Il y avait grand scandale au tribunal de Bejaïa, lors du procès des 9 indépendantistes, prévu pour jeudi 18 mars 2021. Après avoir jugé toutes les autres affaires depuis la matinée, entre autres celle des 31 activistes, vers 14h, la juge ordonna brusquement à l’assistance d’évacuer la salle d’audience par respect, dira-t-elle, des mesures sanitaires. « Tous ceux qui n’ont pas de convocations doivent évacuer la salle », a-t-elle martelé.
Pourquoi cette soudaine mesure ? La juge voulait juger les indépendantistes, militants ou proches du MAK, sans la présence de membres de leurs familles et de leurs amis. Un jugement à huis clos qui ne dit pas son mot. Très grave. Pendant que l’évacuation de la salle se faisait sous une vive tension, le collectif d’avocats de la défense s’insurgea contre cette mesure. « Comment la juge va-t-elle rendre la justice au nom du peuple en excluant celui-ci ? C’est révoltant, inadmissible », s’offusque un avocat.
Le collectif décide alors de refuser de plaider dans un procès à huis clos et quitte la salle d’audience. Les 9 inculpés les suivirent. La protestation s’est poursuivie et le bâtonnier, Me Salim Khatri, s’en mêla et soutint le collectif.
A l’extérieur du tribunal, la révolte des amis des inculpés est grande. Ils exprimèrent leur colère par des chants qui excitèrent les très nombreux policiers antiémeutes mobilisés pour la circonstance. Ces derniers interviennent pour leur ordonner de se taire. « Arrêtez-nous si vous voulez, mais on s’en ira pas d’ici sans nos amis », cria un protestataire face aux flics déchaînés. Ces derniers les mirent dos au mur et les malmenèrent. La manche de la jacket de l’un des protestataires est violement déchiré par un policier. Un moment plus tard, plusieurs militants furent arrêtés et conduits au commissariat central.
Le collectif d’avocats, en plus du bâtonnier, se sont rendus au commissariat pour exiger leur libération, ce qui fut obtenu. Aucun PV n’a été dressé contre les personnes arrêtées.
Le procès est renvoyé pour le 1er avril prochain.
Il reste à déplorer l’absence d’une solidarité dans notre société. Les indépendantistes vont-ils continuer à être lâchement malmenés par la justice, la police dans une indécente indifférence, laquelle n’honore ni Bejaïa, ni sa population, ni ses militants. Et dire qu’on la considère comme la capitale de la révolte populaire contre le système. Soyons honnêtes et modestes : nous sommes encore loin de l’idée fausse et prétentieuse que l’on se fait de nous-mêmes.
Un militant indépendantiste est un militant comme un autre. Il a son projet politique dont on est libre de partager ou de contredire. Mais, on n’a aucunement le droit de se taire la cruelle injustice qui l’humilie et le broie.
Exprimons notre chaleureuse reconnaissance aux avocats de la défense pour leur engagement et combativité.
Kader Sadji
repris depuis le compte Facebook de l’auteur