Ni le Hirak ni le projet indépendantiste ne doivent nous diviser ! (par Mira Moknache)

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Arrêtons de faire saigner la Kabylie ! Le consensus s’impose face au risque d’une guerre civile en Kabylie. On a perdu le sens du politique, le sens de la démocratie, le sens du respect des autres et de Taqvaylit !

La Kabylie est devenue un terrain de lutte entre politiques. Une lutte par les insultes, les polémiques, les mensonges. Une lutte de clans au sein même des partis politiques, chaque clan essaye de salir l’autre. Personne ne semble penser à l’avenir de la Kabylie. L’individualisme s’est imposé comme maitre mot et chacun essaye de s’imposer pour lui.

D’un coté, existe une diabolisation de la Kabylie qui se fait par l’Etat algérien, à travers ses relais qui se lancent dans des campagnes d’anti-kabylisme, par des insultes, des accusations, des appels haineux, racistes et des projets « zéro kabyles ». D’un autre coté, une division entre les Kabyles, entre les partis politiques et au sein même des partis.

Où va-t-on avec toutes ces divisions, toutes ces positions ennemies qu’on prend les uns contre les autres ? Chacun a le droit de lutter pour une Algérie meilleure et/ou à l’avenir de la Kabylie !

Etre hirakiste, être pour une autonomie de la Kabylie ou pour son indépendance, être militant du RCD, du FFS, du PST, du PT, être du MAK, du RPK, de l’URK, d’AKAL ou autres, est un droit pour tout Kabyle. Personne n’a le droit d’insulter l’autre pour son appartenance politique. Chacun a le droit de porter un projet politique et de s’organiser politiquement. Chacun a la droit de penser sa Kabylie ou son Algérie et personne n’a le monopole de choisir pour la Kabylie !

Chacun a le droit de marcher, de porter des revendications dans le respect des libertés démocratiques. Chacun a le droit de sortir « vendredire ». Chacun a le droit de porter son drapeau. Chacun a le droit de porter des revendications démocratiques. Chacun a le droit de s’exprimer librement !

Ni le Hirak ni le projet indépendantiste ne doivent nous diviser !

Malgré toutes les critiques que je porte à l’égard du Hirak, je respecte ceux qui sortent marcher, ceux qui croient à la démocratie, ceux qui portent l’espoir d’une Algérie meilleure, d’une Algérie plurielle, d’une Algérie qui puisse unir les peuples dans leur diversité culturelle. Je respecte ceux qui voient la Kabylie autrement.

Ce n’est pas en ennemi que je porte l’idée de la Kabylie. Je porte l’idée d’une nation Kabyle dans une perspective qui puisse rassembler les Kabyles et non les diviser mais je répondrais à quiconque qui essaiera de me faire taire, en m’imposant politiquement et démocratiquement !
Personne n’a le droit d’imposer son projet politique aux autres. C’est par le jeu politique et démocratique que les choses doivent se faire !
De grâce respectons-nous, les Kabyles ont trop subi, la Kabylie a trop pleuré ses enfants !

La Kabylie qui a toujours été au devant des actions politiques, où l’éveil politique face au pouvoir illégitime et au danger des islamistes s’est imposé durant les législatives de 1992, faisant de la Kabylie une exception face à toute l’Algérie qui a voté FIS, la Kabylie qui a fait front devant l’armée des frontières, en 1963, qui a fait front en 1980 et en 1981, qui a subi un génocide en 2001, qui a su marcher comme un seul homme vers Alger le 14 juin 2001, la Kabylie qui a fait grève du cartable en 1994 pour imposer sa langue dans les écoles, cette Kabylie se retrouve aujourd’hui divisée et incapable de se retrouver comme dans toute l’histoire qu’elle a vécu.

Les Kabyles doivent penser à la Kabylie et à son avenir !

Le Hirak, cette vague déferlante qui s’impose durant les vendredis, doit être une source pour l’union et non la division ! Le Hirak qui s’impose en force, en Kabylie, à Vgayet, Sétif, Tuviret, Bordj Bou Arreridj, Boumerdes et Tizi Ouzou, qui a abouti à un suivi de grève générale réussi, un rejet de vote absolu durant la présidentielle et pour le référendum de la constitution, doit être pensé quant à son advenir, en Kabylie, la seule région qui a la force de mener les actions politiques !

Que fera la Kabylie face au rejet des législatives, des APC et des APW? Que fera la Kabylie face à cette crise politique, une impasse politique à laquelle on sera tous contraint de penser et d’y prendre part dans les débats ?
Le débat s’impose entre nous tous, faisons en sorte d’ouvrir les portes politiques et démocratiques pour qu’on puisse s’asseoir avec respect. Evitons de devoir passer par le sang afin d’arriver par la contrainte à devoir s’asseoir pour arrêter une guerre !

Mira Moknache, cadre du MAK