros travail d’assainissement en cours, la direction a repris la communication en Kabyle, a ouvert les gradins à la gente féminine, a activement pris part à d’importantes actions sociales touchant toute la Kabylie, notamment dans le cadre de la Covid-19. En plus des résultats sportifs, ce sont les valeurs d’antan que Mellal veut faire retrouver au club phare de la Kabylie. Un soutien massif, en plus d’appuyer l’orientation de la direction et rassurer les joueurs, va sans doute affaiblir tout ce petit monde corrompu qui rôde autour de la Jeunesse Sportive de Kabylie.