On comprend mieux pourquoi le respect de la liberté de conscience est supprimée de la nouvelle Constitution que l’on nous a imposée le 1er novembre 2020. Les procès visant les libres penseurs à l’instar de l’islamologue Saïd Djabelkhir s’inscrivent dans cette optique : faire taire toute pensée critique. Et la suppression de la liberté de conscience est une nouvelle concession majeure faites aux islamistes.
Ce jeudi 1er avril 2021, ce dernier comparaîtra devant le juge au tribunal de Sidi M’hamed (Alger) pour répondre d’une accusation inquisitoriale : atteinte à la religion, aux préceptes de l’Islam et à des versets coraniques. « C’est la première fois qu’on poursuit un chercheur pour ses idées et son travail académique. » (Liberté 9 février 2021)
L’identité du plaignant est intrigante à première vue. Il s’agit d’un enseignant à l’université Djilali-Liabes de Sidi-Bel-Abbès, spécialiste en sécurité numérique. Non content de la plainte, il a appelé à travers sa page Facebook les Algériens à mener une large campagne contre l’islamologue. Il s’agit d’une incitation à la violence qui ne dit son nom.
Plus que ça. Les cinq avocats du plaignant se sont constitués…partie civile.
Question : comment un juge peut-il accepter une poursuite qui relève, déclare Djabelkhir, « strictement du débat académique ? » (Liberté 9 février 2021)
Si l’islamologue est poursuivi, c’est surtout en raison du fait contredit à travers ses nombreuses conférences « les tenants d’une lecture traditionnaliste [de l’Islam] qui prétendent détenir la vérité absolue dans l’interprétation des textes religieux. » (Liberté 26/27 février 2021)
Parlons maintenant solidarité. Lors de sa première comparution (reportée) du 25 février 2021, les intellectuels, enseignants, partis, société civile…ne se bousculaient pas au portillon du tribunal de Sidi M’hamed. Pourquoi cette désaffection ? Comment peut-on l’expliquer ? Pourquoi une telle indifférence ?
Y aura-t-il regain de solidarité ce jeudi 1er avril ? Espérons-le.
Kader Sadji
repris depuis le compte Facebook de l’auteur