Djamel Azaim : la souffrance si elle était un individu (par Chait Salim)

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S’il est vrai que toutes les détentions sont arbitraires, celle de Djamel Azaim est absurde.

Ce jeune homme de 29 ans, originaire de Boghni dans la wilaya de Tizi Ouzou, est victime d’une injustice des plus absurdes qui soit.

Issu d’une famille modeste, Djamel est entré au Maroc dans l’objectif de rejoindre l’Europe dans une embarcation de fortune, dans un ultime acte de désespoir comme beaucoup de jeunes de son âge, mais il ne savait pas que ses déboires ne font que commencer. Il serait arrêté par les services de sécurité marocains et reconduit à la frontière où il sera confié aux services de sécurité algériens.

Djamel sera conduit dans un commissariat à Oran où il va subir des violences physiques à l’enceinte même du commissariat, par des flics sans foi ni loi. Les traces des sévices qu’il avait subi, étaient très visibles lorsque maitre Kader Houali lui rend visite la première à la maison d’arrêt de Draa El Mizan, où il sera placé sous mandat dépôt par le tribunal de la même ville, après qu’il ait été transféré du commissariat d’Oran sans qu’aucun médecin ne fasse un rapport sur les violences qu’il avait subies, nonobstant les incessantes demandes de son avocat.

Il sera jugé la première fois, le 9 février 2020 par le tribunal de Draa El Mizan, à trois ans de prison ferme et 50 000da d’amende. Le juge invoque le farfelu chef d’inculpation:  » atteinte aux préceptes de l’islam », en application de l’article 144-bis 2 du code pénal. Lors de sa garde vue, les policiers du commissariat d’Oran, feuille son téléphone et trouvent de drôles de pièces à conviction: des publications sur sa page Facebook où il exprimait ses opinions comme le ferait tout citoyen dans l’exercice naturel de sa liberté d’expression.

Mais dans le fond, cette accusation n’est qu’une vulgaire trouvaille du juge en charge de son dossier, puisque Djamel Azaim était condamné pour son appartenance au MAK qu’il n’avait pas nié lors de son interrogatoire. Un délit d’opinion assumé par les gardiens du temple, puisque son camarade, Lounes Hamzi,  est détenu à ce jour à la prison de Kolea pour le même motif.

Alors que des sanguinaires qui avaient reconnu publiquement avoir perpétré des crimes jouissent d’une totale liberté avec  une protection rapprochée des services de sécurité, Djamel Azaim qui n’a jamais fait de mal même à une mouche, est écroué comme un dangereux criminel pour avoir exprimé une opinion.

Drôle de destin pour ce jeune qui ne rêvait que de sortir sa famille de l’état précaire qu’elle vit, pour se retrouver dans les méandres de ses désillusions, renvoyant son rêve et celui de sa famille à nouvel ordre, et ce nouvel ordre dépend de la bonne volonté des nouveaux potentats et de la solidarité sélective des nouveaux militants des droits de l’Homme qui l’ont exclu honteusement de la liste des détenus d’opinion.

Djamel avait dit à son avocat, lors de sa dernière visite à la maison d’arrêt de Tizi Ouzou , qu’il assumait pleinement ses opinions, et que ses convictions n’ont pas pris une ride malgré la prison et les violences qu’on lui avait infligées.

Liberté pour Djamel Azaim et pour les autres détenus d’opinion.

Salim Chait