Le 08 mars revient chaque année et c’est toujours le même rituel. Le lendemain, c’est déjà de l’histoire ancienne et tout le monde fait semblant d’avoir fait une révolution. « La rivoulissiou » comme diraient nos anciens.
A-t-on le droit d’évoquer sérieusement la question lancinante de l’égalité homme/femme autrement que par le spectacle folklorique des vœux, des galas, des roses… qui, souvent, cachent bien des considérations aussi abaissantes à l’égard de la gent féminine que celles qu’éprouvent les islamistes et autres conservateurs de tous les patriarcats de toutes les sociétés. En effet, cette question est loin d’être circonscrite à une date dans le calendrier, encore moins à la condition de la femme, l’égalité étant le fondement essentiel de toute justice sociale et de tout État de droit or, ce dernier n’a de sens que dans l’énonciation et l’établissement précis de ses fondamentaux démocratiques, républicains, égalitaires et laïcs, autrement, sans ce socle, un « État de droit » n’est qu’un leurre sémantique, au mieux, un gouvernement de juges. C’est donc un combat de tous les jours, de toutes les femmes, mais aussi de tous les hommes et sous toutes les latitudes.
Cette mère des luttes ne peut être sincère et efficiente que si elle commence dans l’esprit aussi bien de l’homme que de la femme elle-même qui, souvent, est la première à en afficher des réticences, voire à entretenir et à perpétuer sa propre subordination. Aussi, il ne faut jamais perdre de vue ce fondement essentiel : ce ne sont jamais les muscles qui déterminent la citoyenneté, donc les droits et les devoirs, c’est l’esprit la vraie mesure de l’être humain et c’est l’égalité qui détermine la justesse, voire l’aboutissement d’une société. Ensuite, cette cause ne peut s’inviter réellement sur le terrain politique si, dans le quotidien et l’entourage immédiat de l’homme, l’asservissement de la femme se poursuit même sous des formes infimes.
À l’occasion de cette journée, je n’offre jamais de roses et je ne présente jamais de vœux aux femmes de mon entourage. Il y a de nombreuses autres occasions dans l’année pour de telles attentions. C’est triste et grave de considérer le 08 mars comme un prétexte pour festoyer, davantage comme un folklore par lequel on courtise la femme en tant qu’objet, cliente ou voix électorale. Ce moment dans l’année est une occasion pour s’arrêter et marquer une halte où le bilan des acquis et le constat du chemin qui reste à faire pour atteindre le stade de l’égalité absolue et effective, doivent être établis sans complaisance.