Une délégation du FFS composée du premier secrétaire national, Youcef Aouchiche, et du membre de l’instance présidentielle, Hakim Belhacel, a rencontré le président algérien Abdelmadjid Tebboune ce dimanche 14 février.
Dans un communiqué de la présidence algérienne, il a été indiqué que le président Tebboune a accueilli durant la même journée deux leaders de partis islamistes, à savoir, Filali Ghouini du mouvement El Islah et Abderrezak Makri du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP).
« Au cours de cet échange, nous avons appelé à prendre des mesures politiques fortes, de nature à rétablir la confiance avec les Algériennes et les Algériens, et à ce que s’exprime une volonté politique réelle pour la consécration du changement « , indique un communiqué du FFS publié le même jour.
La même source précise que plusieurs mesures urgentes ont été soumises au chef d’Etat algérien, parmi lesquelles on distingue, « la libération de tous les détenus d’opinion » et « l’ouverture des champs politique et médiatique ainsi que la levée des entraves à l’exercice des libertés fondamentales, individuelles et collectives« .
Toutefois, le FFS est convaincu « que seul un dialogue politique sincère, responsable et transparent, visant la construction d’un consensus national, permettra le renforcement et la consolidation du front intérieur pour mettre en échec toute tentative extérieure ou intérieure de porter atteinte à la souveraineté du pays et à l’unité du peuple algérien« . Le FFS de Youcef Aouchiche et le gouvernement algérien se seraient donc trouvés un ennemi commun, à savoir, le MAK.
Réaction suite à cette visite
« Pour justifier la rencontre de ses dirigeants avec Abdelmadjid Tebboune, président précédemment qualifié d’illégitime et de façade civile imposée par l’armée, le FFS dit que M. M. Aouchiche et Belacel ont demandé « au Président de la République » de prendre des « mesures fortes » dont, entre autres, « la libération des détenus et l’ouverture des champs médiatiques et politiques » », a réagi l’écrivain Amar Ingrachen.
Et de poursuivre : « Or, depuis au moins les années 80, des milliers de militants n’arrêtent pas de demander pacifiquement au pouvoir issu du coup d’État du CNRA de 1957 contre la Soummam de les laisser exercer la politique sereinement et librement, mais l’armée, véritable détentrice de tous les pouvoirs, a toujours répondu par la violence […] Aujourd’hui, deux dirigeants du FFS sont en train de nous dire qu’ils vont réaliser autour d’un café, avec la bénédiction d’un Tebboune qui peine à se convaincre lui-même, ce que des générations de militants n’ont pas pu arracher au prix de mille et un sacrifices ».
L’activiste Salim Chait a déclaré quant à lui : « Dès les premières heures du mouvement populaire, le FFS avait pris des positions réticentes, voire timides. Exceptées les quelques promenades de santé les jours de manifestation sur les boulevards d’Alger ou de Tizi Ouzou de quelques cadres dirigeants, l’engagement du parti aux côtés du peuple n’était pas total. Les élus locaux ou à l’assemblée nationale, continuaient à siéger, et certains ne se gênaient pas de s’afficher fièrement avec les walis lors des cérémonies ».
L’activiste estime que « le FFS a choisi d’aller au sens interdit de l’Histoire, à contre courant de la volonté populaire, souillant la mémoire de Hocine Ait Ahmed, de Si Lhafid Yaha, et tous ceux qui sont morts avant de voir l’avènement d’un Etat de droit ».
Le journaliste du quotidien algérien Liberté, Samir Lamari, suggère que « par respect à Hocine Ait Ahmed et ses fidèles compagnons, il vaut mieux mettre le FFS au musée de l’histoire ».
Pour Rachid At Ali Uqasi, directeur de la chaîne TQ5 Média, « la nouvelle direction du FFS est en train de faire exactement ce que les anciennes directions successives du FFS reprochaient jadis au RCD ». « Mais pourquoi refaire la même expérience qui n’a rien donné? N’est ce pas le RCD, du temps de Dr. Said Sadi, a tout essayé pour changer le système de l’intérieur ? », s’interroge-t-il.
Cette rencontre a également suscité la discorde entre les militants du parti. L’avocate Nabila Smail, élue démissionnaire à l’APW de Tizi Wezzu{Tizi Ouzou} a déclaré que « les deux membres accueillis par le président Tebboune ne représentent que leurs personnes, et non pas le FFS ». Elle a également précisé que lors du conseil national tenu par le parti la semaine dernière, il a été décidé du rejet de l’ensemble des institution du système algérien.
Plusieurs sections dudit parti ont dénoncé la rencontre et s’en désengagent, à l’instar de la section du FFS Illilten et celle du FFS France Nord.
Pour rappel, le 14 janvier dernier, les cadres du FFS ont rencontré les cadre du MSP, à leur tête, Abderrezak Makri. « Plusieurs points de convergence essentiels ont été trouvés« , a déclaré le mouvement Hamas.