Cour de Vgayet : un juge traite un chrétien de « malade mental » en pleine audience (par Kader Sadji)

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Un juge traite le jeune chrétien orthodoxe d’Amizour, Abdelghani Mammeri (26 ans), de « malade mental » (marridh nafsi’), lors de son jugement en appel, mercredi 10 mars 2021, par la cour de Bejaïa. Cette grave insulte témoigne du mépris viscéral que les représentants des institutions officielles éprouvent envers les chrétiens.

Poursuivi abusivement pour « offense au Prophète » et « moquerie sur les préceptes religieux », Ghanou est en réalité jugé et condamné (6 de prison ferme) pour son appartenance à la foi religieuse chrétienne que le pouvoir combat par esprit d’intolérance religieuse, mais aussi pour appliquer le programme politico-idéologique des intégristes pour atténuer l’opposition de ces derniers à son égard.

Ce n’est pas la première fois qu’un sinistre homme de loi insulte un chrétien. Slimane Bouhafs, de Bouandas, a été traité par un procureur de naadjis (sale). C’était en 2016. Slimane a été, doit-on le rappeler, condamné rapidement à trois ans de prison ferme.

Cette haine des chrétiens est un sentiment dégradant, semée par le pouvoir dans les institutions officielles et l’esprit de nos concitoyen-n-es à travers l’école, les mass médias, la justice et le discours religieux extrémiste.

La corporation des avocats, dont nous devons exprimer notre sincère reconnaissance envers leur brave et historique soutien aux détenus et prévenus du Mouvement du 16-22 Février 2019, sont néanmoins très en-deçà des attentes quand il s’agit de défendre avec grande énergie la liberté de culte et de conscience. Elle reste encore une grande cause sans grands défenseurs.

Lors du procès en première instance de Ghanou, en décembre 2020 au tribunal d’Amizour, son avocat, au lieu de défendre le droit du prévenu de choisir sa religion en toute liberté, il l’a carrément mis en demeure d’abjurer (abandonner) publiquement, devant le juge, sa religion chrétienne tout en déclarant qu’il a décidé dorénavant d’embrasser la religion musulmane. En contrepartie de quoi, l’avocat lui obtiendrait son acquittement en comptant sur la clémence du juge. Ghanou s’en sortira au bout du procès avec 6 mois de prison ferme et 100 000 da d’amende !

Sommes-nous au XXIème siècle ou au Moyen Âge, à l’ère de la sanglante inquisition violemment prêchée par l’Eglise catholique européenne ? Pourquoi les consciences endormies de nos chers démocrates, hirakistes, intellectuels tardent-elles à s’éveiller de leur long sommeil ? Doit-on encore nous assassiner avec ce somnifère : « ce n’est pas le moment », pour justifier ce silence mortel face aux victimes de ce système qui brandit l’arme judiciaire pour anéantir tout ce qui ne cadre pas avec sa morbide idéologie officielle ?

Lors de son audience de mercredi 10 mars 2021, profitant du fait que le prévenu se soit    présenté seul, sans avocat (s) devant le juge, celui-ci le poignarda allègrement en ne lui laissant aucune chance de se défendre. La voix de l’accusé est étouffée par celle d’un juge sans conscience.

Que doit-on attendre en vérité d’une société que le système a façonnée à son image ?

Kader Sadji
repris depuis le compte Facebook de l’auteur