Commerces de vente d’alcool interdits à Tizi-Ouzou et Bejaïa mais autorisés à l’ouest (par Kader Sadji)

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Alors que les walis des wilayas de Mostaganem, Sidi-Bel Abbes, Aïn-Témochent et Tiaret ont expressément établi des arrêtés de réouverture des commerces de boissons alcoolisées, le wali de Bejaïa continue de maintenir leur fermeture, apprend-on auprès des professionnels du métier qui considèrent cette mesure comme un « abus de pouvoir » ayant un soubassement « idéologique intégriste. »

Des contradictions criardes sont relevées. Dans l’arrêté du 25 mars 2020, le wali de Bejaïa prend une série de mesures pour endiguer la montée de la propagation du coronavirus et décide de la fermeture de plusieurs commerces, dont celui des boissons alcoolisées qu’il cite expressément dans son document. Cependant, et c’est la le hic, dans son communiqué du 8 novembre 2020, « le wali, reprennent avec indignation nos interlocuteurs, n’interdit pas expressément la vente à emporter des boissons alcoolisées, mais quand on va travailler, on nous ferme nos locaux. »

D’un côté, on autorise la vente à emporter des boissons de manière générale, mais sans spécifier si les boissons alcoolisées sont concernées ou pas. Cette ambiguïté est volontairement entretenue pour servir des desseins inavoués :

  • Clochardiser la société ;
  • Satisfaire et encourager le courant salafiste intégriste qui s’enracine de plus en plus en Kabylie ;
  • Donner à ce genre de commerce un caractère illicite et semi-clandestin comme cela se passe dans la plus part des villes algériennes (il y a plus de 300 points de vente clandestins dans les seules wilayas de Bouira et de Bejaïa) ;
  • Criminaliser la consommation d’alcool ;
  • Perpétuer la pratique des pots-de-vin dont les gros pontes locaux du régime tirent des profits astronomiques.

Autre contradiction. Pourquoi d’un côté on autorise les usines de fabrication de boissons alcoolisées à travailler comme d’habitude et 24h/24 et à livrer la marchandise aux grossistes et d’un autre côté on interdit sa vente aux débits de boissons (détaillants) ? Pourquoi aussi, ont-ils relevé, ce sont les usines privées qui ont le droit de vendre, sans facturation en plus, et les usines étatiques, Sotravit (Société de Transformation viticole, ex-ONCV), n’ont-elles pas le droit de vendre alors qu’elles continuent à fabriquer du vin ?

Depuis le mois de mars, elles ne font que stocker leur marchandise. « Veut-on les pousser à la faillite et à la fermeture au profit des usines privées ? », s’interrogent encore nos interlocuteurs.

Ces derniers avouent que malgré l’obligation faite aux débits de boissons alcoolisées de ne pas encore ouvrir leur commerce, leurs gérants sont paradoxalement convoqués par les services des Impôts. « Comment doit-on payer nos impôts alors qu’on n’est pas autorisé à travailler ? », s’indignent-ils. Ils poursuivent : « On nous dit : reprenez le même bilan des activités de l’année passée et vous payez comme si vous avez travaillez. » Inconcevable.

A Bejaïa, les professionnels de ce métier sont outrés par l’attitude du wali. A ce jour, il n’a pas daigné les recevoir. Il est le premier responsable des conséquences de la situation chaotique engendrée par son comportement.

L’APW a aussi sa part de responsabilité. Elle s’est refusée de faire pression sur le wali et à alerter l’opinion sur les dangers que représente ce dernier. Les élus APW FFS, RCD, UDS ont fui leurs responsabilités comme cela a été le cas dans tous les domaines (dilapidation du foncier, interdiction d’ouverture des débits de boissons alcoolisées, arrestations massives de manifestants pacifiques, harcèlements judiciaires contre ces derniers, affaire des disparus en mer…). Leur silence complice a beaucoup facilité la tâche au wali qui a instauré le règne de l’arbitraire dans une totale impunité.

A l’exception de Bouaich Chafaâ, tous les autres députés de Bejaïa se sont débinés face à ce déni de justice. Et dire qu’ils perçoivent une mensualité de 40 millions par mois pour s’occuper des problèmes qu’endure la wilaya de Bejaïa.

En désespoir de cause, les professionnels sont décidés toutefois à ouvrir leurs commerces et travailler en toute transparence et légalité. Les professionnels de la wilaya de Tizi-Ouzou ont également décidé de faire de même. L’injustice doit avoir une fin.

Kader Sadji
repris depuis le compte Facebook de l’auteur

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