L’islamologue Saïd Djabelkhir a été poursuivi en justice par des islamistes dont un groupe d’avocats et il comparaitra le 25 février prochain devant la chambre correctionnelle du tribunal de Sidi M’Hamed dans la capitale algérienne.
Alors que le chercheur en soufisme ignorait tout de cette affaire, l’enseignant Bachir Bouyedjra Aberrezak spécialiste en sécurité numérique et enseignant à l’université Djillali-Liabès de Sidi Bel Abbès, qui est l’un des plaignant, a annoncé la nouvelle avec réjouissance sur les réseaux sociaux.
« Grâce à dieu, une plainte a officiellement été déposée à l’encontre du dénommé Said Djabelkhir » s’est félicité l’enseignant tout en affirmant que l’islamologue est poursuivi pour « atteinte aux préceptes de l’islam« .
Contacté par le journal liberté, l’islamologue a affirmé qu’il n’était pas au courant de cette affaire et qu’il avait appris son existence à travers les réseaux sociaux. Il considère très grace la campagne de lynchage dont il est victime alors qu’il n’avait même pas été auditionné.
« Lorsqu’on porte une affaire devant un tribunal, on laisse, en principe, la justice faire son travail. Mais de là à lancer des appels, c’est quelque chose de très grave » a déclaré Said Djabelkhir au quotidien algérien. Et d’ajouter « Je crois que c’est pour la première fois qu’on poursuit un chercheur pour ses idées et son travail académique. S’il y a un spécialiste dans le domaine qui voit les choses différemment, je souhaite qu’il m’apporte la contradiction de façon académique ».
Plusieurs avocats sont constitués en collectif pour défendre le chercheur, il s’est d’ailleurs montré reconnaissant à leur égard et à l’égard de ceux qui l’ont soutenu.
La Kabylie et des intellectuels algériens, solidaires
La nouvelle s’est répandue aussi vite d’une trainée de poudre faisant ainsi réagir plusieurs personnalités kabyles intellectuels algériens. L’un des premiers à réagir, c’était Me Salah Dabouz, l’avocat mozabite.
« Je lance, à l’occasion, un appel à tous les citoyens honorables pour propager les idées de Saïd Djabelkhir afin d’y inonder la scène culturelle par solidarité avec ce penseur moderniste et par soutien aux valeurs de tolérance et de la liberté de pensée et d’opinion » a martelé le militant des droits de l’homme.
« Attention, la talibanisation de l’Algérie a-t-elle commencé ? Les nouveaux inquisiteurs ont-ils débarqué? L’ère des années 90 est-elle de retour ? » a alerté l’écrivain Amin Zaoui, tout en apportant son soutien indéfectible à l’islamologue progressiste.
L’activiste Salim Chait a quant à lui déclaré : « Je suis solidaire avec Said Djabelkhir, contre lequel, les » fous de Dieu » ont déposé plainte pour avoir offensé leur » ignorance sacrée ».«
« Ceux qui attentent à l’Islam, ce sont ceux qui volent, violent et tuent en son nom. Notre soutien à Said Djabelkhir » a réagi quant à lui le coordinateur du RPK, Hamou Boumedine.
Le café littéraire de Vgayet a également réagi par la voix de Kader Sadji à travers une longue déclaration où il dénonce « un procès de la pensée critique ». Le café littéraire de Tichy a également apporté son soutien à l’islamologue.
L’activiste et journaliste Hafit Zaouche a déclaré : « Cette affaire va nous permettre de parler du niveau de l’encadrement de l’université algérienne, ça va nous permettre de tout dire sur cette institution qui caracole aux dernières places du classement mondial des différentes universités du monde » faisant référence à l’universitaire qui a tenu à ester Said Djabelkhir en justice.
Pour rappel, Said Djablkhir est le fondateur du « Cercle des Lumières pour la pensée libre ». Il est connu pour avoir une vision progressiste et moderniste de l’islam, ce qui l’a mis au centre plusieurs polémique et même exposé à des menaces de mort des islamistes algériens.