Le premier roman en arabe algérien, derdja, vient d’être édité par les éditions Frantz Fanon, rapporte le journal Algérie cultures dans son article paru le 15 mars. Il s’agit d’une oeuvre du sociologue, chroniqueur et écrivain Rabeh Sebaa, écrite en transcriptions latines et intitulée « Fahla ».
Le roman évoque « les fausses valeurs religieuses érigées en dogme ». Un sujet que l’auteur a choisi d’aborder en langue algérienne, celle avec laquelle s’expriment les algériens dans leur quotidien.
Si aucun auteur ne s’est aventuré dans la rédaction d’un roman en Derdja, c’est parce qu’ils la considérèrent comme un dialecte. Un avis que ne partage pas l’enfant de Béchar, spécialiste de la Sociologie et de l’anthropologie linguistiques à l’université Oran 2.
« L’algérien n’est pas un arabe dégradé. Ou un arabe périphérique. Je ne le répèterai jamais assez, l’algérien est une langue à part entière » a confié le sociologue au journal Algérie cultures. Et d’ajouter : « L’algérien est une langue avec sa grammaire, sa syntaxe, sa sémantique et toute sa personnalité linguistique ».
En effet, l’auteur estime que la langue algérienne possède une personnalité linguistique. Il la considère comme « une personnalité historique qui a été injustement minorée pour des raisons idéologico-politiques », au même titre que « les langues de matrice amazighe » selon lui. Considérant ainsi le kabyles, le chawi, le M’zab etc, comme étant des langues à part entière.
Selon l’universitaire, il y a « une gangue à la fois mystificatrice et castratrice » qui ôte leur droit à l’algérien et aux langues amazighes leurs droits d’exister en tant que langue. « Au point d’incarcérer abusivement et arbitrairement des amazighiphones. Juste pour un délit de parole. Juste pour un Awal comme dirait Mouloud Mammeri » regrette-t-il.
Rabeh Sebaa est également journaliste, Docteur d’État en Sociologie et coordonnateur des enseignements d’anthropologie culturelle et d’anthropologie linguistique. Il est aussi responsable du projet « l’Algérie dans la Méditerranée » à la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Oran (Algérie).